Algérie

Face aux tensions budgétaires, le partenariat public-privé en Algérie comme solution à la crise '



L'UGTA et le patronat doivent s'est réuni hier, pour évaluer le pacte économique et social et entrevoir la dynamisation du partenariat public privé(PPP), après plus de 20 Triparties depuis plus de 20 ans avec des résultats mitigés et peu d'applications concrètes selon l'avis de la majorité des experts : toujours directement ou indirectement 98 à 97% des recettes en devises proviennent de Sonatrach.5.- Pour l'Algérie, force est de constater que le tissu économique du secteur privé constitué à plus de 97% d'entreprises de types familiales peu initiés au management stratégique en majorité des TPE rendent difficiles ce genre de partenariat. Pour des raisons historiques, l'entreprise publique conserve en 2017 encore, une supériorité de fait sur les sociétés privées n'étant souvent pas assujetties à l'obligation de résultats puisque l'Etat propriétaire la renfloue souvent financièrement en cas de difficultés (Cas Eel Hadjar ? SNVI). Encore que les grandes sociétés nationales en activités (Sonatrach, Sonelgaz, SNVI, Cosider etc.) coopèrent depuis longtemps déjà avec des sous-traitants privés strictement cantonnés à leurs périphéries, sans réelles possibilités d'interférer dans leurs stratégies.
En faisant une comparaison avec les pays voisins où le taux d'intégration est plus élevé par rapport à l'Algérie, des experts ont souligné lors du forum à El Moudjahid qu'en Tunisie, le nombre d'entreprises sous-traitantes représente 20% des entreprises industrielles (1.000 entreprises de sous-traitance parmi 5.000 entreprises industrielles), alors qu'au Maroc, le taux est de 28% (2.000 entreprises de sous-traitance sur 7.000 sociétés industrielles). Et que le secteur industriel représente actuellement 5% seulement du PIB, alors que les besoins exprimés en matière d'équipement industriel et de toute autre composante industrielle et de pièces de rechange sont globalement de 25 milliard de dollars.
Le nombre total d'entreprises algériennes activant dans la sous-traitance industrielle ne dépasse pas les 900 entreprises, soit 10% des entreprises du tissu industriel, le reste opérant soit dans le secteur commercial, la distribution, les services et le BTPH, selon le président du réseau des bourses de sous-traitance et de partenariat. Le nombre d'entreprises sous-traitantes recensées en Algérie sont des PME, voire de toutes petites entreprises (TPE) avec moins de 10 employés. Par ailleurs, la législation régissant les entreprises publiques économiques n'autorise ce type d'association qu'à condition que le partenaire privé adhère à la réglementation très restrictive qui régit le secteur public (soumission au code des marchés publics, possibilité d'être contrôlées à tous moments par la cour des comptes, l'IGF, les commissaires aux comptes et le ministère de tutelle) bloque ce genre de partenariat.
Il y aurait lieu d'autoriser les EPE et leurs filiales à entrer dans le capital social des sociétés privées de même que ces dernières pourront détenir une part des actions des entreprises publiques ainsi que de confier le management des entreprises à l'un comme à l'autre des détenteurs du capital social, supposant une modification des conseils d'administration selon les parts du capital social impliquant par là de revoir certains articles du code commerce et le droit privé. Une autre question souvent soulevée par des experts : quel est le niveau de capitalisation autorisé, et si le privé est majoritaire dans le capital social d'une entreprise publique, elle serait évidemment régie par le le statut de société privée avec toutes les implications juridiques sur son statut d'entreprise nationale dont le droit de regard sur la nomination des dirigeants, les injonctions des pouvoirs publics, l'astreinte au code des marchés et la pénalisation de l'acte de gestion.
Le PPP peut devenir un outil de financement alternatif, pour l'accélération et la multiplication des investissements d'infrastructures, l'amélioration de la qualité du service public, l'optimisation des coûts et délais de réalisation ainsi que le transfert du savoir faire. D'où l'urgence de la mise en place d'un cadre juridique et institutionnel clair pour une meilleure conduite des projets, impliquant le secteur privé dans toutes les étapes de préparation et de maturation des projets publics objets de PPP, tout en optant, dans une première étape, pour les petits projets pilotes et rentables afin de pouvoir mobiliser les financements nécessaires.
6.-La manne pétrolière a permis à l'Algérie d'effacer une énorme dette de consommation et d'engager des dépenses d'infrastructures jamais égalées. C'est un acquis pour le pays il faut le reconnaître. Mais ce modèle a atteint ses limites comme par le passé, devant se méfier de l'actuel programme d'industrialisation tout azimut des années 70 que certains voudraient remettre en vogue. Le schéma directeur «des industries industrialisantes» des années 70 est mort, étant bien placé puisque ayant été directeur d'Etudes au ministère de l'Industrie et de l'Energie entre 1974/1979.
Le schéma directeur de la production en substitution aux importations est frappé de désuétude, s'orientant vers un nouveau modèle de croissance mondial avec la quatrième révolution économique qui est irréversible entre 2018/2030. Il faut dorénavant miser sur l'investissement immatériel qui manque cruellement au pays. Sans cet investissement, l'Algérie peut investir autant de milliards de US$ sans connaître de développement voire régresser Il s'agit de réunir les conditions pour attirer les meilleurs cadres de la nation pour transformer notre diplomatie, notre administration et notre économie en moteur du développement.
La formation continue doit être généralisée à tous les niveaux et l'ordre de mérite devenir le levier de la promotion sociale Les expériences historiques montrent clairement que les richesses naturelles n'ont pas d'effet direct sur le niveau de développement et que l'on construit une société développée d'abord sur les valeurs morales L'Algérie doit impérativement recomposer ses valeurs et ses principes pour reconstruire une société moderne et ouverte à la culture et au développement économique, technique et social autour d'un projet de société qui donne espoir à une jeunesse désabusée.
D'où l'importance d'une gouvernance centrale et locale rénovée, fondée sur un système participatif et qui appelle aux compétences algériennes locales et celles établies à l'étranger. C'est ainsi que l'on donnera aux algériens l'envie de construire ensemble leur pays et d'y vivre dignement et harmonieusement, de rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions de la République, de préserver les libertés individuelles et consolider la cohésion sociale à laquelle je suis profondément attachée. Le grand problème pour l'Algérie est de s'adapter au grand défi de la mondialisation afin de construire une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.
Depuis des décennies tous les pouvoirs ont eu pour objectif l'après hydrocarbures. Après plus de 50 ans avec les dérivées 97% des recettes en devises proviennent toujours des hydrocarbures et ce faute de vision stratégique d'adaptation au nouveau monde, du fait de rigidités culturelles et politiques des tenants de la rente. Ces derniers qui propagent un discours soit disant nationaliste, voient l'ennemi extérieur partout, discours populistes d'une autre époque, auquel aucun algérien ne croit.
Or avec la forte consommation intérieure l'épuisement pour l'Algérie est dans moins de 10/15 ans, devant éviter de vivre éternellement sur l'illusion de la rente éternelle. D'où l'importance d'un nouveau modèle de consommation énergétique devant éviter l'erreur de fonder la stratégie sur un modèle de consommation énergétique linéaire.
7.-Toute Nation qui n'avance pas, en ce monde turbulent et instable en perpétuel mouvement recule et le temps presse pour redresser le bateau Algérie et l'éloigner de la zone de tempête que certains experts occidentaux lui prédisent. Pour cela nous devons procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation et dresser le cas échéant un constat d'échec pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale tels : éducation-formation, santé, stratégie industrielle réaliste, modernisation de l'agriculture, culture financière des acteurs économiques, efficacité de l'administration, relance et croissance des entreprises, réduction des déséquilibres régionaux et inégalités sociales, formation civique et politique de la jeunesse et tant d'autres domaine.
Je crois fermement, face à la nouvelle révolution économique qui s'annonce irréversible, que le peuple algérien a d'énormes ressources en lui-même et sera capable de réagir à l'instar d'autres peuples qui ont su conjuguer la modernité et leur authenticité, sous réserve d'un changement radical de type de gouvernance et en donnant le primat aux compétences, l'émancipation par le travail, loin des intérêts rentiers source d'immobilisme et de régression économique et sociale. J'ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés.
Pour cela, l'Algérie doit impérativement élaborer une stratégie d'adaptation avec réalisme qui sera l'?uvre des acteurs économiques, politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l'ancienne vision bureaucratique, de croire que des lois et des nouvelles organisations déconnectées des réalités locales et internationales, sont la solution miracle, alors qu'il s'agit de s'attaquer au fonctionnement de la société. J'ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés.
Pour cela, l'Algérie doit impérativement élaborer une stratégie d'adaptation avec réalisme qui sera l'?uvre des acteurs économiques, politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l'ancienne vision bureaucratique, de croire que des lois et des nouvelles organisations déconnectées des réalités locales et internationales, sont la solution miracle, alors qu'il s'agit de s'attaquer au fonctionnement de la société.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités expert international


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