La France organise aujourd'hui à Paris - à la demande de la Libye - une réunion ministérielle ayant pour objet de renforcer la sécurité dans cet Etat du Maghreb. Outre des représentants des autorités libyennes, une quinzaine de pays et d'organisations internationales y seront représentées. Parmi les organisations conviées à la réunion de Paris on citera... l'Union du Maghreb arabe (UMA). Ce que l'on peut relever d'emblée est l'intrigante absence es-qualité de l'Algérie, doublement concernée par une telle rencontre, tant du fait de son expérience acquise durant sa lutte contre le terrorisme et le crime organisé que du fait qu'outre de partager avec ce pays une longue frontière, la Libye est devenue un sanctuaire jihadiste. Notant que les terroristes qui ont attaqué le 16 janvier le site gazier de Tiguentourine à In Amenas venaient de Libye. Il y a donc comme une anomalie que de laisser en marge un pays totalement engagé contre le terrorisme. C'est justement parce que des pays - à l'instar de la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne présentes à Paris - avaient minimisé la nocivité de ce fléau, offrant même aux leaders islamistes - recherchés par l'Algérie - gîte et asile qu'il a pu prospérer et même essaimer dans toute la région. L'attaque contre les Tours jumelles de New York a, dans une certaine mesure, dessillé les yeux de ceux qui ne voulaient pas voir, sans que pour autant cela induise une réelle prise de conscience du danger du phénomène qui terrorise le monde. Après septembre 2001, l'Occident a sans doute pris peur, sans que pour cela il ait redéfini le danger dans sa globalité. Aussi, la part de l'Occident dans l'expansion exponentielle du terrorisme au cours de la décennie écoulée est avérée. Pour combattre l'Armée rouge en Afghanistan, les Etats-Unis se sont alliés aux jihadistes islamistes, le divorce n'intervenant qu'après les attaques anti-américaines. Aujourd'hui, un pays comme la France combat ces mêmes jihadistes au Mali après les avoir soutenus contre El Gueddafi, hier, contre le président syrien Bachar Al Assad, aujourd'hui. On relèvera que dans presque tous les foyers de tension actuels, l'Occident assume quelque part de grosses responsabilités en jouant les pyromanes avant d'offrir son expertise de...pompier. Dans tout cela, on remarque l'absence de révision des priorités et l'inexistence d'une véritable stratégie de coopération mondiale contre ce fléau. Or, on ne lutte pas contre ce fléau tout en contribuant à son implantation. Les Etats-Unis ont ainsi mis sur leur liste rouge les jihadistes du Front Al Nosra qui combattent le régime syrien, lequel Front est financé et armé par le Qatar, présent à Paris pour... discuter de la sécurité en Libye et sa sanctuarisation par des milices jihadistes largement soutenues par cet émirat et l'Arabie Saoudite. Ce sont ces incongruités qui font douter du sérieux de pays qui n'hésitent pas, d'autre part, à vous donner des leçons. Aussi, si l'on veut sécuriser la Libye et le Sahel, il faut être conséquent avec ses prises de décision et dans quoi on s'engage. Les demi-mesures sont aussi dangereuses que l'absence d'actions. A In Amenas, l'Algérie avait pris la bonne décision que des pseudos spécialistes lui ont contestée. Y avait-il une autre alternative que de se défendre contre les attaques terroristes' L'occupation du Mali par des terroristes aurait-elle était possible si ces pays - réunis aujourd'hui à Paris, dont nombreux ont participé à la curée contre le régime El Gueddafi - avaient correctement évalué la situation et fourni les réponses adéquates' A l'époque, l'important était de faire tomber El Gueddafi, les conséquences et retombées de cette chute n'ont jamais été le souci majeur de ceux qui ont poussé à la crise. Avec ce résultat, les milices font la loi en Libye, motif essentiel de la réunion de Paris. Que dire de la question de la dispersion des armes toujours en suspens. Pour leurs intérêts étroits, des pays jouent avec le feu, exposant des peuples à la mort gratuite (c'est le cas en Syrie où jihadistes et rebelles armés et financés par les grandes puissances mettent le pays à feu et à sang). Aussi, l'éradication du fléau ne peut se réaliser qu'avec ceux qui ont souffert de ce fléau et avec l'ensemble de la communauté des nations, laquelle doit prendre conscience d'un danger qui n'épargne ni les Etats ni les individus.
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Posté Le : 12/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim MOHSEN
Source : www.lexpressiondz.com