Dès le 15 décembre 2017, jusqu'au 13 janvier 2018, les cimaises de la galerie des Ateliers Bouffées d'Art ont vibré sous les folles tonalités insolentes des peintres Rezki Zerarti, Moncef Guita, Noureddine Chegrane et Moussa Bourdine.Une soupente et un espace de plain-pied pour une cuvée artistique qui s'est mise à cheval la fin de l'année, et à l'orée de la nouvelle. De la bonne peinture en perspective avec des propositions farouches, émotives, tendres ou même affectueuses pour un public qui, cette fois, s'est régalé d'une ?uvre qui reste fidèle aux artistes présents mais qui propose un regard novateur sur les ?uvres présentées. D'abord le sémillant Zerarti Rezki qui s'attelle à déconstruire le tellurique, le primal. Entre peinture et sculpture, il nous impose ses symétries premières pour une élaboration qui puise ses sources et sa technique dans les profondeurs du substrat amazigh et africain. Beaucoup de personnes oublient qu'il est un des peintres fondateurs de l'art moderne algérien et qu'il compte beaucoup dans la sphère artistique algérienne par son originalité, son talent inné de manier la couleur fondamentale, les volumes aux expressions les plus subtiles entre expressionnisme naturel et symbolique inscrite au fin-fond de notre inconscient collectif. Il sera membre du groupe des « 35 » et d'«Aouchem », par son travail spirituel et concret, il reste emblématique d'une peinture algérienne qui sait aussi regarder dans son passé. Pour Moussa Bourdine, les empâtements généreux, les lignes discrètes et les techniques diversifiées pour dire la même chose, inspirer la préoccupation tranquille par un travail de dessin minutieux, empruntant différentes voies d'élaboration, en veillant à cette quai vénération du sujet, nous laisse un ensemble de peintures proposées par un éternel Bourdine à la lucidité toute parfaite qui compose, gratte, peint avec pudeur ses femmes courages, ses couples silencieux, et ses personnages qui, de par leur aspect fantomatique, laissent toujours la même impression de calme et de volupté. Toujours fidèles à ses sens, Bourdine reste le chef de file d'une sorte de classicisme conscient, fidèle à la peinture des fondateurs, au sommaire du dessin, des compositions, en format paysage, avides de donner d'autres questions à poser, le reste, est du talent à l'état pur. Les deux restants ne sont pas les plus jeunes, mais ils sont les plus turbulents, Noureddine Chegrane, sorcier insolent d'une couleur qu'il ne cesse de titiller pour en sortir les formes les plus inégales, les plus hétéroclites, mais qui demeurent un passeport créatif vers les contrées du signe qui parle plus qu'il n'évoque. Chegrane est devenu depuis longtemps un nom de la peinture, il rend ici l'essentiel de son inspiration, quelques ?uvres triturées et limpides sortent du lot, elles valent le détour. Le quatrième larron, ne s'en laisse pas conter, il s'appelle Moncef Guita, nous habitue à une forme d'art nette, précise et sans bavures. Et puis, il expose à l'orée de 2018, une série de travaux fulgurants, à la limite du violent, explosifs, la feuille d'or plonge farouchement ses éclats sur des surfaces accidentées, les volumes « parlent d'eux-mêmes, les formes florales sont vénéneuses, belles mais aussi dangereuses. L'acidité du propos ne passe pas inaperçue, et relève du privilège tant, Moncef Guita par ses accommodations habituelles nous a habitués à une forme d'art assez exclusive qui, pour cette fois, nous offre des expressions assez originales. Et très bonnes à découvrir par la force de ses évocations sur un lit de techniques très, très efficientes. Une semi-abstraction au lyrisme acidulé quoi nous sort des sentiers battus. Intéressante exposition, variations des thèmes et des approches, l'exposition reste encore visible quelques jours, à voir toutes sirènes hurlantes.
Exposition de peintures, Rezki Zerarti, Moncef Guita, Moussa Bourdine, Noureddine Chegrane, du 16 décembre 2017, aux Ateliers Bouffée d'Art, Résidence Sahraoui les Deux-Bassins, Ben-Aknoun-Alger- Entrée libre.
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Posté Le : 18/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Jaoudet Gassouma
Source : www.lnr-dz.com