Dans cette exposition qui se déroule au Centre culturel algérien de Paris, plusieurs photographies et textes constituent le témoignage d’un appelé français en Algérie pendant la guerre de libération. À travers ces documents, Pierre Verbraeken livre ses souvenirs sur son expérience de 27 mois en Algérie.
Dans le cadre de la commémoration de la Révolution de Novembre 1954, le Centre culturel algérien de Paris organise une exposition de photographies et de textes qui constituent le témoignage d’un appelé français en Algérie pendant la guerre de Libération nationale. Il s’agit de Pierre Verbraeken qui explique dans un texte qu’il a fait partie des deux millions de jeunes Français appelés en Algérie de 1954 à 1962. Il livre ses souvenirs mais aussi des écrits qu’il a récoltés sur place.
Il a passé 27 mois en Algérie où il a vécu des événements majeurs de la guerre en témoin direct. Des années après, il “est resté dans son coin”, jusqu’au jour où sa petite-fille l’interroge sur la guerre d’Algérie.
Il prend alors conscience du devoir de transmission notamment après sa rencontre avec l’association des Anciens appelés d’Algérie contre la guerre. Il souhaite que son parcours soit utile à une meilleure connaissance de ce moment important dans la vie et la mémoire des hommes de sa génération. Au journaliste qui lui demandait un jour ce qu’il éprouvait en Algérie, Verbraeken répondit: “La surprise fut grande sur place de voir autant de militaires, de gendarmes et de policiers. Je n’avais jamais vu autant d’uniformes dans les rues. J’ai été aussi frappé par la grande pauvreté de la population.” Journaliste en temps de paix, le soldat eut le réflexe d’envoyer des documents et des photos à ses parents dans l’espoir que des confrères puissent les exploiter pour montrer la réalité de l’occupation coloniale et de l’action de l’armée française en Algérie. Mais son père se contentera de les lui garder et de les lui remettre après la guerre. Ils sont présentés justement à l’exposition du CCA par son épouse et l’association 4ACG, comme il l’avait fait lui-même au 50e anniversaire des Accords d’Évian. Les documents montrent des images inédites des activités militaires et politiques de l’époque.
Ils sont accompagnés de notes de présentation dont on peut citer: “Diffuser la vérité et révéler les mensonges”, “15 mai 1958, le tournant de la guerre: manipulations diverses et arrivée de de Gaulle”, “La guerre est aussi en France”. Dans une note intitulée “Opération de routine”, le jeune appelé est horrifié par l’assassinat d’un paysan “même pas suspect”, abattu froidement par un sergent qui lui tire dessus à 200 m. Un para lui raconte également qu’après la mort d’un “copain”, ils ont fait une descente: 39 morts et blessés. L’ex-journaliste, dont la vue est défaillante, est affecté au service de propagande. C’est à partir de ce poste qu’il observera le déroulement de la guerre, avec ses bouleversements et ses atrocités. Il découvre par ailleurs les manipulations des services français et les contre-vérités: “Je pense à cette photographie sur laquelle je pose près d’un ‘Vive la France’ que nous avions nous-mêmes inscrit sur un rocher en plein désert.”
Au journaliste qui lui demandait un jour pourquoi il apportait ces témoignages, Pierre Verbraeken répondit: “Je n’entends pas révéler beaucoup de choses sinon une réflexion. En tant que journaliste et par rapport à ce que l’on m’a fait faire là-bas, je souhaite travailler à diffuser la vérité et révéler les mensonges.” Pierre Verbraeken est décédé en octobre 2015. Son épouse et l’association 4ACG perpétuent son œuvre documentaire.
Photo: Pierre Verbraeken est décédé en octobre 2015. ©D. R.
Ali Bedrici
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Posté Le : 27/11/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ali Bedrici
Source : liberte-algerie.com du samedi 25 novembre 2017