Algérie

FACE AU DÉFICIT ET AUX MULTIPLES ÉCHECS DANS LA LANGUE DE SHAKESPEARE Des enseignants anglo-saxons pour nos étudiants



FACE AU DÉFICIT ET AUX MULTIPLES ÉCHECS DANS LA LANGUE DE SHAKESPEARE Des enseignants anglo-saxons pour nos étudiants
Un avis d'appel d'offres international pour le recrutement d'enseignants étrangers sera lancé incessamment par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Les best-sellers de Shakespeare et les oeuvres de Molière risquent de ne plus trouver de lecteurs en Algérie. Pour cause, les résultats de l'enseignement de ces langues, (anglais et français), à l'Université algérienne sont «catastrophiques». Connue, jadis, pour son haut niveau de formation dans les langues étrangères, la faculté de Bouzaréah, Alger II, ne cesse de le voir dégringoler au fil des années. L'échec est patent. Le fiasco est admis. Les résultats en témoignent. 80% des étudiants de la 1re et 4e année de langue anglaise, échouent aux examens de fin d'année. C'est ce qu'a affirmé Abdelkader Henni, recteur de l'université de Bouzaréah dans une déclaration à L'Expression. Autrement dit, 20% seulement des étudiants de ces paliers ont pu tirer leur épingle du jeu lors de l'année universitaire 2010/2011. Qui dit 80% d'échecs, dit également 80% d'étudiants appelés à refaire l'année. Les résultats des étudiants des 2e et 3e années sont loin d'être honorables. Le taux de réussite n'a pas dépassé les 40%, pour la même période. Selon M. Henni, le département de langue française n'a pas échappé à cette vague «de l'analphabétisme linguistique». Ce département, selon lui, a enregistré entre 60 et 70% d'échecs, toutes classes incluses.
Le taux de réussite n'a, donc, pas atteint les 30%. Ce taux d'échec va certainement provoquer une surcharge des classes cette année. Le recteur de l'université s'est dit conscient de cette donnée. Il a même tiré la sonnette d'alarme en alertant sa tutelle. «J'ai établi un rapport détaillé sur la situation. Au ministère on est au courant. Nous allons nous retrouver avec une quarantaine de groupes, (de 35 à 40 étudiants), en 1er et 4e année anglais, alors que nos capacités ne dépassent pas une vingtaine de groupes», a-t-il expliqué.
Le même constat s'applique dans le département de langue française. Notons que ces chiffres incluent même les résultats des rattrapages. Maintenant que l'échec est patent, reste désormais à trouver les causes d'un tel désastre comme de mettre en place les mécanismes adéquats afin de trouver des solutions viables pour y remédier.
Sans aller par trente-six chemins, M. Henni fait endosser la responsabilité aux enseignants sans toutefois épargner les étudiants. Selon notre source, trois facteurs fondamentaux sont à l'origine de cette situation: l'enseignant, le programme et l'étudiant. Le reproche est fait aux méthodes d'enseignement. «Les enseignants sont appelés à revoir leurs méthodes d'enseignement de façon à mieux s'adapter aux nouveaux programmes», explique-t-il. Et d'insister sur le fait en priorité que la méthode d'enseignement doit impérativement être améliorée pour éviter le pire. Et les étudiants dans tout cela? M. Henni indique qu'ils ne sont pas mauvais, même s'ils sont loin d'être bons.
Explication: «Nos étudiants, qui ont été transférés, ont arraché (chacun) leurs diplômes comme major de promo dans d'autres universités», a-t-il soutenu. Et d'endosser clairement la responsabilité à l'Education nationale. «Les nouveaux bacheliers arrivent avec un niveau juste moyen. Ils manquent de base dans les classes inférieures.»
M. Henni souligne que l'orientation se fait sur la base des notes obtenues lors des examens du baccalauréat, alors que ceux-ci sont loin d'être une référence et ils ne reflètent pas le niveau réel des étudiants. C'est ainsi qu'il suggère l'introduction d'un test d'évaluation de langue avant d'affecter les nouveaux bacheliers vers la section de la langue de leur choix. La solution? Vu le manque flagrant d'enseignants et d'encadreurs, elle vient de l'étranger. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique envisage de lancer dans les prochains jours un avis d'appel d'offres international pour le recrutement d'enseignants étrangers de langues en anglais notamment.
Le Mesrs souhaite signer des conventions de coopération avec des écoles et universités étrangères spécialisées dans l'enseignement de l'anglais. D'une pierre deux coups: cette politique vise à combler le manque d'enseignants d'une part, élever le niveau aussi bien des enseignants locaux que des élèves d'autre part.
Le recours à la piste de l'enseignant étranger est motivé également par le déficit enregistré dans l'école doctorale. Selon les chiffres de M. Henni, 20 postes de post-graduation sont ouverts quasiment chaque année, alors que seulement 2 à 3 soutenances sont assurées chaque année. Décidément, on ne peut se passer de l'assistance étrangère...une autre forme de dépendance. Après la nourriture, les habits, voilà qu'on se dirige vers «l'importation» d'enseignants d'anglais! Clés en main!


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)