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Nous étions des millions de musulmans, d'Arabes, de Maghrébins et surtout d'Algériens, d'ici et de France, à avoir retenu notre souffle. L'assassinat sauvage d'un père de famille et de trois enfants, dont deux étaient les siens, à Toulouse, a déjà de quoi de choquer pour peu qu'on ait un rien d'humanité. Facteur aggravant et fortement redouté : le tueur porte un prénom qui a, hélas, valeur de pièce à conviction en Occident et particulièrement en France : Mohamed.
Marine Le Pen a tout de suite dégainé pour flinguer «ces immigrés», source, d'après elle, de tous les maux de la République. Pour l'extrême droite et la droite extrémiste de l'UMP, cet horrible massacre constitue une formidable chair à canon pour bombarder la communauté musulmane de France. Une communauté qui a pourtant massivement condamné le quadruple crime et a ôté la couverture religieuse à un assassin tout court. Il est difficile, en effet, de ne pas percevoir cette tentation maladive d'exploiter la confession des victimes et celle présumée du tueur pour en faire un cocktail explosif qui dresserait les musulmans contre les juifs, et plus généralement, dans le cas du Front national, les Français contre les immigrés.
Mais si l'assassin s'appelle Mohamed, l'une de ses autres victimes parmi les trois militaires de Montauban porte également le même prénom. Peut-être que cette réalité têtue va permettre à Marine Le Pen et aux islamophobes de tout poil de ne pas saisir cette double tragédie sous leur prisme déformant, qui suinte la haine et le racisme. Le meurtre des trois enfants et de leur enseignant n'est pas condamnable par le simple fait qu'ils soient tous les trois juifs de confession. Face à la mort, a fortiori d'une aussi terrible violence, il n'y a ni religion, ni race, ni couleur, ni nationalité. Les Algériens qui ont vu et vécu le summum de l'horreur durant une décennie, savent très bien que le prénom de l'assassin importait peu, pas plus que n'importait la religion de la (ou les) victime(s).
Ce sinistre Mohamed qui a semé la mort à Toulouse et à Montauban est tout simplement un monstre comme il s'en trouve un peu partout dans le monde, y compris aux Etats-Unis et en Israël. Il serait alors moralement cynique et politiquement machiavélique de vouloir attiser le feu de la stigmatisation communautaire, alors même que le climat, en France, est déjà délétère. Il faut se féliciter de ce que les structures représentatives de l'islam et du judaïsme aient mis en garde contre la tentation de l'amalgame. Le président Sarkozy, qui est connu pour être un fan de ce genre de liaisons dangereuses dès qu'il est en difficulté, n'a heureusement pas osé franchir le pas. Son discours d'hier était digne, reconnaissant mais surtout rassembleur en ces moments pénibles pour tous. Il a agréablement surpris, y compris parmi ses adversaires politiques. Quant à Mohamed le tueur, il n'a plus sa place ni dans sa République, ni dans son pays d'origine, ni même dans sa religion. Excommunié.
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