Algérie

Exportations hors hydrocarbures : Des entreprises à la traîne



Exportations hors hydrocarbures : Des entreprises à la traîne
Photo : Makine F. Pourquoi les exportations algériennes hors hydrocarbures peinent-elles à atteindre le niveau souhaité dans notre pays ' C'est ce que proposait le Forum d'El Moudjahid à  travers une table ronde sur la question. Mais chacun est allé de son inusable rengaine. Ce ne sont pas les griefs qui manquent pour les uns et les autres. La disponibilité d'une «réelle volonté des pouvoirs publics de l'encourager», le caractère «inopérant des diverses  incitations». Ou encore l'argument des PME  qui «ne sont pas préparées à  cette mission…».Le représentant de l'Association des exportateurs, Anexal a  été le plus pessimiste quand il dira d'emblée que «cela fait des lustres» que l'on parle, dans les séminaires et colloques, de ce genre de dossiers mais «point de concret».Ainsi, on est passé des deux milliards de dollars de produits exportés dans les années 70 à  un milliard aujourd'hui. Pis encore, cela «représente dix millions seulement si l'on intègre le niveau d'inflation». Résultat, la plupart des exportateurs «se sont reconvertis en importateurs», souligne-t-il comme pour tirer la sonnette d'alarme. «C'est plus facile et surtout plus lucratif» car exporter est «un véritable casse-tête dans le contexte actuel».M. Benslim Zouheir ne donne pas d'indications précises sur le nombre de reconversions mais étaye son argumentaire à  partir de l'expérience de son groupe qui est passé de 280 agents à  40 actuellement.Pour le DG d'Anexal, il n'y a pas de doute que c'est la disponibilité des ressources financières qui met à  l'aise les pouvoirs publics. Ceux-ci  n'y  penseront (à l'exportation) que lorsqu'il n'y aura plus de sous», conclut-il.On estime qu'il y a actuellement 400 entreprises versées dans l'acte d'exportation, mais 10% en assurent  les 70% des montants, près des deux tiers.Le débat est resté dans ces généralités autour des avantages fiscaux, facilités  douanières …. Selon un cadre de la direction générale des Impôts, on ne peut pas dire qu'il n'y a pas de mesures dans ce sens.LA LOI DE FINANCES POUR 2011 ENCOURAGE «LES OPÉRATIONS GÉNÉRATRICES DE DEVISES»A titre d'illustration, il cite la décision tendant à  exonérer d'impôt les entreprises et ce d'une manière définitive sur leurs bénéfices alors que cet avantage était temporaire jusque-là. De plus, la loi de finances pour 2011, en son article 10, souligne-t-il, a introduit un article précisant clairement que «toute entreprise générant des devises (qu'elle soit dans la production ou les services) est exonérée d'impôts». Il est vrai que les entreprises rencontrent sur un autre plan un problème lors de la récupération de la TVA (payée lors de leurs achats) lorsqu'elles font une opération d'exportation à  partir de ces produits. L'explication vient certainement du «démembrement de la DGI», allusion à  sa restructuration, nous dit M. Bensaci, président du Conseil consultatif de la PME-PMI. Il parle de «dix millions DA de créances dues par ces entreprises qui ne sont pas honorées».Pour un exportateur, à  part ce problème, «on est en phase avec la DG des impôts» qui suit bien apparemment ces dossiers. Côté potentiel d'exportation, il n'y a pas de léthargie pour certains. Une entreprise privée (une première, nous dit-on) va faire une bonne exportation de 200 millions de dollars de sucre. «Avec dix entreprises pareilles, on peut atteindre notre objectif de 2 milliards de dollars», ajoute un exportateur.Cela dit, les exportateurs veulent trouver une vraie solution  tout de  même à  certains  problèmes «d'externalisation de nos banques» pour leur accompagnement  à  l'exportation surtout sur certains marchés de l'Afrique subsaharienne où «il y a un fort potentiel pour nous», ajoute un exportateur. Autre question à  prendre en charge, le délai de rapatriement des devises. La  pratique a montré que des pays, comme Cuba, exigent des délais de paiement de 360 jours alors que la réglementation algérienne exige 120 jours seulement. Mais ce dernier écueil est pris en charge dans la mesure où, explique M. Tariket, le PDG  de la CAGEX (Compagnie algérienne de garantie des exportations) «la Banque d'Algérie parle de la possibilité d'extension de ce délai à  la demande des entreprises». Pour M. Tariket, la compagnie qui a été créée justement en tant que l'un des dispositifs de soutien à  l'exportation est là pour aider nos opérateurs à  aller «de plus en plus vers des marchés à  risques» et les prémunir contre l'insolvabilité. Fait nouveau, la concurrence les pousse vers de nouveaux marchés, en Afrique, en Asie et dans le Monde arabe.Le patron de la CAGEX met en garde les entreprises s'aventurant seules car plusieurs pays constituent un risque avec «des créances difficilement recouvrables surtout lorsqu'elles sont anciennes», dit-il.Pour éviter des impayés, la compagnie a recours à  son réseau qui lui permet de «recouvrer la créances où qu'elles se trouvent» citant en exemple des opérations récentes en Argentine, en Europe et dans certains pays africains.Pour M. Bennini, le PDG de l'agence de promotion des exportations hors hydrocarbures, l'Etat a mis en place tout un dispositif dans ce sens, le débat sur le sujet est «récurrent» expliquant les défaillances tantôt par la structure de notre économie, dès l'indépendance, la crise, la détérioration du tissu industriel pendant les années 80 pour fonder des espoirs enfin sur la nouvelle stratégie industrielle qui sera peut-être la locomotive de la croissance et la création de pôles de PME capables d'exporter.


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