Assez symbolique le choix de l’endroit où s’est tenue une importante rencontre regroupant pas moins de 500 experts internationaux en climatologie. C’est le siège de l’Unesco à Paris, qui a abrité les travaux de ce rendez-vous.
Est-ce l’aveu de l’échec de la fameuse politique du développement durable parce que confiné aux seules orientations d’ordre économique et politique ? En effet, des voix se sont toujours élevées pour revendiquer une place de choix pour l’éducation scolaire dans la stratégie mondiale de la préservation du patrimoine naturel de l’humanité. Certes, des efforts sont déployés dans ce sens avec la consécration de l’éducation environnementale dans la totalité des pays de la planète. Mais est-ce suffisant ? Les pédagogues avisés ont dénoncé le dévoiement de ce concept du fait de son intégration dans la logique scolaire. Ce type d’éducation ne peut tolérer la même méthodologie de traitement que les mathématiques ou les langues. Il s’agit beaucoup plus d’enraciner des réflexes sains, transmettre des valeurs et développer des savoir-faire qui outilleront le futur adulte d’une véritable culture écologique. La salle de classe et l’enseignement magistral, secondé par le manuel, s’avèrent nettement insuffisants pour concrétiser de tels objectifs, surtout que les mœurs en vigueur sont suspendues au-dessus de la tête des élèves telle une épée de Damoclès concernant l’évaluation-sanction. De quoi réduire l’attrait d’une discipline au statut inévitablement minoré (le sacro-saint coefficient) et donc démotiver l’élève à moins qu’il ne triche pour décrocher la bonne note. Dans des éditions précédentes, votre rubrique s’est longuement étalée sur ce concept d’éducation scolaire durable (ESD) préparatoire et complémentaire au développement durable. Cette forme d’éducation doit être dispensée pendant la scolarité de la maternelle à la fin du lycée , mais avec des méthodes actives en prise et sur le vécu de l’élève et sur la réalité de notre environnement. Prenons l’exemple de la lutte contre les gaspillages (d’énergie, d’eau, de nourriture…).
Éduquer, c’est prévenir
Le maître ne saurait ancrer ce réflexe dans l’esprit de ses élèves à la seule lecture d’une leçon, fut-elle bien élaborée. L’enfant tout comme l’adolescent du lycée a besoin de voir, de manipuler et d’agir en conséquence. C’est par le concret des choses que se développe en lui cette conscience et se transmet cette culture telles que souhaitées par les écologistes. Dans cette entreprise éducative orientée vers la conscientisation des élèves, l’institution scolaire est tenue de s’ouvrir sur la société, de revoir ses programmes et ses méthodes d’enseignement et d’évaluation. Toutefois, pour être crédible et efficace, le combat des écologistes doit inclure la prévention et la lutte contre les fléaux sociaux (drogue, tabac, alcool, violence...) et les maladies générées par une mauvaise hygiène de vie. On ne pourra penser à sauver la Terre sans se soucier de sa propre santé individuelle les deux étant interdépendants : c’est là la quintessence de l’éducation scolaire durable. Dans cette optique, d’autres matières doivent pénétrer l’organisation pédagogique des établissements scolaires : l’éducation sanitaire, l’éducation pour la paix et l’éducation nutritionnelle entre autres. Obnubilés par les seules disciplines majeures (maths, lettres, sciences) et l’évaluation-sanction, les gardiens du temple de la tradition pédagogique, néanmoins fervents adeptes du statu quo, vous diront que ce serait alourdir les emplois du temps des élèves et les accabler de travail. En réponse à ces préoccupations légitimes, il y a des pistes à explorer. D’abord, l’approche transdisciplinaire, voire interdisciplinaire. Elle consiste à intégrer dans les programmes de ces disciplines majeures des notions d’éducation scolaire durable. Dans le programme de calculs, les énoncés de problème aborderont les débits des robinets d’eau tout en véhiculant le message éducatif (anti-gaspillage). La même démarche sera adoptée dans les autres programmes de sciences, d’histoire, de géographie ou de lettres. L’EPS et l’éducation artistique auront, elles aussi, un rôle à jouer dans le renforcement et l’approfondissement de ces nobles objectifs.Une seconde piste incontournable : regrouper ces matières enseignées (éducation morale, éducation civique et religieuse) en une seule. A condition bien entendu d’harmoniser leurs contenus de façon à prendre en charge tous les attributs d’une éducation scolaire durable, digne de ce nom. Quand l’élève aura baigné dans un tel environnement scolaire, il deviendra forcément un adulte conscient des enjeux. Il sera en mesure de relever les défis que lui imposent à l’unisson l’appétit vorace des ultralibéraux et la bêtise humaine. A son terme sur une période donnée, l’éducation scolaire durable (l’ESD) aura formé des adultes responsables. Demain, ils deviendront décideurs politiques, consommateurs et surtout producteurs de richesses, pas seulement matérielles, pourvoyeuses de développement… durable.
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Posté Le : 03/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Ahmed Tessa
Source : www.elwatan.com