Algérie

Face à la crise en Europe: ArcelorMittal préfère investir en Algérie


Alors que le n°1 mondial de la sidérurgie a fermé plusieurs aciéries dans le monde, l'une des dernières en date, celle de Florange (Moselle), en France, en raison de la baisse de la demande, le groupe indien va renforcer sa présence en Algérie.

C'est en tout cas ce qu'a déclaré le PDG de la division Maghreb d'ArcelorMittal, Vincent Le Gouic, dans un entretien accordé à l'APS. Pour rappel, le groupe avait soufflé le chaud et le froid quant à une éventuelle cessation de paiement, dossier déposé auprès du tribunal d'El-Hadjar, après l'exigence de la Banque Extérieure d'Algérie de garanties nécessaires pour l'obtention d'une ligne de crédit de 14 mrds de dinars (140 M euros) demandées par ArcelorMittal Annaba. Devant l'intransigeance du côté algérien et l'implication du chef du gouvernement, le groupe a reculé dans sa volonté première avant de la nier complètement. En fin de compte, ArcelorMittal Annaba a bénéficié de sa ligne de crédit et, après un bras de fer de trois semaines, sur fond de contestations des travailleurs, la filiale du géant mondial de l'acier a fini par souscrire aux conditions de la BEA. Le PDG de la division Maghreb reconnaît l'apport de la BEA dans le règlement de ce litige qui n'a négligé aucun détail en termes de sécurisation de son offre avec un niveau de garanties demandées qui a surpris le groupe. L'accord conclu avec les deux parties prévoit de transformer la garantie internationale de 120 millions de dollars, exigée par la BEA pour le rachat de la dette d'ArcelorMittal auprès de la banque française «Société générale Algérie», en tranches d'augmentation de capital. Ainsi, en vertu d'un accord conclu le 10 janvier 2012 entre les deux parties, la BEA va racheter un crédit d'ArcelorMittal de 9 mrds de dinars (90 M euros) contracté auprès de Société Générale Algérie, sous forme d'un crédit relais sur six ans, en contrepartie d'une garantie internationale de 120 millions de dollars. Rappelons que le gouvernement avait donné, en septembre 2011, son feu vert à la reconduction du contrat de partenariat le liant à ArcelorMittal. Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'Investissement, Mohamed Benmeradi, avait alors estimé que le groupe indien devrait effectuer un «investissement complémentaire» pour augmenter sa production. Expliquant que c'est la seule société qui produit présentement de l'acier, en attendant d'autres investissements dans l'aciérie, le ministre a affirmé soutenir cet investissement poursuivi par ArcelorMittal. Le complexe sidérurgique d'El-Hadjar, propriété de l'Etat algérien, avait été acheté à 70% en octobre 2001 par l'indien Ispat, du groupe Mittal et les deux parties avaient alors conclu une convention d'investissement et de partenariat pour une période de 10 ans. Il emploie actuellement quelque 7.200 travailleurs et dispose d'une capacité théorique de production de 2 millions de tonnes d'acier liquide par an. Et c'est cet investissement qui sera financé par un prêt de la BEA, voulu sans garanties par ArcelorMittal, qui va lancer en Algérie un plan de développement, financé par augmentation de capital et fonds propres, destiné à augmenter ses capacités de production à 1,4 million de tonnes par an, contre moins d'un million actuellement, a précisé M. Le Gouic. Smaïn Kouadria, le SG du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Annaba, avait déjà évoqué ce programme d'investissement qui nécessiterait une enveloppe de plus de 500 millions d'euros et qui s'articule en deux phases distinctes. La première phase consistera à renouveler et à améliorer les équipements stratégiques de la filière fonte de l'usine de façon à amener le complexe à une production de 1,4 million de tonnes/an. «La remise en état du haut fourneau n°2 et un certain nombre d'améliorations de productivité permettront de porter la production à 4.000 tonnes de fonte liquide par jour, pour un coût de 90 millions d'euros. Alors qu'une remise en état de l'agglomération n°2, à travers des travaux de maintenance lourde, coûtera quelque 12 millions d'euros et que la rénovation complète de la cokerie a été évaluée à 90 millions d'euros», avait-il détaillé. La deuxième phase du plan consisterait à implanter sur le complexe d'El-Hadjar des installations qui porteront la capacité du complexe à 2,4 millions de tonnes par an pour un coût total de 300 millions d'euros. Pour M. Le Gouic, l'augmentation de la capacité de production du complexe d'El-Hadjar contribuera à couvrir la demande locale et réduire la facture d'importation. Quant aux challenges de la filiale algérienne, M. Le Gouic a répondu qu'ils sont axés sur deux objectifs importants, à savoir le lancement du nouveau plan d'investissement et le maintien «de la paix sociale» au niveau du complexe d'El-Hadjar. Une paix fortement malmenée après l'annonce du dépôt de bilan et les nombreuses grèves qui ont émaillé le quotidien du complexe. Quant à la prochaine concurrence dans le domaine, déjà annoncé par le ministre Mohamed Benmeradi, M. Le Gouic explique que son groupe subit déjà cette concurrence à travers les importations, notamment de rond à béton à partir de l'Europe du sud.


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