Algérie

Extraits


- Des potes français du Maroc… «La relève est là. La cuvée 2010 le confirme. On y trouve Rachida Dati, élevée au grade de grand officier (le quatrième d’un ordre qui en compte cinq), au risque d’être une nouvelle fois cataloguée "VRP du Maroc" par la presse algérienne qui ne l’aime guère. Dans cette même fournée, élevée au grade de commandeur, Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro après avoir été le patron de TF1, et Jean-Philippe Pierre, conseiller pour les affaires politiques du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Ce dernier, qui ne perd pas une occasion de célébrer "le Maroc qui continue à avancer comme toujours calmement et paisiblement", n’a pas de motif d’être jaloux : tout juste monté sur le trône, Mohammed VI l’avait décoré lui aussi du Wissam alaouite. En 2011, c’est Manuel Valls, candidat malheureux à la primaire socialiste mais jeune pousse prometteuse de gauche, qui, lors d’une émouvante cérémonie, a reçu des mains de l’ambassadeur du Maroc en France, Mostafa Sahel, les insignes de commandeur du Wissam alaouite (…). Si Brice Hortefeux, fidèle entre les fidèles du président français, a été élevé en 2010 au grade du grand officier du Wissam alaouite, Nicolas Sarkozy ne l’est pas. Il a eu droit à mieux. En 2007, lors de sa première visite officielle au Maroc comme chef de l’Etat, Mohammed VI l’a décoré de l’Ordre de la souveraineté, réservé aux chefs d’Etat, aux membres de la famille royale, aux princes et aux princesses. La cérémonie avait eu lieu à Marrakech. Quant à DSK, fraîchement élu directeur général du FMI, il est devenu grand cordon du Wissam alaouite. Pour l’heure, celle qui lui a succédé à Washington, Christine Lagarde, n’est que grand officier.» PP.86-87.
- Marrakech héritière de Bangkok ' «Depuis 2005, les bas-fonds de la ville, mais aussi les riads repliés sur eux-mêmes, les palaces étoilés, les bars branchés, les night-clubs baroques, les restos chics, les résidences tapageuses et les villas cossues avec leurs vigiles sourcilleux, ont supplanté Bangkok, longtemps destination phare du terrorisme sexuel (…). A Marrakech la paisible, quel que soit le lieu de sortie, le sexe tarifié est omniprésent et les prix aussi variés que les prestations.» PP.61-62

«Partout à Marrakech, il suffit d’un regard de clients étrangers en quête de sexe facile pour que des jeunes proposent leurs services. Sauf qu’ils ont pour la plupart, entre 15 et 18 ans. Pire, une partie d’entre eux, selon une étude consacrée à la prostitution infantile, se retrouveraient sur le trottoir dès leur plus jeune âgé, en moyenne à 9 ans !» P. 65   

«L’étroitesse des liens politiques entre la France, dont les ressortissants fournissent une bonne part des visiteurs et le Maroc ne facilite pas le travail des personnes chargée de lutter contre le tourisme sexuel. Les récits de soirées pimentées mettant en cause des personnalités – comme l’a suggéré Luc Ferry – foisonnent à Kech (…).» P. 70

«Mais l’omerta demeure, et les autorités marocaines la respectent. Alex Hirt, un riche septuagénaire suisse aujourd’hui désargenté et malade, en sait quelque chose. Cet ancien dandy homosexuel, à qui une petite frappe a ravi le splendide riad et un terrain de plusieurs hectares de palmeraie, raconte au journaliste de passage les folles histoires qu’il a vécues durant des années à Marrakech. Comme celle de ce dîner privé offert par un styliste parisien dans l’un des restaurants les plus courus de la médina où un adolescent nu, porté sur un palanquin, a été offert aux convives en guise de dessert.»  P. 79.  
- Le palais royal en «SarkoZie» «Il fallait éteindre l’incendie. Le faire très vite avant qu’il ne se propage. L’incendie, c’était ce projet de créer à l’Assemblée nationale, à Paris, un groupe d’études sur le Sahara occidental. L’ambassadeur du Maroc en France à cette période, Fathallah Sijilmassi, savait qui était derrière  le député-maire communiste de Seine-Maritime, Jean-Paul Lecoq. Le diplomate ne l’avait jamais rencontré, et pour cause : comment imaginer qu’un ambassadeur puisse s’afficher avec un ennemi du Maroc ' Oui, le député français était un véritable ennemi du royaume. Un ennemi public, et de longue date. Il l’avait en quelque sorte revendiqué au début des années 1990, en jumelant sa ville de Gonfreville-l’Orcher avec un camp de réfugiés sahraouis installés dans la région de Tindouf, en Algérie. Créer un groupe d’études à l’Assemblée, c’était introduire le ver dans le fruit. Si on les laissait faire, le député-maire et ses amis ne s’en tiendraient pas là. Demain, ils iraient inviter des dirigeants du Polisario sur les bords de la Seine, à moins qu’ils n’aillent "enquêter" dans les "provinces du Sud", sur les prétendues atteintes aux droits de l’homme perpétrées par le Maroc et ses forces de sécurités (…)» PP. 114-115.

«La mobilisation marocaine a été couronnée de succès. Aujourd’hui, des groupes d’étude existent au Sénat ou à l’Assemblée nationale consacrés aux fruits et aux légumes, à la tauromachie et à la trufficulture, à l’Arctique et au Tibet, à la plasturgie et à la pêche. Mais aucun n’a été créé sur la Sahara occidental, alors qu’il s’agit du dernier dossier de décolonisation non réglé sur le continent africain (…)» PP. 116-117
- Rafales et TGV «Sarkozy sait depuis plusieurs semaines que la France a laissé échapper un contrat militaire. Et pas n’importe lequel. : la fourniture à l’armée de l’air marocaine de dix-huit Rafale, le dernier-né des avions de combat de Dassault. Un bijou de haute technologie, mais hors  prix et invendable à l’export. (…).
Six mois de bévues françaises à répétition avaient fait tout capoter. Et ce n’est pas la visite de trois jours du président français qui changerait la donne. Sarkozy le sait déjà : les Américains ont soufflé le marché aux Français (…). PP. 130- 131.

«Tout n’est pourtant pas sombre. S’il n’a pas décroché le gros lot, le président français sait qu’il ne va pas pour autant revenir bredouille de sa visite officielle. A défaut d’avions, c’est un navire que vont acheter les Marocains à la France.» P. 135.

«La signature à Marrakech du contrat pour la vente de la frégate atténuait le dépit de Nicolas Sarkozy. Elle ne le faisait pas disparaître. Il fallait apporter un autre scalp de cette visite officielle. Mais quoi ' (…). Tout le catalogue du "made in France" avait été épluché avant la visite. Jusqu’à cette idée saugrenue, mais plaisante qui allait être retenue et que Nicolas Sarkozy emporterait dans ses bagages : proposer à Rabat de construire au Maroc le premier TGV d’Afrique. Un TGV français, bien entendu.» P. 138.

*Les intertitres sont de la rédaction     Les auteurs - Ali Amar, Un des fondateurs de l’ancien hebdomadaire marocain indépendant, Le journal. Auteur antérieurement de Mohammed VI, le grand malentendu (Calmann-Lévy, 2009).

- Jean-Pierre Tuquoi, Ancien journaliste au Monde, il a consacré plusieurs ouvrages aux pays du Maghreb, dont Majesté, je dois beaucoup à votre père
(Albin Michel, 2006).   
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