Quarante-huit heures après la mort d'Imane, 39 ans, Imad, 3 ans, a
succombé lui aussi à ses blessures. Un triste sort qui était prévisible tant le
cas de cet enfant atteint de brûlures du 3e degré était «complètement
désespéré», selon le Pr Kaïd Slimane, le chef du service des brûlés du CHUO. Un
décès qui vient alourdir le bilan du tragique accident domestique survenu le 16
novembre, jour de l'Aïd El-Adha, dans un appartement au 11e étage du bâtiment
111, rue de Mostaganem, communément appelé le Sémiramis, provoqué par une fuite
d'une bouteille de gaz butane. Ainsi, sur les quatre personnes brûlées dans
l‘incendie, deux seulement ont survécu jusqu'ici: la mère de cette famille et
un voisin.
Ceux-ci sont encore sous soins
intensifs au service des brûlés. Jeudi matin, dans un profond climat de deuil
et d'affliction, marqué par un fort sentiment de compassion et un élan de
solidarité indescriptible de la part des proches et des amis avec les deux
familles frappées par ce malheur, la dépouille mortelle du chérubin a été
évacuée vers la morgue, d'où elle devait être transportée vers le cimetière
après les procédures d'usage. Les deux familles voisines se réconfortaient
mutuellement dans leur épreuve commune, leur «cause» commune aussi, qu'est
celle de faire la lumière sur cette affaire, situer les responsabilités. Par
principe moral, avant tout. Et pour que cela n'arrive plus jamais à d'autres
aussi. Toutefois, et jusqu'à hier, soit dix jours après le terrible sinistre, l'on
a appris de sources concordantes qu'aucune plainte n'a été déposée par les
familles victimes au niveau du commissariat du 4e, territorialement compétent,
de même qu'aucune action de constitution en partie civile n'a été entreprise
auprès du parquet. Or, l'enquête policière qui se déclenche automatiquement en
pareils cas suit son cours, rassemblant tous les éléments susceptibles de tirer
au clair ce qui s'est passé, parmi lesquels figure évidemment le rapport de
l'équipe d'intervention de la protection civile qui avait, note-t-on,
transporté sur-le-champ la bouteille de gaz vers un lieu sûr, par mesure de
sécurité mais aussi en vue d'une éventuelle expertise technique pouvant être
menée le cas échéant sur cette pièce pour établir si oui ou non cette bouteille
fut l'agent causal de l'accident. Autrement dit, et en termes plus claires:
«l'incident a-t-il été provoqué par une défectuosité intrinsèque de cette B-13
ou fut-il consécutif à une manipulation contre-indiquée ou une erreur dans
l'utilisation ?». Si cette question venait à être posée en justice un jour, la
bonbonne de gaz en aura à coup sûr valeur de pièce à conviction. On n'en est
pas là pour l'heure. Sur un autre registre, et à titre exclusivement
scientifique et préventif, le chef du service des brûlés, le Pr Kaïd Slimane, a
tenu à nous fournir quelques informations utiles en la matière. Ainsi, le gaz
butane reste de loin la première cause des cas de brûlures, que ce soit
consécutivement à une explosion de bouteille ou à une fuite de gaz, enregistrés
au niveau de son service qui accueille les patients en provenance de toute la
région Ouest. Le feu est en cause dans 60% de l'ensemble des décès. Le gaz
butane est responsable dans 80% des cas, ces brûlures sont généralement
étendues et souvent associées à une atteinte respiratoire par inhalation lors
des explosions de bouteille de gaz. Les brûlures provoquées par le gaz de ville
sont en revanche de plus en plus rares, indique-t-il. Pour faire diminuer les
accidents dus au gaz butane, qui sont le plus souvent mortels, le même médecin
plaide pour des installateurs spécialisés avec à la clé des installations hors
foyer à l'instar de ce qui se fait dans certains pays méditerranéens comme
l'Espagne. Moins fréquents par rapport au butane, l'essence, l'électricité et
l'eau bouillante sont d'autres agents à l'origine des cas recensés. En tout
cas, de l'avis du Pr Kaïd Slimane, la fréquence élevée des brûlures par gaz
butane dues à la défaillance des normes de sécurité et un mauvais usage des
bouteilles de gaz doit interpeller les pouvoirs publics au plus haut point.
Nombre d'interrogations sont
soulevées: les bouteilles sont-elles systématiquement contrôlées selon des
normes strictes, vérification de l'état général de la bouteille, vérification
de date de ré-épreuve, contrôle du niveau d'emplissage, vérification de
présence du limiteur de débit, vérification robinet et pour finir, vérification
d'éventuelles fuites sur la bouteille ? «Ce n'est pas aussi évident que ça»,
remarque le Pr Kaïd Slimane, et en connaissance de cause.
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Posté Le : 27/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com