Le centre culturel Mustapha Kateb à Alger accueille jusqu'au 16 décembre courant une imposante exposition collective d'artisanat algérien.Placée sous la houlette de l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, cette exposition collective-vente est organisée en hommage aux trois regrettés maîtres artisans disparus suite à la crise sanitaire de Covid-19.
Il s'agit du maître potier plasticien Mouloud Tebbiche, du doyen du cuivre El Hachemi Benmira et de l'artisane spécialisée dans la décoration sur bois Aldjia Bouzid.
Ainsi, l'ensemble de la surface hall du centre Culturel Mustapha Kateb est occupé par des tables et des vitrines sur lesquelles les exposants exhibent soigneusement des objets traditionnels du terroir. En effet, ils sont une vingtaine d'artisans, tous âges confondus, à venir exposer leurs produits et rencontrer leur public.
Les participants qui, pour la plupart sont des habitués des expositions et des salons, excellent dans différents domaines telles que la céramique, la poterie, les bijoux, la peinture sur verre, la maroquinerie, le tissage, la broderie et les cosmétiques. L'artiste Mohamed Boudjouher est un adepte de l'art du recyclage.
Il se plait à transformer le bois et le fer en objets d'art sculptés dans des formes usuelles et esthétiques à la fois. A travers un ensemble de luminaires, ce spécialiste de la récupération se fait un honneur de mettre en valeur l'esthétique des objets récupérés en leur donnant une nouvelle utilité.
En témoignent cette raquette de tennis transformée en horloge, cette vielleuse, avec comme support une vieille cafetière, cette horloge posée sur un socle en fer ou encore un trépied d'un appareil photo-caméra, surélevé par un globe lumineux. Mohamed Boudjouher dévoile également des tableaux où la récupération est là aussi omniprésente.
Le regard est attiré de loin par un tableau au bel encadrement, montrant un bateau. Au fur et à mesure que le visiteur s'approche de l'?uvre, il découvre qu'un cintre en bois renversé fait office de bateau. Pour sa part, Hocine Bazine est un expert du tapis berbère. Il dirige une jeune entreprise familiale, spécialisée dans le tissage des tapis.
Pour cette deuxième exposition, il dévoile des tapis aux dimensions variées et aux couleurs chatoyantes. Originaire de Ghardaia, Hocine Bazine a toujours tissé des tapis et ce, depuis sa plus jeune enfance. Sa grand-mère lui a appris les rudiments du métier, à commencer par la sélection des types de fibres de laine de moutons locaux en passant par la teinture d'une laine donnée.
De son côté, l'artisane Safia Lazib propose une vingtaine de châles élégants, en soie, richement travaillés aux fils multicolores, entièrement adaptables et très agréable à porter. Ces châles uniques, aux différentes couleurs de tissus, sont entièrement tissés à la main avec un fil assez fin, lui donnant une certaine légèreté.
La fondatrice de la maison «Création Safia», Safia Lazib nous confie qu'elle est dans le métier depuis 1976. Elle a formé, entre 1980 et 2005, des centaines de jeunes filles dans le tissage des châles. Elle a déjà participé à de nombreux salons et foires en Algérie et à l'étranger. Aujourd'hui, sa petite entreprise familiale est composée de huit personnes.
Il faut compter, nous dit-elle, un mois et demie pour aboutir à la pièce finale. Notre interlocutrice précise que le fil est certes disponible sur le marché national, mais la qualité laisse parfois à désirer. Elle est formelle : «C'est avec le tourisme que le métier des artisans pourra être boosté et apprécié à sa juste valeur», nous dit-elle. Assises côte à côte, une mère et sa fille exposent sur des tables différentes leurs créations. Mme Sabrine Mahiout est une artiste peintre sur tous supports depuis une quinzaine d'années.
Elle dévoile entre autres des abat-jours, des bonbonnières, des cendriers et des services à thé et à café. Elle avoue que les périodes propices aux grosses ventes sont les rendez-vous dédiés aux expositions et la saison estivale. Sa fille Nesrine Zerrouk présente des bijoux féminins en argent et en bronze à la fine pointe des tendances. Coup d'?il sur nos favoris du moment avec des prix défiant tout concurrence : Les bracelets torsadés dorés et argent, les bagues métalliques, les colliers multirangs, le tour de cou cristal doré, les boucles d'oreilles pendantes et avec cristaux rectangulaires et les bracelets. Toujours dans le registre des bijoux, Hanane Ould Ounoufhi se démarque, elle aussi, avec de belles créations.
Elle est détentrice, depuis douze ans, d'un petit atelier à Kouba. Elle aime travailler avec des pierres précieuses et semi-précieuses, donnant naissance à des bijoux modernes mais avec une touche traditionnelle. «Le marché commence à reprendre petit à petit. J'ai ma clientèle mais reconnaissons que nous sommes obligés de nous adapter au marché local» argue-t-elle. Azzeddine Chougui est un maître savonnier. Sa marque de fabrique est baptisée «Oretude, professionnel ALG». Il est également, depuis 2014, formateur et préparateur de produits cosmétiques.
Il expose toute une panoplie de produits, tels que la savonnette, le savon noir, les sels de bains, les argiles et les eaux de parfum. Il nous explique qu'il suit pas à pas la préparation d'un produit donné, à l'image du savon. «Je commence par l'eau de savon jusqu'aux huiles essentielles. Je cueille les poudres des plantes, je les sèche et les moule», révèle t-il.
Sa clientèle a tendance à s'agrandir lors des salons et des foires, mais depuis la crise sanitaire de la Covid-19, la vente se fait via le net. Azzeddine Chougui estime qu'il n'y a pas de fournisseurs réels mais virtuels. «Les fournisseurs virtuels augmentent le prix de la matière première. A titre d'exemple, la matière qui faisant 300 DA est proposé trois fois son prix. Ils prétextent le corona pour augmenter les prix », conclue t-il.
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Posté Le : 08/12/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nacima Chabani
Source : www.elwatan.com