Algérie

Exclu de la politique



Mezrag «brandit» son «droit» à la députation Interdits par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale de prendre part aux élections, les ex-responsables du parti dissous, dont le chef de sa branche armée l’AIS dissoute, tentent de s’investir dans le débat politique. Madani Mezrag ne rate ainsi aucune occasion de revenir sous les feux de la rampe. Hier encore, il a réitéré dans une sortie médiatique son «attachement au droit politique de participer aux élections législatives malgré les interdits». C’est ce qu’a indiqué l’ex-chef de l’AIS dissoute, avant d’ajouter: «Nous insistons pour prendre part aux législatives comme tous les Algériens, car c’est un droit consacré par la Constitution et contenu dans le décret de janvier 2000 qui annule toute poursuite judiciaire contre les éléments de l’ex-AIS». Il soutiendra dans ce contexte que l’ex-«armée» n’est pas concernée par la Charte et que son cas a été réglé dans le décret présidentiel de 1999 qui a consacré la dissolution de l’organisation et «le retour de ses éléments dans la société avec tous leurs droits». «Notre cas n’est pas concerné par les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et nous considérons que notre organisation est signataire d’un accord officiel avec l’Etat, stipulant clairement la garantie de nos droits civils, ce que les autorités n’ignorent pourtant pas», dira-t-il en ajoutant que «l’accord de trêve contenu dans ledit décret n’a aucune relation avec les dispositions de la Charte». A deux mois des élections, l’ex-chef de l’AIS dissoute ainsi que d’autres éléments «responsables de la tragédie nationale» sont à multiplier les déclarations et les conférences pour un retour sur la scène politique. Il faut dire qu’un siège au sein de l’APN est une tentation pour plus d’un, reste que la loi ne leur permet pas de prendre part à des élections comme réitéré par les responsables: «Ils ne participeront pas aux élections car ils sont exclus de l’activité politique.» Une réaffirmation du ministre de l’Intérieur et du ministre délégué chargé des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia. Ce dernier a indiqué, il y a moins de 15 jours, que l’interdiction n’émanait pas de leurs cabinets respectifs «mais des lois qui régissent ce cas précis», faisant allusion aux dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Les responsables du FIS dissous et les repentis ne pourront en aucun cas participer à la vie politique du pays et cela est stipulé notamment dans la disposition n°26 de la Charte», a-t-il déclaré. Ce qui a suscité des réactions des responsables du parti dissous qui sont allés jusqu’à proférer des menaces à l’encontre du pouvoir au cas où celui-ci les empêcherait de participer aux prochaines législatives. Dans une récente déclaration à la presse, le même Madani Mezrag n’a pas mâché ses mots en affirmant que dans le cas où ils seraient interdits de candidature, ils adopteront «une autre attitude à l’égard du pouvoir». Dans sa sortie d’hier, Mezrag insistera sur «le rôle des courants nationaliste et occidentaliste». «Ils tentent de porter un coup au projet de société que nous incarnons, préférant manœuvrer afin de nous empêcher de participer aux prochaines consultations électorales», dira-t-il. Il faut dire que Mezrag n’est pas le seul élément du parti dissous à tenir au retour sur la scène politique. Rabah Kébir se projette, lui aussi, dans le proche avenir politique du pays. Dans une récente déclaration, il soutiendra qu’ils participeront aux prochaines élections électorales. Des rencontres ont même eu lieu avec quelques chefs de partis et l’ancien dirigeant du FIS dissous a annoncé qu’au cours de son entretien avec le SG du FLN, les deux hommes auraient évoqué, entre autres sujets, celui de cette participation aux prochaines consultations électorales et surtout de la forme que cette dernière prendra. Ainsi, les déclarations des deux hommes, responsables des branches politique et armée du parti dissous, n’ont rien d’innocentes. Car, compte tenu des enjeux des prochaines élections, c’est l’avenir même de cette catégorie d’islamistes et de son discours qu’il est question. Sa participation à un quinquennat lui permettrait de revenir à pas sûrs dans l’arène politique et, partant, dans les institutions de la République, celle-là même qu’ils ont tenté de combattre par les armes.


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