Algérie

Exporter oui! Mais avec quelle industrie'



«Le constat reste amer!». C'est le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, qui a eu ces mots, mercredi dernier, pour déplorer la persistance de notre dépendance aux hydrocarbures «malgré, dit-il, tous les efforts consentis par l'Etat depuis plus d'une décennie et toutes les facilitations mises en place pour encourager les exportations (hors hydrocarbures Ndlr)». Précisons que ce constat d'échec officiel a eu lieu en marge du lancement du programme de création de consortiums d'exportation. On reste dubitatifs devant une telle candeur ministérielle. Exporter! Oui mais, avec quelle industrie' Benmeradi y a répondu, mais en termes sibyllins. «Le contexte mondial nous oblige à repenser la logique de fonctionnement et de développement de notre industrie pour faire face aux défis que nous impose la situation économique internationale», a-t-il seulement ajouté. Allons-nous passer notre vie à penser et à réfléchir aux solutions de problèmes que nous traînons depuis toujours' Quand cessera cette réflexion' Quand passerons-nous à l'action' L'état des lieux est vite fait. On ne peut pas exporter quand l'industrie est embryonnaire. Des industriels algériens de l'agroalimentaire ont réussi à placer leurs produits même aux Etats-Unis et au Canada. Potentiellement c'est tout. Dire que c'est la faute à la qualité, la performance de nos produits c'est vrai et faux à la fois. C'est vrai qu'il faut accompagner les producteurs dans l'incontournable mise à niveau. C'est également faux car c'est l'absence d'industrie qui ne permet pas l'exportation. A la vérité, il faut impérativement ajouter la quantité à cette qualité qui prend des allures d'alibi. Il fut question, il y a quelques années, de mise en place d'une stratégie industrielle. Puis plus rien. Maintenant, nous apprenons qu'il «faut repenser notre industrie». Mettons de côté les IDE puisque nous savons qu'ils ne viendront pas. Arrêtons de croire à une génération spontanée d'entrepreneurs et de capitaines d'industrie. Partant de ces certitudes, une seule voie reste possible: celle d'une forte implication de l'Etat dans des projets publics privés. Mais avant, il s'agit de recenser toutes les «niches» industrielles possibles. Ils sont énumérés dans la longue liste de nos produits importés. Ce qui devrait permettre l'établissement d'une carte industrielle assez précise. Sa répartition géographique dépendra de la spécificité des productions industrielles. Ces précieuses données peuvent donner naissance à un listing des projets éligibles à l'investissement. Que ce soit pour l'Ansej ou l'Andi ou tout autre organisme de facilitation, la règle doit être inamovible. Tous les projets doivent répondre aux besoins recensés. Pour en finir avec les J5 et autres métiers du transport ainsi qu'avec les fast-foods. Qu'est-ce qui empêcherait l'Ansej de financer la part d'un jeune, de formation supérieure, qui voudrait s'intégrer dans un projet prioritaire en partenariat avec un organisme public' Un partenariat qui serait une rampe de lancement pour ce jeune à qui seront cédées les actions publiques après un accompagnement à définir dans le temps. Un temps au cours duquel il aura été dispensé des tracas de la phase de lancement. Au cours duquel il se formera. On peut, pour faire simple, dire que nous ne sommes pas loin de la formule location-vente adaptée aux projets industriels. Selon, bien sûr, une cartographie précise, répétons-le. Et des modalités d'application à mettre en place. C'est aussi dans l'esprit de la stratégie adoptée dans l'agriculture et qui donne ses fruits. C'est surtout pour ne pas rester à «repenser notre industrie» l'éternité durant.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)