Au vu des prix sur le marché, et avec un SMIG de 12.000 dinars, certains
retraités touchant entre 6.000/8.000 dinars, sans compter les autres charges,
eau électricité, car une voiture est un rêve, il est de plus en plus difficile
pour la majorité des ménages algériens d'assurer l'équilibre nutritionnel
indispensable à l'équilibre du corps humain, car manger que du pain et du lait
expliquent en partie à la fois la faiblesse de la productivité du travail et la
consommation excessive de médicaments dont les importations ont dépassé, pour
2007/2008, plus de 1 milliard de dollars US, une des plus fortes consommation
par tête d'habitant du monde et que l'idéal serait un SMIG pour un ménage de
4/5 enfants au minimum de 36.000 dinars, soit trois fois le SMIG actuel. Pour
les couches moyennes en voie de disparition, que reste-t-il pour un professeur
d'université percevant 600/700 euros en fin de carrière après avoir payé
également les factures salées de l'électricité, et de l'eau, du téléphone,
l'essence et les réparations de la voiture, des intérêts s'il a contracté un
prêt.
Ce paradoxe, un Etat riche dû
essentiellement à un don de Dieu, les hydrocarbures, et non à la bonne
gouvernance, et une population de plus en plus pauvre où l'on brandit
régulièrement avec fierté devant la population, qui a une culture économique
faible, des réserves de change à la télévision officielle ENTV, qui ne comprend
pas qu'elle ne puisse pas en profiter immédiatement. Car, il est difficile
après l'erreur politique d'avoir triplé le salaire de certains hauts
fonctionnaires qui pourraient en partie s'expliquer mais pas ceux des députés
et sénateurs (25 fois le SMIG actuel) délaissant ceux qui produisent de la
valeur directement : les ingénieurs, cadres et ouvriers ou indirectement ceux
de l'éducation et de la santé, de demander à l'immense majorité un sacrifice,
d'autant plus que l'on assiste à une concentration excessive du revenu au
profit d'une minorité rentière non productrice de richesses.
Les tensions sociales sont
atténuées actuellement artificiellement grâce aux recettes des hydrocarbures
qui permettent des subventions pour la farine, la semoule et le lait et une
somme colossale des transferts sociaux représentant plus de 10 % du PIB (plus
de 10 milliards de dollars 2007/2008) mais mal gérés et mal ciblés qui ne
profitent pas toujours aux plus démunis, tensions sociales de plus en plus
criardes avec l'individualisation qui sont également atténuées par la crise du
logement qui renforce la solidarité familiale (même marmite, mêmes charges),
l'emprise de la sphère informelle qui sert de soupape de sécurité ainsi que les
emplois rentes (on fait et on refait les trottoirs).
Mais, il ne faut pas verser dans
la démagogie et le populisme, car un doublement du salaire dans la conjoncture
actuelle entraînerait une dérive inflationniste incontrôlable due à la faiblesse
de l'Etat régulateur, qui suppose des compétences marginalisées au profit de
rentes pour une soumission improductive, qu'il y a lieu de ne pas confondre
avec le tout Etat des années 1970, suicidaire pour le pays, solution de
facilité pour les bureaucrates en panne d'imagination, inflation qui
pénaliserait les plus pauvres. Aussi, l'augmentation devrait fluctuer, selon
mes calculs, entre 4.000/6.000 dinars lors de la prochaine tripartie, soit un
SMIG entre 16.000 et 18.000 dinars. Car au-delà de 20.000 dinars, et comme la
productivité du travail en Algérie, en moyenne, selon le rapport de l'OCDE
2007, étant une des plus faibles du monde, bon nombre d'entreprises ne
pourraient pas supporter cette hausse des salaires et se réfugieraient
inéluctablement dans la sphère informelle déjà florissante.
L'amélioration du pouvoir d'achat
et donc l'augmentation des salaires passe par une production soutenue hors
hydrocarbures, autonome de la section rente des hydrocarbures qui irrigue
l'ensemble de la société (richesses factice, 80 % des 5/6 % de taux de
croissance hors hydrocarbures de la comptabilité nationale dépendant des
hydrocarbures), ce qui renvoie fondamentalement à l'urgence d'une gouvernance
rénovée réhabilitant l'entreprise et son fondement le savoir, en fait
l'accélération de la réforme globale en panne, conciliant l'efficacité
économique et une profonde justice sociale dans le cadre des nouvelles
mutations mondiales, évitant l'utopie de l'isolement.
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Posté Le : 06/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abderrahamne Mebtoul
Source : www.lequotidien-oran.com