Algérie

Exaspération face à la position des autorités



Du président Hosni Moubarak au grand imam d'Al Azhar, en passant par le patriarche copte et de nombreux ministres, les responsables politiques et religieux ont tous imputé à  des éléments étrangers l'attaque qui a fait 21 morts dans la nuit du nouvel an devant une église de la grande cité méditerranéenne. Certains ont même affirmé que les coptes, la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient (6% à  10% des 80 millions d'Egyptiens), n'étaient pas la cible principale. Ainsi, pour le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, l'attentat «n'était pas dirigé contre les frères chrétiens, mais visait à  déstabiliser l'Egypte», tandis que pour le gouverneur d'Alexandrie, Adel Labib, il «a visé l'ensemble des Egyptiens et pas les frères coptes». L'attaque «s'est produite la nuit du nouvel an que célèbrent musulmans et coptes», a-t-il expliqué, cité par l'agence officielle Mena. Les autorités égyptiennes rechignent traditionnellement à  parler de tensions confessionnelles. En janvier 2010, lorsque six coptes avaient été tués par des tirs à  la sortie de la messe de Noël à  Nagaâ Hamadi (Haute-Egypte), elles avaient présenté l'affaire comme strictement «criminelle», sans portée religieuse. Cette position exaspère de plus en plus de coptes qui souhaitent voir le problème attaqué de front. «On nous parle de plan terroriste venu de l'extérieur, mais qui l'a mis en œuvre ' Une personne ou un groupe égyptien ' Le problème est dans les esprits, en Egypte, qui ont intégré le sentiment anti-copte», martèle Fifi Abdel Malak, 37 ans, une mère de famille d'Alexandrie. «On dit que c'est l'Egypte qui est visée, mais les menaces d'Al Qaîda ne concernent que les coptes», renchérit Fayez Kamal, un comptable de 34 ans, faisant allusion aux menaces proférées par un groupe irakien se réclamant de cette mouvance il y a deux mois. «Les gens sont remontés (...) La colère a commencé à  monter chez les coptes et risque de se transformer en violence comme à  Omraniya», affirme de son côté le père Abdel Massih Bassit, chargé d'une église du Caire. En novembre 2010, de violents heurts avaient opposé manifestants coptes et policiers après que les autorités locales eurent refusé la transformation d'un centre communautaire en lieu de culte dans ce quartier du sud-ouest du Caire. Deux chrétiens avaient été tués et des dizaines ont été blessées. En dehors de la communauté copte, des appels à  une sérieuse introspection ont été lancés. Le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom a appelé dimanche l'Etat à  cesser de considérer l'affaire «uniquement comme un dossier sécuritaire, sans faire attention à  ses aspects politique, social et culturel». «Certains évoquent la probabilité de main étrangère derrière ce crime. Nous croyons que si le tissu national était suffisamment solide, aucune partie étrangère n'aurait réussi à  le percer et à  y mettre le feu», affirme le journal.
 


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