Algérie

Expressions en mouvement



La charmante ville de Bayreuth, en Bavière, vient d’abriter durant trois jours un colloque international sur les transformations dans la littérature et le cinéma au Maghreb depuis 1990. Cette importante rencontre a été organisée par le Centre des études africaines de l’université de Bayreuth avec le soutien actif de YEDD, l’association d’amitié germano-algérienne, présidée par Mme Christine Belakhdar et basée à Berlin. La qualité des interventions a engendré des débats intenses et riches en échanges. Le premier jour a été dédié au cinéma. Verena Domberg de l’université de Bremen a essayé de situer le renouveau du cinéma algérien à partir des années quatre-vingt-dix. Pour elle, l’irruption de la violence dans l’espace public a généré une génération de cinéastes femmes qui ont fait de cette thématique des œuvres qui ont retenu l’attention par leurs qualités esthétiques. En écho, le grand sociologue marocain, Mohamed Dahan, trouve que le cinéma dans son pays reflète certaines évolutions sociopolitiques qui travaillent dans le sens de la neutralisation des îlots rétrogrades de la société. Fatima Zahra Blila et Moulay Driss El Maarouf ont abondé dans le même sens pour signaler l’apparition du personnage homosexuel, devenu presque récurrent dans le cinéma marocain. En conclusion, le jeune critique Mourad El Fahli a dressé un panorama exhaustif des films réalisés par les cinéastes maghrébins de la diaspora et leur contribution à l’enrichissement de la filmographie de leurs pays.
Le deuxième jour fut littéraire avec l’intéressante communication de Mohamed Lakhdar Mouagal sur la littérature de nostalgie. Ce dernier rappelle les trois âges de la littérature algérienne soit l’enchantement avec les pères fondateurs, le désenchantement avec la génération de l’indépendance et la nostalgie dans la période post-terrorisme. Cette nostalgie est l’inscription des nouveaux auteurs dans la mouvance de la république des lettres car la littérature peut faire évoluer la société dans le bon sens. Dans le même ordre d’idées, Ricarda Bienbeck de l’université de Bayreuth, a fait une analyse pertinente des identités vacillantes dans le roman Cette fille-là de Maissa Bey. Khadija Mohsine de l’université de Rabat relève la prédominance des thèmes liés au corps avec cette lente descente aux enfers de la féminité, malmenée par le machisme et les tabous. De son côté, Birgit Mertz- Baumgartner d’Insbrück remarque que les personnages féminins de certains romans, ayant subi les affres de la violence, remanient la langue et disloquent la syntaxe pour exprimer les traumatismes qui les habitent. Enfin, Mechthild Gilzmer de Berlin a retracé l’évolution de l’écriture féminine au Maroc depuis une dizaine d’années. Le dernier jour a été consacré à la culture et la langue amazighes. L’intervention de Aziz Kich de Rabat a tourné autour du passage de l’oral à l’écrit et les tergiversations qui persistent sur l’adoption d’un système de transcription standard. Hacène Halouane de Tizi Ouzou a évoqué les étapes qui ont conduit à la reconnaissance de cette langue et le dynamisme qui en découle. Mohand Akli Salhi, de la même université, a parlé de la richesse de la production littéraire en tamazight et le regain constaté pour la nouvelle écrite par les femmes.Pour clôturer ce colloque dédié à la création dans le Maghreb, le poète et écrivain algérien Habib Tengour a gratifié l’assistance d’une lecture poétique pleine de lyrisme et de mots salvateurs.
 


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