Algérie

Exposition



Exposition
Vision ? «Reframe», ou «Recadrer», est l'intitulé de l'exposition qui se tient au niveau de l'esplanade de Riad-el-Feth.L'exposition est une performance créatrice, faisant appel à la subtilité imaginative des artistes participants. Son originalité, c'est qu'elle invite neuf artistes ? trois de trois pays différents, l'Algérie, la Turquie et la Grande-Bretagne ? à donner, voire à illustrer leur vision de l'Europe, à travers le 9e art, c'est-à-dire celui de la bande dessinée. Une vision personnelle, plutôt subjective, mais ancrée dans le vécu. En effet, chaque artiste ? à l'instar de Sofiane Belaskri, Mahmoud Benameur et Soumeya Ouarezki (Algérie), Naz Tansel, Murat Mihçioglu et Cem Ozuduru (Turquie), Hannah Berry, Daniel Locke et Ilya (Royaume-Uni) ? raconte en dessin et selon son propre style et sa propre sensibilité une histoire courte (ils sont limités à deux planches). C'est donner son point de vue par rapport à l'Europe, une Europe différemment approchée, interprétée, commentée.Chaque dessin, donc chaque histoire explore les dynamiques culturelles, sociales et politiques entre l'Europe et les pays participants. C'est ainsi que du côté Algérie, Sofiane Belaskri, un jeune talent, illustre le phénomène des harragas, une réalité quotidienne en Algérie. Il raconte cette jeunesse par l'Europe, considérée non plus comme un continent, mais comme un pays, la terre promise, l'Eldorado.«Doit-on éviter d'en parler parce que beaucoup de gens avant nous en ont fait leur fonds de commerce ' Non, la sincérité parle à celui qui sait voir», dit Sofiane Belaskri. Hannah Berry, une jeune bédéiste britannique, exprime, à travers son travail, le besoin d'appartenir à l'Europe en tant que continent et, surtout, en tant qu'Union à part entière ? là, il est sous-entendu la zone euro. Le Royaume-Uni, attaché à sa monnaie et défendant son économie, reste frileux quant à son adhésion à la zone euro.«Je me sens incluse dans le continent européen. Je suis concernée par l'Europe», dit-elle. Et même si le débat persiste en Grande-Bretagne, à savoir si le Royaume-Uni doit intégrer la zone euro ou pas, Hannah Berry estime que «les politiques et l'ensemble de la société britannique doivent envisager le Royaume-Uni au pluriel et non plus en tant qu'entité individuelle», c'est-à-dire comme un pays faisant partie de l'Europe et non pas comme un pays à part, séparé de l'ensemble. Dans son travail, elle présente une famille roulant dans une voiture : le père, autoritaire, conduit le véhicule. Toutes les décisions lui reviennent quant à prendre telle ou telle autre direction. Il symbolise l'autorité politique, la classe des décideurs. La mère, quant elle, représente la société, cette partie de la population qui, malgré son opinion, se conforme à l'avis de son mari. Concernant les enfants, ils représentent la nouvelle génération, celle qui aspire aux changements et au rapprochement. Ici, dans le travail qu'a réalisé Hannah Berry avec un certain sens de l'humour, la voiture revêt une portée métaphorique, elle fait allusion de la société britannique dans la diversité et la contradiction de son comportement. L'exposition explore le rôle que la bande dessinée peut jouer dans le débat sur la liberté d'expression, les droits de l'Homme et les attitudes des uns comme les comportements des autres vis-à-vis l'Europe.Canan Marasligil, l'une des commissaires de l'exposition, dit à propos de ce projet : « L'objectif consiste à changer les mentalités, à ce que les Européens fassent preuve de plus d'ouverture d'esprit sur eux-mêmes et aussi sur les autres.»En effet, l'Europe s'enferme de plus en plus sur elle-même, elle s'érige en forteresse impénétrable, les mentalités et les positions se radicalisent envers notamment les étrangers. La preuve : Sofiane Belaskri qui fait partie de l'exposition s'est vu refuser un visa d'entrée au Royaume-Uni pour participer à cette exposition qui a été présentée au mois d'octobre 2013. Mahmoud Benameur et Soumeya Ouarezki déplorent cette réalité. «Il y a un problème de frontière. C'est difficile de la traverser. L'Europe se protège, se fortifie. L'on assiste à la difficulté d'intégrer ce continent, d'y circuler même en tant qu'artiste», regrettent-ils.Après Londres, Alger, l'exposition, qui est soutenue en Algérie par le Festival international de la bande dessinée d'Alger, s'envolera pour Istanbul(17 et 18 février), elle sera également présentée à Bruxelles où un débat sera engagé sur ce sujet devant les parlementaires européens afin de sensibiliser les politiques sur le rôle de la culture pour une meilleure compréhension d'abord de soi et, ensuite, des peuples et des sociétés étrangères.En marge de cette exposition qui explore le rôle de la BD dans la communication interculturelle, il y aura une série d'ateliers organisés dans les écoles et académies locales.




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