Exposition Images d’Algérie de Pierre Bourdieu

Le regard d’un ethnologue Après Alger et Constantine, l’exposition photos «Images d’Algérie» du sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002), qui était initialement prévue au Musée Zabana, se tient au Centre culturel français d’Oran du 14 au 29 Juin 2006.   L’exposition est consti-tuée d’une collection de quelque 150 photographies en noir et blanc prises sur le terrain par le sociologue Pierre Bourdieu au cours de ses recherches ethnologiques et sociologiques, entre 1957 et 1960, à un moment où l’Algérie connaissait les violences de la guerre de libération. Ces photographies serviront à l’intellectuel qui était très controversé par ses concitoyens de donner son regard personnel sur la réalité algérienne qui viendront conforter ses théories sur le monde social. Dans une Algérie où les villes fourmillaient de soldats, où les places publiques étaient ornées de statues glorifiant la colonisation, Pierre Bourdieu choisira de fixer son objectif sur le quotidien des populations «indigènes» dans les villes d’Alger, de Blida ou d’Orléansville, (aujourd’hui Chlef): artisans, marchands ambulants, passants ou badauds oisifs, et dans les campagnes de Kabylie; des photos qui pointent du doigt les tentatives de destruction des traditions et de déculturation d’un peuple colonisé. Dans ces photos surprenantes d’une femme voilée de haïk blanc conduisant un vélomoteur, telle autre faisant la causette sur un banc public à son compagnon plein d’attention ou l’atmosphère vaporeuse d’un estaminet de campagne. Ou encore dans le tracé géométrique des villages de huttes, regroupements de populations rurales qui rappelle étrangement des réserves sud africaines durant l’apartheid, et qui renseigne sur la volonté des autorités colonialistes à discipliner et dompter les populations des campagnes.