Algérie

Exil, exit ' Fronton



Exil, exit '                                    Fronton
L'exil des artistes algériens remonte à la première moitié du XXe siècle. Il s'est inversé après l'indépendance avant de reprendre puis de s'accroître et, enfin, de s'aggraver durant la décennie funèbre. Au moins trois générations d'auteurs et d'artistes se sont succédé en France, puis en Europe et dans le monde. Ces dernières années, à la faveur de la reprise de la vie culturelle, plusieurs ont renoué avec le pays tandis que de plus jeunes, issus de l'émigration, l'ont découvert à l'occasion de quelque rencontre ou projet culturel.
Chez ces créateurs, l'attachement à l'Algérie se manifeste de plusieurs manières et d'abord dans leurs 'uvres qui y puisent matière et inspiration.
Mais, à cet élan, disons naturel, vient s'ajouter la pression, directe ou indirecte, des éditeurs, producteurs et managers culturels des pays où ils vivent. Ceux-ci, au nom d'un certain exotisme, les poussent (ou les obligent) à exercer sur certains registres. Ainsi, plusieurs comédiens se plaignent de n'être enrôlés qu'en raison de leur type physique. Des réalisateurs se voient rejeter des scénarios qui ne sont pas liés à l'Algérie. Des peintres sont enfermés dans les «couleurs locales» que l'on attend d'eux. Dans l'édition, on pousse souvent les écrivains à ne traiter que de l'Algérie et, si possible, sous l'angle d'une expression centrée sur l'actualité politique ou des visions à la limite de l'orientalisme. Dans la critériologie dominante, l'origine de l'auteur doit déterminer l''uvre !
On n'est pas près ainsi de voir un éditeur français publier le roman d'un auteur algérien qui raconterait, mettons l'histoire d'amour entre un basketteur guatémaltèque et une biologiste ukrainienne aux Marquises ! C'est comme si l'on interdisait aux créateurs du Sud de porter un regard sur d'autres sociétés que celles de leurs origines. Sur ce plan, quelques rares exceptions, comme la trilogie romanesque scandinave de Mohammed Dib.
Or, un créateur a besoin de s'exprimer sur ce qu'il vit, là où il vit. Son expression n'en est que plus aisée. A se forcer ou être forcé à produire sur une société où l'on ne vit plus peut provoquer des décalages. L'un des plus emblématiques est le spectacle du talentueux Fellag, «Tous les Algériens sont des mécaniciens», sorti au moment où, en Algérie, le crédit auto battait son plein avec une représentation de presque toutes les marques de véhicules au monde, des services après-vente, etc. Il nous ramenait aux années Sonacome où il fallait les douze travaux d'Hercule pour trouver un vilebrequin de Zastava. Depuis, Fellag a diversifié ses expressions, entre littérature et cinéma, et d'une façon générale, les créateurs algériens à l'étranger commencent à sortir de ce confinement.
Le mot «ghorba» qui, en arabe algérien, désigne l'émigration et l'exil, ne vient-il pas de «gharib», étrange ' Vous avez dit «étrange» ' Comme c'est étrange !


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