De tous les dossiers mis sur la table hier au conseil exécutif communal, celui du cinéma Marhaba (ex-Escurial) est sans nul doute le plus intriguant. Apparemment, certains voulaient que cette affaire «interne» reste inconnue de l'opinion publique. Mais c'était sans compter sur M. Boukhatem qui ne fait pas généralement dans la censure quand il s'agit de deniers publics. « J'en viens à présent au marché de réhabilitation de la salle Escurial. Je n'y comprend rien, qu'on m'explique », demande-t-il entre deux points de l'ordre du jour. De la discussion, plutôt hachée, qui s'ensuit, on retient ceci : un avis d'appel d'offres a été publié via l'ANEPM dans un seul journal dont personne n'entend parler (pour ne pas dire « ne lit »), un soumissionnaire moins-disant a été retenu, puis enfin, ce dernier s'est désisté sous prétexte d'avoir sous-estimé le coût. Solution (préconisée) selon le directeur de la réglementation générale : recours au soumissionnaire n°2 en vertu du code des marchés publics, à condition que cette clause figure dans le cahier des charges. Le dossier est en suspens. Qui doit décider de quoi ' On n'en saura rien. Encore plus sceptique qu'il ne l'était, le maire ordonne une enquête là-dessus. En attendant, le marché demeure dans le tiroir, pendant que la salle du cinéma sise boulevard Emir Abdelkader, du moins ce qu'il en reste, s'effrite, tombe en ruine, croule sous les ordures. «Tenez, vous avez là un exemple vivant d'une gestion tortueuse d'un simple marché public que notre exécutif communal a suggéré pour le bien de notre ville, et surtout nos enfants, à qui cet espace sera décidé. La publication dans un journal que personne ne lit ni ne connaît, rien que cela est une raison de doute et de défiance vis-à-vis la procédure suivie. Ça ne sent pas bon, autant je préfère ne rien entreprendre qu'après investigation », ajoute le maire, très dépité et non moins remonté contre la commission des marchés et la direction régionale de l'ANEP. « Nous avons maintes fois exprimé notre objection quant aux petites annonces d'appels d'offres insérées dans des journaux anonymes, mais en vain ! C'est clair, ce n'est pas innocent. Non seulement c'est anticoncurrentiel, mais ça nous ramène généralement la mauvaise qualité d'exécution, et les problèmes avec », dénonce pour sa part un vice-président de l'APC. Il est vrai que les chantiers de réhabilitation, tout en particulier, taxés de lenteur, de malfaçons, mais aussi de magouille carrément, sont légion dans la ville d'Oran, au passé comme au présent. On peut ne détecter aucun vice de forme ni de fond dans les procédures de passation de marchés publics, mais cela ne veut aucunement dire que tout est clean. Il y a toujours de petites astuces pour soigner les apparences.Aménagements des gares routières, autre sujet qui fâcheToujours dans le lot des « dossiers qui fâchent », le maire s'est livré à une diatribe en règle contre des responsables du service de l'urbanisme, coupables à ses yeux de « négligence » et « non-sérieux » dans la prise en charge des projets d'aménagement des anciennes assiettes des gares routières démolies des Castor, El-Hamri et Yaghmoracen (ex-Maraval). « Qu'on mette plus de huit jours à élaborer un cahier des charges relatif à un petit espace vert de deux arbres et deux mètres carrés de gazon, cela n'a d'autre explication qu'un manque de sérieux, voire une négligence caractérisée. Nous avons des engagements avec les citoyens qui ont salué notre action de mise en poussière de ces points noirs qui leur empoisonnaient la vie. Nous leur avons promis qu'ils pourront prochainement passer des soirées ramadanesques dans ces petits havres de paix, se rincer l''il avec la verdure et se remplir les poumons d'air frais. Que vais-je leur dire ' Que nous sommes en train d'élaborer le cahier des charges ». Là, est tout le problème. On prend son courage à deux mains, on entre en confrontation frontale avec une foule de tous bords qui « se nourrissait » des lieux, on s'efforce de convaincre habitants et autorités, puis on rase à terre toute une structure, pour que à la fin, on se voit bloqué dans l'acte de reconstruction, de réaménagement, de revitalisation, de régénération, par un petit agent ou un chef de service qui n'a pas daigné rédiger deux lignes ou apposer sa griffe sur un document. Autant on s'enorgueillit d'avoir pu nettoyer sa ville d'un germe malin qui infectait son tissu urbain et social, autant on s'indigne d'avoir dans les entrailles de son administration un employé qui a instauré sa propre république dans la tête.
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Posté Le : 25/04/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com