Algérie - Brahim Hadj Slimane

Exils intérieurs, exils extérieurs de Brahim Hadj Slimane : Décennie noire, douleurs croisées



Film documentaire de près de deux heures réalisé entre 2013 et 2014 par le journaliste et écrivain Brahim Hadj Slimane (BHS) qui mêle images d’archives et longs entretiens avec une quinzaine de journalistes, économistes ou artistes résidant aujourd’hui en France ou au pays.

Des personnalités à l’image de Daho Djerbal, Mohamed Mabtoul, Denis Martinez ou Fathi Bourayou, qui ont soit fait le choix de rester ou au contraire de s’exiler pour fuir les années de terrorisme, une société qui ne convenait plus à leurs aspirations, mais surtout la vague d’assassinats d’intellectuels ayant emporté des figures, tels que Tahar Djaout, Ahmed Asselah, Azzedine Medjoubi ou encore Youcef Sebti. Le film documentaire, intitulé Exils intérieurs, exils extérieurs, présenté pour la première fois au public algérien, a réussi samedi dernier à attirer un public relativement important, la petite salle prêtée pour l’occasion par l’agence de presse Interface Médias suffisant à peine à accueillir les spectateurs. Documentaire abordant, en effet, un sujet particulièrement complexe et «sans jugement de valeur », souligne le réalisateur, le film, qui débute par une présentation du contexte de l’époque, en présentant les événements d’octobre 1988 comme étant le véritable tournant social et politique de l’Algérie moderne, une étape cependant suivie par l’apparition dans la société d’un islamisme politique intolérant, l’un des intervenants, le journaliste et témoin de premier plan de cette période, Chawki Amari, rappelant à ce titre que « le FIS a été un récupérateur de révolution, ils n’ont pas fait octobre 88 ». Il donnera successivement la parole à plusieurs personnalités de différents milieux professionnels, l’objectif étant, est-il expliqué, d’arriver à traiter l’aspect politique à partir du vécu et des expériences personnelles. Documentaire dont la réalisation a longtemps été retardée, ajoute le réalisateur, «c’est un film qui a mûri ; au départ, je pensais à une structure plus complexe. (…) En fait, j’ai eu envie d’aborder ce sujet dès le début des années 1990, après avoir réalisé des portraits de personnalités algériennes pour le compte du journal Algérie Actualité, notamment de l’économiste Nourine Djelouate qui apparaît dans le film. (…) En fait, l’idée est de s’interroger sur les mécanismes qui font qu’une personne reste et qu’une autre parte». Le film de Brahim Hadj Slimane souffre néanmoins de trop grands écarts par rapport au fil conducteur, apparaissant notamment par des avis politiques très divergents, et pas suffisamment expliqués, entre les différents intervenantes, le réalisateur nous précisant à ce titre et au sujet du montage que des choix ont dû être faits.
« On s’est retrouvé avec une matière de plus de 31 heures de rushs. » Réalisé, par ailleurs, de manière totalement indépendante en se basant sur un très petit budget, le réalisateur, qui explique qu’il n’a pas souhaité faire de demande de subvention publique, précise également : « Je n’ai pas eu de budget pour la réalisation du documentaire, il a été fait à mon compte notamment pour les déplacements. Mais je tiens quand même à préciser que j’ai reçu l’aide de gens merveilleux, rencontrés presque par hasard à Marseille, un collectif de cinéastes indépendants réunis dans l’association Film Flamme. » Réalisant, en effet, deux fois trois semaines de tournage à Alger et Marseille, suivi d’un montage final du film en France, le réalisateur ajoute que « les cadreurs de l’association nous ont aidés bénévolement quand j’ai filmé à Marseille ». Documentaire aujourd’hui finalisé dans une version sous-titrée en français, qui a été depuis un an projetée à plusieurs occasions en France, Exils intérieurs, exils extérieurs est cependant en attente d’espaces de projection en Algérie, le réalisateur, après une demande toujours sans réponse aux gérants de la Cinémathèque algérienne, s’est déclaré samedi prêt à répondre aux demandes.


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