Algérie - Revue de Presse


Deux hommes, deux manières de faire de l?opposition politique : Aït Ahmed depuis samedi parmi les siens après une absence de deux années pour redresser son parti en crise et Ahmed Ouyahia qui prend à partie Abdelaziz Belkhadem pour sa gestion de la crise économique et sociale. A l?aéroport d?Alger, l?émotion des militants du FFS n?était pas feinte, elle exprimait une admiration devant un des grands leaders du mouvement national algérien que la désillusion postindépendance a poussé à s?opposer frontalement à l?ensemble des régimes politiques qui se sont succédé depuis 1962. Aït Ahmed est convaincu que le drame de l?Algérie réside dans l?illégitimité de ses dispositifs constitutionnels et que la sortie de crise dans laquelle se débat l?Algérie réside dans la mise en place d?une constituante. Jamais écouté, Aït Ahmed s?est vu contraint de vivre en exil après une tentative en 1999 de briguer la présidentielle. Le FFS a été conduit à mener un incessant et harassant bras de fer avec les différents pouvoirs. Mais les coups reçus, l?usure du temps ou les méthodes de gestion interne ont fait précipiter le FFS dans une crise sérieuse. Des contestataires en arrivèrent à être bastonnés sur ordre de l?appareil du parti et Aït Ahmed les qualifia de « conspirateurs proches des services ». Pourtant figurent parmi eux des militants de 1963. Le dernier à claquer la porte du parti, Mustapha Bouhadef, ex-premier secrétaire, avoua ne rien comprendre à cette « situation kafkaïenne ». Les 6 et 7 septembre, Aït Ahmed devra user de tout son potentiel d?expérience et de militantisme pour redresser le parti et surtout lui donner un second souffle pour faire face aux difficiles batailles politiques à venir. Ahmed Ouyahia, lui, est loin d?être dans l?état d?esprit d?Aït Ahmed tant il est à son opposé en matière de positionnement politique. L?ex-chef du gouvernement a longuement présidé à la gestion du pays, se forgeant une image forte de gardien du système, fidèle aux décideurs mais impitoyable envers les gouvernés : ponction sur les salaires, licenciement en masse de travailleurs des entreprises dissoutes, emprisonnement massif de cadres, code pénal bis pour les journalistes, etc. Son éviction du poste de chef du gouvernement par Bouteflika ne l?amena pas, à l?opposé de Benbitour et Benflis, ses prédécesseurs, à entrer en conflit avec lui. Tout au contraire, son départ semble avoir renforcé son soutien au président de la République. Ahmed Ouyahia aime tirer sur les seconds et la cible choisie aujourd?hui est Abdelaziz Belkhadem, un allié pourtant au sein de l?Alliance présidentielle dont il aime dire qu?elle « se porte bien ». De surcroît, le chef du gouvernement ne fait qu?appliquer ? et avec constance ? le programme du président de la République. Toute une morale particulière donc chez le patron du RND dont le moins qu?on puisse dire est qu?elle n?emprunte rien aux valeurs de l?opposition démocratique, celles qui irriguent précisément le FFS et quelques autres partis politiques qui se battent pour changer le système.


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