Algérie

Examen de conscience



Examen de conscience
Les commentateurs de la presse et certains représentants de la classe politique française avaient, hier, les yeux rivés sur la participation des musulmans de France à la marche contre le terrorisme organisée à Paris. Bien plus que la présence des plus hauts dirigeants des grandes puissances ou de leurs représentants, c'est la communauté musulmane à laquelle les caméras de télévision se sont particulièrement intéressées au cours de la marche parisienne d'hier.Pour l'élite française bien-pensante, cette manifestation avait valeur de test pour les musulmans de France. Ces derniers étaient presque sommés, par des voix officielles et des cercles intellectuels et médiatiques connus pour leur islamophobie assumée ou cachée, de s'associer à la marche pour apporter la preuve de leur citoyenneté, de leur rejet et de leur condamnation du terrorisme et des derniers attentats ayant secoué la France.Le ton avait été déjà donné la veille de la marche parisienne, à l'occasion des manifestations régionales qui se sont déroulées dans plusieurs villes de France, où les correspondants des chaînes de télévision françaises s'extasiaient à faire parler des jeunes filles portant le foulard et des personnes au teint basané sur le sens de leur présence à ces marches.Des journalistes se sont même laissés aller à quelques confidences, non sans arrière-pensées, en relevant que la présence des musulmans à ces rassemblements n'était pas visible comme on l'aurait souhaité. Comme si la croyance et les convictions religieuses sont affaire de couleur de peau, de race, de barbe ou de manière de se vêtir.Il est vrai qu'au milieu des manifestations qui se voulaient pourtant citoyennes et républicaines, on avait bien vu des pancartes proclamant insidieusement et avec un sens aigu de la provocation : «Je suis juif» côtoyer et bousculer le slogan officiel des marches pour marquer la présence et la mobilisation de cette communauté à l'événement. Un dérapage qui a pourtant curieusement échappé aux analystes les plus avisés.Et ce n'est pas la présence des dirigeants de certaines capitales arabes ? dont Alger représentée par M. Lamamra ? qui rassurera les dirigeants français sur la position de la communauté musulmane établie en France par rapport aux derniers événements qu'a connus le pays et son attachement à la citoyenneté et à la République françaises pour ceux qui ont acquis la nationalité française.Ni, d'ailleurs, les responsables du culte musulman en France qui se sont empressés dans un même élan, avant la classe politique, de condamner les attentats terroristes pour mériter, de leur point de vue, la confiance du pays d'accueil. Il est une certitude : parmi les musulmans de France, ils sont certainement nombreux ceux qui ont décidé de ne pas prendre part aux manifestations contre le terrorisme organisées en France à la suite des derniers attentats parisiens, mais qui ne sont pas moins farouchement hostiles à ce phénomène, quel qu'en soit son substrat : religieux ou politique.La remarque vaut aussi pour les rues arabes et musulmanes, qui n'ont pas bougé. L'islamophobie, la marginalisation et la stigmatisation dont sont victimes les musulmans de France et les immigrés de façon générale, la position de la France vis-à-vis de la question palestinienne et son engagement militaire dans certains conflits dans le Monde arabe, le poids du passé historique, tout cela a amené les opinions arabes à porter sur la France un regard de méfiance, voire de défiance.




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