Algérie

Excuses : vraie demande ou slogan '


Samedi dernier, des chefs de parti islamiste de l'Alliance verte reprochaient au pouvoir de n'avoir 'pas exercé suffisamment de pressions sur la France pour arracher des excuses officielles sur son passé colonial en Algérie". La revendication est tentante et, régulièrement, des personnalités essayent d'y amarrer leurs ambitions ou d'y cacher leurs pannes de position.
Il faut rappeler que quelque cent vingt députés du parti majoritaire ont fait semblant d'initier une proposition de loi criminalisant le colonialisme.
Ce projet est allé s'échouer silencieusement dans un placard du gouvernement. Bien que le sigle FLN, détourné dès la fin de la guerre, tienne lieu de raison sociale de leur appareil, l'Exécutif fit comprendre à nos intrépides députés que cette demande n'est, pour être brandie, pas pour être formalisée. L'aventure de cette esquisse de proposition de loi est significative du fait que le vrai pouvoir ne veut pas que les questions du repentir ou de la criminalisation de la colonisation constituent un enjeu des relations algéro-françaises.
Car en matière de relations internationales, c'est donnant-donnant. On ne peut pas formuler des requêtes, si on ne peut pas, dans le même temps, mettre dans la balance du rapport de forces, sa propre mise. Sans préjuger du point de vue de la partie française, la question se pose de savoir jusqu'où l'Algérie peut-elle aller pour contraindre l'ex-métropole à s'excuser des crimes de l'armée et de l'administration coloniales '
La question se pose en particulier parce que dans notre système, l'initiative et la position politique ne suivent pas le processus de décision démocratique qui donne à la parole d'Etat son caractère d'irrévocabilité. La décision cruciale a, en général, tout l'air d'émaner de conclaves improvisés de décideurs obscurs qu'on devine plus qu'on ne connaît. Et on devine rarement l'exacte composante du cercle décidant et la part de décision de chacun dans une telle sentence particulière.
La question se pose aussi, et surtout, parce qu'il n'est pas certain que la classe politique en activité soit en position de poser les conditions qui doivent être posées pour un assainissement définitif du contentieux algéro-français.
'Hizb frança" est toujours dénoncé comme un réseau de défense des intérêts de la France, forcément proliférant à l'extérieur du système, voire dans l'opposition, mais dans l'opposition qui ne s'est pas adaptée au système des quotas. Car, l'autre, l'opposition normalisée, a mérité l'attribut du nationalisme qu'on n'acquiert apparemment qu'en entrant dans le système en place. Mais puisque le nationalisme est au pouvoir, pourquoi la demande de repentir reste-t-elle sans cesse brandie sans jamais s'imposer comme ordre du jour à épuiser entre les deux pays '
C'est que pour s'engager dans un tel bras de fer, il faut y être préparé. D'abord par un minimum d'indépendance économique et non par une économie du type 'pétrole contre nourriture". Ensuite par une indépendance de nos élites en termes d'intérêts personnels et de mode de vie. Il est difficile d'aller au bout d'un éventuel défi sur des questions de fond quand bien même des éléments de notre nomenklatura ont élu résidence secondaire dans les beaux quartiers de Paris, inscrit leurs enfants dans ses prestigieuses écoles et bénéficient de la priorité dans les prises en charge pour des soins dans les hôpitaux parisiens.
À ce train, on va finir par banaliser une revendication légitime qui prendra la forme d'une répétitive mais simple demande de forme.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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