Algérie

Face aux incertitudes des sondages Nicolas Sarkozy annonce sa candidature plus tôt que prévu



Face aux incertitudes des sondages Nicolas Sarkozy annonce sa candidature plus tôt que prévu
Etat des lieux d'une présidentielle où islamophobie et anti-immigration ont pris le dessus, comme pour exorciser la crise plurielle de la France. Après avoir envisagé de ne se déclarer qu'à la dernière minute, mi-mars, à peine plus d'un mois avant le premier tour, comme l'avait fait avec succès en 1988 l'ancien président socialiste François Mitterrand, Nicolas Sarkozy a dû changer sa stratégie et accélérer son calendrier.
Il vient d'annoncer officiellement sa candidature à sa succession. Au premier tour, quatre prétendants, le sortant, le candidat socialiste, la fille Le Pen et le centriste Bayrou. Au second tour, ça sera plus corsé avec soit un duel entre Sarkozy et Hollande, son adversaire socialiste, soit un remake de 2002, lorsque Le Pen père avait éliminé le premier ministre socialiste Jospin pour affronter au final Jacques Chirac. Avec 25% des intentions de vote au premier tour, le président sortant ne décolle pas dans les sondages. Il est encore donné largement distancé par Hollande (30%) et il reste menacé par la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (17,5%). Et au deuxième tour, le président sortant est sévèrement battu par le candidat socialiste (57,5%), selon la dernière enquête Ifop. Pourtant, Sarkozy aura tout fait pour élargir son électorat à l'extrême droite.
Esquissant les grandes lignes de son programme, il avait donné, la semaine dernière, le ton de sa nouvelle ligne : opposition au droit de vote des étrangers hors Union européenne, chasse à l'immigration du Sud et lutte contre les signes extérieurs de l'islam, au nom du primat de la civilisation judéo-chrétienne dont il promet de revêtir la France des Lumières et des droits de l'homme. Pour abonder dans sa nouvelle croisade, le fils d'immigré hongrois, qui a déclaré la guerre aux musulmans et aux Noirs, prône le retour aux valeurs de la famille traditionnelle dans une société, qui, dans ce domaine, a fait achever sa révolution. Il a aussitôt été accusé par ses adversaires de 'braconner sur les terres de la droite extrême'.
En voix, ce n'est pas grand-chose. Marine Le Pen, qui accuse le locataire de l'Elysée de pratiquer le copier-coller, l'a averti : son électorat préfère l'original après s'être égaré en 2007. Et François Hollande en a profité pour mieux marquer sa différence. Début de l'automne, personne en France ne voyait le candidat socialiste comme favori. Les choses ont cependant bien changé depuis. Son grand meeting de campagne au Bourget, il y a quelques semaines, et ses apparitions télévisées ont contribué à consolider encore l'image de Hollande dans l'électorat socialiste, sans pour autant le mettre à l'abri d'un revirement, relèvent des analystes qui insistent sur la volatilité de l'opinion française éperdue par une crise qui n'en finit pas. Hollande doit encore ramer pour capter d'autres voix qui, malgré leurs déceptions, considèrent que Sarkozy reste le candidat qui a le plus 'l'étoffe d'un président'. Malgré ses réserves, le gros de l'électorat estime que Sarkozy, fort de son expérience des dernières années, demeure mieux placé qu'Hollande pour faire face à la crise de la dette et veiller aux intérêts de la France. Le candidat cherche à en tirer profit en mettant en scène ses interventions à ce sujet, comme il le fait avec la chancelière allemande Angela Merkel. Il surfe sur ce registre ainsi que sur ses qualités indéniables de communicant.
Il tape sur la table, fait des sorties tonitruantes alors que son rival socialiste est plus lisse. Dans les réunions avec ses proches collaborateurs, le président sortant affiche une confiance sans limite en ses chances de réélection et exhorte son camp à ne faire donner que l'artillerie lourde. Sa confiance se conciliera-t-elle avec des sondages qui continuent de prédire son échec ' Les promesses de 2007 sont restées lettre morte, et le chômage en forte hausse a renforcé l'impression d'échec. Outre Sarkozy et Hollande, la fille de Jean-Marie Le Pen, récemment épinglée pour avoir participé en Autriche à un bal organisé par l'extrême droite, poursuit son chemin de croix pour adoucir l'image du Front national. Quant à l'immigration, c'est toujours le dada du FN mais avec, cependant, moins de virulence que le soldat Claude Guéant de Sarkozy, dont le dernier coup raciste est la comparaison des civilisations judéo-chrétienne et musulmane pour remettre à l'honneur la vieille idée du 'choc des civilisations', répandue par les néoconservateurs américains.
D. B
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