Comment réduire la facture des importations, favoriser le large accès des malades au traitement à prix décent... ' C'est à cette problématique complexe que tentent de répondre les professionnels de la santé et les pouvoirs publics. La nouvelle loi sur la santé a-t-elle apporté toutes les réponses '"L'activité pharmaceutique est ?mieux' prise en charge par la nouvelle loi sur la santé en intégrant la ?plupart' des attentes de la corporation", ont soutenu à Alger des intervenants à la conférence internationale sur la pharmacie. La nouvelle loi semble donc emporter l'adhésion de la corporation pharmaceutique et d'autres intervenants en amont et en aval de cette activité. C'est une bonne chose si cela peut clarifier cette complexe question dans laquelle le pays se débat depuis des lustres. Mais faudrait-il pour autant que le "soleil soit caché par le tamis" ' Beaucoup de questions de fond restent en suspend. Il ya lieu, effectivement de "paniquer" face à l'ampleur de l'enveloppe financière annuelle des importations des produits médicamenteux. Cette dernière a atteint, durant les cinq dernières années, une moyenne d'environ deux milliards de dollars/an. Elle correspond à 80% des besoins en médicaments couverts par l'importation. Malgré les mesures d'encouragement à la production nationale prises par l'Etat, l'Algérie demeure un pays lourdement tributaire du marché extérieur, contrairement à ses voisins tunisiens et marocains qui ont réduit de façon substantielle leur dépendance en développant leur industrie pharmaceutique locale. Selon différentes sources, statistiques douanières, notamment le CNIS, les importations de produits pharmaceutiques "ont atteint durant le premier semestre de l'année 2014 près de 1,2 milliard de dollars contre 953,6 millions de dollars en 2013, soit une augmentation d'environ 26% en valeur". Par contre, en termes de volume, les importations ont reculées de 21%. En vérité, Cette immense rente est détenue par quelques groupes de pression qui transgressent ouvertement la réglementation en important y compris des génériques fabriqués localement, imposant ainsi une concurrence de fait aux produits locaux et décourageant par là même les initiatives d'investissement dans ce domaine, qu'ils soient publics ou privés. Au demeurant, quand on observe le marché mondial du médicament générique, les pays émergeants, et à leur tète la Chine qui se positionne en deuxième place après les USA, ont fait des percées significatives. Dans ce contexte, Le groupe Saidal se trouve dans une posture délicate, il endosse la lourde responsabilité de dynamiser la production pharmaceutique locale en partenariat avec les grandes firmes internationales. Mais ne se heurterait-il pas aux lobbys de l'import du médicament qui, et tout le monde le sait, ont souvent provoqué des pénuries organisées à travers des ruptures de stocks pour surfer sur les prix au gré de leurs intérêts et, bien entendu, au détriment des malades. Cette réalité est reconnue par les pouvoirs publics eux-mêmes. Ainsi, lors du premier salon international du médicament générique tenu au Palais des expositions des Pins maritimes, l'ancien ministre de la Santé, dans une déclaration rapportée par l'APS a affirmé que "les importateurs conditionneurs ont un délai d'une année jusqu'à mars 2011 pour se mettre à la production... cette mesure n'arrange pas certaines personnes qui préfèrent qu'on reste au stade importation emballage... Ces personnes veulent gagner de l'argent rapidement sans faire beaucoup d'efforts...". À l'heure actuelle, nous ne disposons pas de bilan. Selon des sources proches du secteur de la santé, durant l'année 2007, sur 4000 produits enregistrés, 3000 sont des génériques dont 1000 fabriqués localement et 2000 importés. Cette situation, non seulement obère notre balance commerciale, mais elle constitue également un coût social exorbitant pour le Trésor public et une lourde charge financière pour la sécurité sociale. Pour sa part, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officine avait indiqué que "le problème auquel font face les opérateurs reste la loi de 1998. En mai 2008, le gouvernement a introduit quelques modifications concernant les marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments à usage de médecine humaine... la loi met le médicament originel ou princeps et le générique sur la même fourchette de prix, c'est contre la politique du générique." Enfin, selon le professeur Amalou, représentant de la Cnas, 52 millions d'ordonnances sont remboursées annuellement, et 20% des médicaments, en majorité importés, absorbent 80% des remboursements par la sécurité sociale. Toujours selon ce dernier, le générique peut fortement participer à la réduction de la facture des produits pharmaceutiques. Nous sommes donc en présence d'un consensus des différentes parties prenantes pour une politique de développement d'une industrie nationale de production de médicaments génériques. Dans de telles conditions, l'on peut légitimement s'interroger sur les forces qui tentent de s'opposer à la concrétisation de cette volonté maintes fois affirmée par les autorités. Et si la nouvelle loi sur la santé peut remédier à ces effets pervers ' La production locale, qui représente actuellement environ 40% du marché national, devrait atteindre 65% en 2015, selon les prévisions des professionnels qui estiment que le potentiel pharmaceutique national actuel permet d'atteindre cet objectif, notamment avec les projets en cours de réalisation d'investissement dans le secteur. Ainsi, le président de l'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), Abdelouahed Kerrar, avait estimé que "si les projets d'investissement dans le domaine de l'industrie pharmaceutique se concrétisent, ils permettront de placer l'Algérie en position de force non seulement pour couvrir le marché national mais surtout pour exporter." La nouvelle loi y apportera-t-elle des solutions 'A. H.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 18/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Hamma
Source : www.liberte-algerie.com