Algérie

Existe-t-il une vie démocratique en Algérie '


Le semblant d'élection présidentielle « ouverte » a apporté la confirmation que le champ politique a été transformé en un champ de labour pour raccommoder les morceaux éclatés d'une vitrine démocratique. Il semble bien révolu le temps où formations politiques, mouvements associatifs et élites de tout bord activaient librement sur un terrain sociétal assoiffé d'idées nouvelles et de projets de société porteurs de changement et d'espoir. Aujourd'hui, la décennie de sang et de terreur aidant, le champ des libertés a rétréci jusqu'à être poussé dans ses derniers retranchements. L'ouverture démocratique est réduite à un corps inerte maintenu sous perfusion, mais dont chaque mouvement est perçu par le pouvoir comme la menace du retour d'un souffle libertaire. Ce corps inerte mais conscient est mis sous contrôle des tentacules de la machine de la répression. L'état d'urgence est en tête des instruments de brimade des libertés, c'est même l'âme et le fond de tous les interdits imposés à la société civile. Cette dernière est atteinte de tétraplégie par le maintien de cet état justifié par une insécurité qui pourtant dans les discours des officiels « a été vaincue ».Du maintien de l'état d'urgence découlent tous les interdits, notamment celui de manifester, d'organiser des meetings, de créer des cercles de rencontres entre citoyens. Ce que la Constitution autorise, l'état d'urgence le pénalise. La liberté de créer des associations, des formations politiques ou même des journaux est aujourd'hui un v'u pieux, à moins de faire montre d'allégeance. L'accès aux médias lourds pour les forces autonomes est quasiment du ressort de l'impossible, à moins de participer à une joute électorale pour la crédibiliser. Le déroulement de la dernière campagne électorale a été révélateur des moyens gigantesques que les appareils de l'Etat peuvent s'offrir pour habiter tous les espaces de communication et contraindre l'opinion à l'abdication, alors qu'en face les partis de la mouvance démocratique sont presque interdits d'exister, que ce soit par l'image, le son et encore moins dans la rue. Si les partis politiques sont à blâmer d'avoir déserté le terrain des luttes, il ne faut tout de même pas perdre de vue les pressions et forces de brimades qu'ils ont face à eux. La machine de la corruption des valeurs est passée tel un rouleau compresseur sur le terrain des luttes, ne laissant de place qu'à la moubayaâ.Toutes les formations politiques ont subi des mouvements de redressement, à commencer par le puissant appareil de l'Etat, le FLN. La bastonnade et le déni même du droit à la grève, dont font l'objet au quotidien les militants des syndicats autonomes, renseignent sur une dérive qui menace de disparition les derniers espaces de liberté. La menace d'emprisonnement qui plane sur les journalistes est aussi l'un des aspects de cette volonté patente de porter atteinte à la liberté d'expression, un droit fondamental pour garder la société en éveil. De l'enchanteresse transition démocratique qui promettait des lendemains meilleurs pour les libertés, l'Algérie replonge dans les errements du parti unique en promettant un saut dans l'inconnu. La rupture proclamée en 1988 pour une Algérie ouverte s'est transformée en rupture avec la pratique démocratique. Devant la politique du fait accompli, la société civile algérienne se retrouve otage du risque d'une rupture des liens avec la société. Si les chaînes qui unissent le corps d'une société viennent à s'effondrer, c'est la cohésion nationale qui s'effrite et c'est alors la porte ouverte à tous les dangers.
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