Algérie

EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES JAPONAISES AU BASTION 23 Donner à voir l'invisible et le spirituel


EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES JAPONAISES AU BASTION 23 Donner à voir l'invisible et le spirituel
Une autre façon de voir le monde et de donner du sens aux choses du commun, voire de rajouter du sens au sens ou de réactualiser une idée par l'outil photographique. Mieux, il s'agit de produire des images picturales qui véhiculent un esthétisme nouveau.
Dans l'art contemporain du XXIe siècle, les photographes japonais sont passés maîtres dans la transfiguration et la spiritualisation de l'image. L'exposition organisée par l'ambassade du Japon, sous le haut patronage de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, nous rappelle fort à propos que les artistes du pays du Soleil levant ont depuis longtemps tiré profit de la liberté gagnée par l'expression artistique internationale. Intitulée «Counter-photography, Japan's Artists Today», cette exposition de photographies japonaises contemporaines est abritée par le Centre des arts et de la culture du Palais des raïs à Alger (Bastion 23), et ce, du 28 janvier au 18 février 2012. Lors du vernissage, M. Tsukasa Kawada, ambassadeur du Japon, a justement souligné que «la photographie est un moment précieux dans la vie». Plus encore, ajoute Son Excellence l'ambassadeur, «avec l'exposition d'aujourd'hui, le clivage entre photographie et peinture est rendu flou et ambigu». De ce point de vue, fait-il observer, «la photo n'est plus ce simple moyen de reproduction dont les Japonais étaient friands et si prolifiques. Aujourd'hui, ils ne pensent plus de la même manière et beaucoup s'intéressent à saisir ce qui existe ou se cache derrière la surface des objets qu'ils regardent».La présente exposition est donc l'occasion pour le public algérien de constater combien la vision et la pratique de l'art photographique au Japon ont été transformées. Cette manifestation culturelle fait partie, faut-il le rappeler, de la vingtaine d'expositions itinérantes à travers le monde, chacune étant dédiée à une forme d'art et de culture. Le tout relève de la Japan Foundation, un organisme créé en 1972 dans le but de mieux faire connaître la culture japonaise à l'étranger. Aujourd'hui, ils sont huit photographes à exposer leurs travaux et dont le thème commun est de vouloir saisir par l'objectif de leur appareil un monde invisible à l'œil nu. Une telle attitude reflète au demeurant l'approche traditionnelle de la vie, où tous les objets sont perçus par les Japonais comme ayant un aspect «spirituel ». Ici, les objets ont donc une âme, ils sont animés et la photo les rend vivants. Tout autant, ces artistes ont conscience que comprendre l'autre (l'être ou l'objet) passe par se comprendre soi-même, et chacun, bien sûr, avec ses propres méthodes d'expression et ses techniques. La spiritualisation par l'outil photographique, c'est aussi cet «esprit» unique dans chaque artiste, la méditation individuelle, le reflet de soi-même. Et c'est ainsi que l'art libre, l'idée de l'universalité de l'art contemporain se font un chemin avec, comme leitmotiv, de réfléchir et travailler sur le mystère de la vie et d'en découvrir les secrets. Révéler une autre réalité derrière le visible, c'est rêver devant des corps de lumière, c'est finalement découvrir le fameux voile de lumière qui laisse à voir quelque chose de magique. Dans cette exposition, il y a aussi deux façons d'explorer les apparences ou, si on préfère, deux approches aux êtres et aux choses. Dans la première catégorie d'artistes, ceux qui cherchent à saisir l'esprit (l'essence des choses), le style s'éloigne du langage conventionnel et voyage très loin dans l'abstrait. Ici, une pierre, un arbre, une plante... revêtent une autre apparence, une dimension insoupçonnée. Par exemple, chez Miho Akioka dont l'objectif met en valeur cet arbre doué de vie et qui coexiste avec le vent, l'ombre et la lumière. Ou encore Miyuki Ichikawa qui arrive à «capturer» des lumières et des couleurs invisibles à l'œil nu, grâce à certaines techniques de prise de vue. Quant à Chie Yasuda, elle aime photographier les coins sombres des vieux jardins botaniques et des musées, les plantes fanées... Toutes choses en apparence mortes ou détériorées mais qui comme par enchantement se mettent à vivre et à respirer. Donner à voir ces images «spirituelles» est donc un travail de création qui requiert une extrême sensibilité et une parfaite maîtrise de son art. Au Japon, ce style (une sorte de processus de «dissolution») est pourtant devenu courant chez beaucoup d'artistes. La deuxième catégorie de photographes présents par leurs travaux se distingue également par cet esprit de l'image. Ces artistes-là ont une approche plus sociale, ils dépeignent les relations interpersonnelles et cherchent à saisir la relation entre l'homme et la nature. A l'exemple de Tomoko Yoneda qui s'amuse à capter les murs en papier peint d'une chambre. Ou le papier peint comme trace du passage d'un locataire. Signe du temps qui passe...Ce focus sur la photographie japonaise contemporaine est à découvrir absolument. Cela rappelle à quel point la photographie (ce langage universel) fait partie, chez les Japonais, de cette culture du raffinement et de la spiritualité qui fait leur particularité. Surtout, ils ont su transformer cette technique en un art et une langue où ils s'expriment admirablement de nos jours.
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