Algérie

Face aux menaces de la corruption



Comment surveiller et protéger le secteur privé, face aux menaces de la corruption ' L'instauration de la bonne gouvernance est un des moyens pour y parvenir. Pour ce faire, il est essentiel d'identifier les manifestations de la corruption dans le secteur privé, leurs conséquences et leur impact, dont celui de détruire la libre concurrence.C'est un secteur où sévit la grande corruption, et l'actualité tant nationale qu'internationale récente en est abondamment chargée. Les solutions pour lutter contre la corruption dans ce secteur sont nombreuses. Quelques-unes sont évoquées ici : la prévention des fraudes dans les opérations d'achat, les règles de bonne conduite pour les entreprises et pour les employés, la réglementation de la pratique des cadeaux, etc.
Si l'économie de marché est consacrée partout dans le monde, la dynamique de la mondialisation à n'importe quel prix — dont celui de l'explosion de la corruption et de la délinquance financière — est de plus en plus décriée. Elle l'est à la fois par des ONG mais aussi par des gouvernements, au vu des conséquences dévastatrices qui peuvent survenir ici et là .
Le secteur privé domine très largement l'économie, face à un secteur public de plus en plus malmené. Mais il est souvent l'objet de pratiques de corruption, parfois à grande échelle, qui met à mal la transparence de son fonctionnement et dont les conséquences peuvent hypothéquer l'avenir économique d'un pays.
le rôle de la bonne gouvernance
La traditionnelle conception qui réduisait la raison d'être de l'entreprise privée à sa capacité à produire du profit cède aujourd'hui la place à une nouvelle approche où sa responsabilité s'étend à ses clients, à ses fournisseurs et à toute la communauté où elle exerce.
Dans ce contexte, le secteur privé peut assumer un rôle particulier dans la mise en place d'un système national d'intégrité d'un pays, non seulement là où les entreprises ont leur siège, mais aussi dans les marchés où elles opèrent.
Son implication croissante dans la production des biens et services essentiels lui confère une plus grande responsabilité dans la lutte contre la corruption, le monopole de l'Etat, auparavant en charge de la gestion de la plupart des services publics, n'étant plus exercé.
Aujourd'hui, le secteur privé est d'une certaine manière perçu comme faisant partie de la société civile.
Certes, en quête de bénéfices, les acteurs du secteur privé ne sont pas désintéressés, mais lorsqu'ils manifestent de l'intérêt pour des objectifs communautaires et sociaux et qu'ils forment des alliances avec d'autres, afin d'aboutir à un bénéfice public élargi, ils agissent comme des membres de la société civile.
C'est ainsi que le secteur privé et la société civile doivent rechercher des alliances dynamiques. On admet aujourd'hui que le devoir des entreprises de rendre compte de leurs responsabilités sociales est plus qu'une démarche souhaitable ; c'est une nécessité. Des normes de bonne gouvernance sont élaborées afin de fournir une plus grande protection, non seulement aux entreprises et à leurs actionnaires, mais à tous ceux à qui profite la réussite des entreprises, c'est-à-dire à tout citoyen. Les salariés qui soulèvent des questions d'intérêt général, survenant pendant leurs activités et que leurs employeurs s'efforcent souvent d'occulter, doivent être protégés. La protection des dénonciateurs de la corruption, en particulier, est de plus en plus reconnue pour son importance dans la promotion de l'intérêt de la collectivité.
Quelles manifestations '
Les activités du secteur privé se développent dans deux domaines distincts : les transactions avec le secteur public et celles qui ne relèvent que du secteur privé. Avec l'avancée à grands pas de la privatisation dans de nombreux pays dont l'Algérie, on comprend l'urgence et le bien-fondé de la lutte contre la corruption dans le secteur. Il s'agit de déployer des efforts résolus dans ces deux sphères.
La corruption d'agents publics est explicitement ou implicitement proscrite dans tout pays disposant d'un système judiciaire. Cela ne devrait jamais être une alternative envisageable pour les entreprises du secteur privé. Aucune distinction de principe n'est admise entre une commission généreuse accordée à un ministre ou à un haut fonctionnaire (grande corruption) et un faible pot-de-vin versé à un petit fonctionnaire (petite corruption).
La grande corruption vise à influencer les décideurs pour qu'ils penchent en faveur d'une entreprise au détriment d'une autre ou qu'ils privilégient un projet ou un achat par rapport aux autres alternatives.
La petite corruption qui concerne souvent les paiements de «graissage» ou de «facilitation» à des petits fonctionnaires (pour faire un travail pour lequel ils sont payés et que la compagnie est en droit de recevoir) est tout aussi nuisible au développement. Aucune raison valable ne peut justifier de la tolérer. La corruption dans le secteur privé est tout aussi désastreuse que la corruption dans le secteur public.
Certains pays ont des lois qui pénalisent explicitement l'acceptation par les employés de «commissions occultes» ou de «pourcentages». Beaucoup d'autres n'en ont pas, mais il est généralement admis que ce type d'agissements est fortement préjudiciable, voire criminel. Quand les services publics sont privatisés, surtout dans des situations de monopole ou de quasi-monopole, il faut faire preuve de vigilance.
La corruption dans le secteur privé s'étend à toutes les régions du monde et à tous les secteurs industriels. Elle s'internationalise avec la mondialisation de l'économie. Les comptes en banque à l'étranger servent de dépôts pour les commissions privées.Aucun type d'activité du secteur privé n'est épargné par la corruption.
La presse publie chaque jour des révélations sur des affaires de corruption dans lesquelles le secteur privé est étroitement impliqué.
Quel impact '
La pratique de la corruption pervertit l'environnement économique dans lequel se développe l'entreprise. Elle détruit la saine et libre concurrence et réduit ainsi les chances d'expansion du secteur privé. Le système des appels d'offres, souvent miné par la corruption est, dans son principe, un puissant levier de compétitivité. Par une mise en concurrence, l'acheteur d'entreprise récompense, par sa commande, la filière production-distribution- services la plus compétitive.
Les prix et les qualités s'améliorent et toute l'économie en tire bénéfice. La corruption sape les fondements de ce système. Pis encore, la corruption est souvent à l'origine de projets non prioritaires, voire inutiles. Leur programmation se fait en fonction de leur capacité à générer des commissions plutôt de leur utilité économique. Des entreprises du secteur privé se donnent bonne conscience en justifiant le versement de pots-de-vin par : la difficulté d'obtenir des contrats sans passer par cette voie ; le fait que tout le monde agit ainsi ; la préservation ou la création d'emplois. Cette argumentation est abusive et antiéconomique.
Les actes de corruption portent en eux des risques majeurs pour les entreprises qui les tolèrent. Afin d'occulter les paiements de pots-de-vin, les entreprises ont recours à une comptabilité truquée, des déclarations d'impôts mensongères et au versement de pourcentages à certains membres du personnel.
Elles cultivent ainsi une ambiance où le résultat financier justifie les activités frauduleuses, voire criminelles.
Tèt ou tard, la compagnie se retrouvera elle-même victime de comportements semblables de la part de ses employés.
Dans un environnement économique de plus en plus sévère, beaucoup de chefs d'entreprise s'interrogent : les entreprises «éthiques» peuvent-elles être compétitives dans des marchés corrompus '
La réponse est indiscutablement affirmative. La corruption ne peut jamais être un facteur de compétitivité soutenue, ne serait-ce que parce qu'une image de marque détériorée produit des retombées négatives. à l'inverse, une réputation d'intégrité contribue à l'amélioration des performances économiques.


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