FACE-À-FACE OUYAHIA-GUIDOUM La fin des compromis

Cela aurait relevé de l'incroyable, voire inacceptable, naïveté de croire que le départ d'Ahmed Ouyahia du Premier ministère n'allait pas sonner le début de quelque chose pour ce dernier et, par ricochet, pour le RND. Quelque chose du genre à même de compromettre les ambitions à moyen terme de l'ex-Premier ministre.
Le mouvement que souhaitait voir naître, pour ne pas dire réclamé dans la plus grande urgence, l'ex-sénatrice et, entre autres fonctions, secrétaire générale de l'UNFA, Nouria Hafsi, lors d'une conférence de presse tenue à Alger en mars dernier, a fait du chemin et pris une forme qui tranche du tout au tout avec ce que certains pro-Ouyahia qualifiaient tout juste comme une nébuleuse que le temps allait vite étouffer pour la reléguer au rang d'une simple réaction de déçus de n'avoir pas fait partie des listes pour les législatives du mois de dernier, tant il était impensable que quelqu'un puisse trouver toute la témérité et le courage pour se mettre en travers du parcours que s'est tracé le chef et dont tout le monde connaît l'ambition finale : la présidence de la République. Bien sûr, des épreuves ont été imposées à Ouyahia et il a su s'en tirer, comme toujours, à bon compte, notamment la gestion de la «presque déconfiture» des élections de mai dernier, mais en parallèle, on ne désarmait pas d'arriver à l'objectif déclaré dès la toute première sortie publique d'une voix contradictoire à celle du patron du RND : dégommer Ahmed Ouyahia et faire du RND un parti réellement démocratique. Tout un programme, chimérique à en croire les conclusions de certaines analyses politiques, mais pas de quoi altérer la conviction des partis en guerre contre le privilégié trois fois chef de l'Exécutif, notamment à partir du moment où ce dernier devenait plus facilement atteignable, depuis que le président de la République a mis fin à ses fonctions de Premier ministre. Cette fonction, qui a été sans doute pour beaucoup dans sa capacité à traverser l'après-législatives et, surtout, dont il usait pour édicter des représailles contre les voix discordantes, comme l'accusait Nouria Hafsi lors de sa fameuse conférence de presse du mois de mars dernier, le point de départ du mouvement de redressement qui, après plusieurs mois de gestation, a commencé à prendre ses réelles formes au tout début du mois courant, lorsque parvenait l'information faisant état de la désignation de Yahia Guidoum pour présider à la coordination de ce mouvement. Cette nomination d'une personnalité comme Yahia Guidoum qui semble recueillir les suffrages même des neutres — tout le monde l'aura compris — est un choix stratégique destiné, entre autres, à convaincre les plus sceptiques, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du RND, particulièrement échaudés pour ne pas dire autre chose par le bras de fer sans fin qui mine la vie du FLN depuis de longs mois. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ceux qui veulent le scalp d'Ahmed Ouyahia en ont eu pour leur argent avec le contenu de la déclaration rendue publique avant-hier par le Mouvement de sauvegarde du parti, donc désormais chapeauté par l'ex-ministre de la Santé. Après avoir accusé son ex-chef de gouvernement de faire du parti un moyen de réaliser ses ambitions personnelles, et d'avoir privilégié l'opportunisme, la médiocrité et la corruption, puis endossé la perte de la place du RND sur l'échiquier politique, le signataire de la déclaration a lancé, en effet, un appel aux cadres et militants du RND, anciens moudjahidine, enfants de chouhada pour s'unir autour d'un seul objectif : «Récupérer le parti et unir une nouvelle direction. » Ainsi, dans tous les cas, l'issue des élections locales pour le RND prend les atours d'un atout majeur pour l'un et l'autre des deux camps quand arrivera le moment de s'expliquer. Et tout porte à croire qu'Ouyahia, au regard de son implication directe dans la campagne, veut doper les résultats du parti et disposer, ainsi, d'un argument de poids lorsqu'il faudra s'expliquer avec ses pourfendeurs.