Algérie

Extrême précarité à la cité Chaou : Un no man's land



Depuis la sinistre date de juillet 1996, où l'explosion simultanée de trois bombes au niveau de la cité Ahmed Chaou qui a fait une vingtaine de morts et une centaine de blessés et causé d'importants dégâts matériels, le décor n'a pas bougé. Plusieurs habitations restent d'ailleurs éventrées, rappelant un paysage de guerre à la « kaboulienne ». La conclusion des travaux d'expertise, entamés juste après le drame, a abouti à la réforme pure et simple de deux blocs touchés. Un processus d'indemnisation pour certains et de relogement pour d'autres n'a, au bout du compte, pas solutionné le problème de ces familles plongées dans la profondeur des marasmes vécus avant même que ne survienne cet événement dramatique. Selon un habitant rencontré sur place : « Le drame survenu il y a 12 ans de cela n'a fait en réalité qu'anticiper des solutions qui relèvent plus du palliatif et du conjoncturel que du réellement pensé dans la proportionnalité des besoins recensés », ajoutant par la même que « la plupart des foyers sinistrés abritaient des familles très nombreuses. Figurez-vous que sous le même toit, pouvaient y vivre 12, 13 âmes et parfois plus et de surcroît dans l'exiguïté la plus extrême ».Pour notre interlocuteur : « 80 millions de centimes ou un F3 à quelques lieues d'ici n'est pas la solution tout indiquée. On va tout simplement déplacer les mêmes problèmes ailleurs. C'est tout. » Ainsi plusieurs ménages bénéficiaires des différentes opérations de relogement se sont-ils vus, par nécessité et besoin, contraints de se partager les espaces. Nonobstant les résultats du Centre technique de la construction (CTC), les habitants récalcitrants ont procédé et de longue date à la reconstruction en briques rouges des façades éventrées qui à l'heure actuelle ne sont pas non recouvertes de ciment et donnent cette lugubre image de briques nues entreposées en mur de fortune. Les façades des cinq blocs qui forment ce quartier, nous dit-on, par ailleurs, n'ont pas été entretenues depuis les années 1980 !D'autres et des moindres ont fait pousser quelques « champignons » de bidonvilles juste à côté de chez-eux dans l'espoir de décrocher un jour une clé bien à soi. En dehors du cadre bâti, le cadre du vécu ne fait pas l'exception, il s'incarne dans le même « parfum » du temps. Des amas d'ordures jonchent un peu partout les arcanes de ce quartier, des fuites d'eaux usées sont parfois signalées... A quelques pas du quartier, se trouve la station du téléphérique où pendant la journée se déroulent des travaux pour la relance, en l'an on ne sait quand, des télécabines, alors que la nuit, l'endroit est un repaire de délinquants : boissons alcoolisées, consommation de drogue, rencontre de larrons... La rue du 19 Juin pour rejoindre Ouled Yaïche, longeant ces endroits, à des heures tardives, est à déconseiller.


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