Algérie

Face et revers



Face et revers
«La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres déjà essayés par le passé», disait Winston Churchill.S'il n'a pas complètement raison, le Premier ministre britannique n'a pas entièrement tort. La réflexion est toujours d'actualité, même si, selon les cas, elle présente quelques nuances et particularités.La démocratie est certainement le régime politique le moins liberticide et qui présente les meilleures garanties de justice et d'égalité, grâce à cette idée largement partagée -mais pas forcément juste- que le pouvoir est détenu par le peuple. La séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, la liberté d'expression, le respect de la règle de la majorité qui doit s'exprimer par la consultation du peuple, l'existence d'une constitution et son application sont adoptés comme principes garants de la démocratie. Assurément, «tous les autres [régimes] déjà essayés par le passé» ont fini par montrer le pas beau revers de la médaille qui, pour certains pays, a même éclipsé la belle façade. Mais de là à dire que la démocratie est le régime parfait, il y a un grand pas que ne franchiraient que les idéalistes, les naïfs et ceux à qui profite ce régime : la majorité «apparente». L'idéal démocratique n'est qu'illusion parce que les principes fondamentaux d'égalité, justice, liberté et pouvoir du peuple, portent en eux les tares de la démocratie. Car, la démocratie donne des droits et le pouvoir à une majorité qui s'est «exprimée», mais qui souvent n'est pas la majorité réelle. D'ailleurs, on lui oppose souvent celle qu'on nomme la «majorité silencieuse», au nom de laquelle tout le monde parle, surtout la majorité au pouvoir qui, forte de l'autorité factice que lui accorde la démocratie, pourra imposer son diktat à tous les autres «porte-paroles», voire leur interdire l'expression. Il en est ainsi en Algérie, comme ailleurs, où nous avons une Assemblée populaire nationale qui, bien qu'elle soit mal élue, vote des décisions engageant l'avenir, voire le devenir, du pays. Et en toute légalité, même si la légitimité est, elle, quelque peu écornée. Mais légitimité n'est pas légalité. Dès lors, tous les prétendus porte-paroles, représentants et autres personnes parlant «au nom de...», quelle que soit la légitimité dont ils se disent détenteurs, n'ont d'autre choix que de s'inscrire dans la légalité pour pouvoir prétendre détrôner la «majorité» aux commandes. Marcher dans la rue, avec ou sans autorisation, s'exprimer dans les colonnes d'un journal ou écumer les réseaux sociaux ne fait pas des actants les «élus» de la majorité silencieuse mais uniquement des «porte-paroles», qui s'ajouteront à tous les autres, et chacun peut soutenir la chose ou son contraire, «au nom de...». «La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres déjà essayés par le passé», car c'est le seul où le changement peut intervenir pacifiquement, pour peu que tous les acteurs, au pouvoir et dans l'opposition, respectent les règles du jeu démocratique, ce qui n'est pas du tout évident, d'où les tares de la démocratie.H. G.




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