Algérie

Exploitation du gaz de schiste : Les experts dubitatifs…



La préservation de l’environnement et de développement durable sont des facteurs clés de la pérennité d’une société moderne, qui aspire à garantir ses acquis en matière d’énergie et surtout assurer son futur et celui des générations à venir. C’est dans cette optique qu’un séminaire national de l’environnement et le développement durable s’est ouvert hier, à l’Université Akli Mohand Oulhadj de Bouira, en présence de nombreux experts et spécialistes du domaine, qui devront, durant deux jours, se pencher sur le sujet et établir un diagnostic précis de la situation. Ainsi, hier lors de la première journée de ce séminaire, les différents intervenants ont mis l’accent sur « la nécessité et le devoir d’étudier tous les mécanismes ayant pour but de préserver notre environnement d’une dégradation imminente ». Le premier à avoir pris la parole pour expliquer les dangers que peut représenter l’activité de l’extraction minière en Algérie, était le Dr Merabet Djoudi, ex-Recteur de l’université de Béjaïa et membre de l’ordre des experts internationaux. Cet éminent docteur soulignera, d’emblée, que le développement durable requiert trois éléments fondamentaux. « Le développement durable a besoin d’équité sociale, d’une efficacité économique dans la préservation de l’environnement et surtout de la bonne gouvernance », a-t-il dit en insistant sur ce dernier point. Par la suite, ce conférencier abordera la question de l’extraction minière en Algérie, en indiquant que les efforts déployés par le gouvernement algérien ne permettent pas de répondre entièrement aux énormes besoins de l’économie nationale en produits et en équipements, avant d’argumenter ses dire en citant le projet de la carrière d’Amizour, dans la wilaya de Béjaïa. « Ce projet, si un jour il sera finalisé, pourrait faire émerger un potentiel économique très important », dira-t-il sans manquer, toutefois, de mettre en surbrillance les dangers d’une « exploitation anarchique » des gisements miniers. «Les carrières et autres mines peuvent, si on les conçoit d’une manière anarchique et inappropriée, être une source de pollution et un facteur déterminent de la dégradation de notre environnement », a-t-il indiqué. Alors, que faut-il faire face à ce dilemme qui consiste à exploiter les richesses du sol, sans pour autant détruire notre environnement ? Pour M. Merabet, tout est question de compétences. « Les compétences existent mais elles ont un prix !», notera-t-il. Ensuite, cet intervenant a mis en exergue les « incohérences », selon lui, entre une législature concernant l’activité des mines, laquelle est « quasi-irréprochable », et la pratique sur le terrain, qui reste pour le conférencier très en deçà des normes en vigueurs. « Il nous reste énormément de chemin à parcourir et des efforts à consentir, pour que nous puissions nous targuer d’avoir réussi le pari du développement durable », a-t-il conclu. Interrogé par nos soins à propos des liens entre la bonne gouvernance et l’exploitation décidée par le gouvernement algérien du gaz de schiste, le Dr Merabet s’est montré assez dubitatif et circonspect sur le sujet. « Ecoutez, cette question rejoint mes propos concernant la bonne gouvernance, qui est, selon moi, un élément cardinal pour tout développement (…). À dire vrai, je ne peux répondre, pour la simple raison qu’à l’heure actuelle, je n’ai aucune donnée palpable sur ce dossier et je ne suis pas le seul dans ce cas », a-t-il affirmé, et d’ajouter : « Mon intégrité et mon honnêteté intellectuelle m’interdisent de me prononcer sur un sujet aussi délicat. Car, aucune donnée fiable ne nous a été exposée par les décideurs. En ma qualité d’expert, je ne peux me prononcer. Si un jour, cette technologie devait se faire, sachez que les universitaires et les experts n’ont aucune base de données scientifiques sur laquelle ils peuvent travailler », a-t-il regretté. Ce sentiment d’« exclusion », en ce qui concerne l’exploitation du gaz d schiste en Algérie, est ressenti par la majeure partie des experts interrogés. Il y a lieu de rappeler que de grandes puissances mondiales, comme la France, les USA et l’Allemagne, rechignent à l’idée d’utiliser la technique dite de perforation hydraulique du sol, afin de puiser ce gaz. Car, selon bon nombre d’experts internationaux, cette technique aurait de graves répercussions sur l’environnement, à moyen et long terme. Enfin, les divers intervenants qui se sont succédés au pupitre, ont tous mis l’accent sur les « enjeux vitaux » que représentent la sauvegarde de l’environnement à l’échelle locale et national. Ainsi, pour M. Rezak Alkama, professeur à la faculté de technologie de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa, « l’industrie ne peut se faire sans une protection optimale de l’environnement », a-t-il déclaré. Aujourd’hui jeudi, lors de la seconde et dernière journée de ce séminaire, une plate-forme de recommandations sera dégagée. Nous y reviderons lors de notre prochaine édition

Ramdane Bourahla



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