Evoquant un «plan Islam»: Un groupe de travail dénonce l'attitude du gouvernement français

Sept membres du groupe de travail #ConsultationDesMusulmans (Feiza Ben Mohamed, journaliste, Youssef Achmaoui, imam, Mohamed Ennassiri, membre fondateur du ‘Réseau Simplement Solidaire' et d'OT1 TV, Anass Patel, expert en finance éthique, Naziha Mayoufi, professeure, Smaïn Bendjilali, imam et Marwan Muhammad, statisticien), qui a mené une consultation auprès des musulmans de France sur l'organisation du culte, ont dénoncé dans une tribune, publiée sur Médiapart, le gouvernement français qui, selon eux, «a retardé ses annonces sur « l'Islam de France» et chercherait à les court-circuiter à travers une consultation des musulmans par le truchement «d'une grande concertation menée par… les préfets». Ces derniers convoquant «les quelques dignitaires musulmans locaux avec lesquels ils sont, déjà, en relation, pour leur administrer de vigoureux rappels républicains qu'à leurs collègues, à l'échelle nationale». Les signataires de la tribune accusent également, l'Etat français «de créer des structures satellites» en vue de «prendre progressivement possession de l'argent provenant des dons des musulmans et de ponctionner le marché du halal» pour pouvoir «imposer ensuite ses imams et sa vision de l'Islam, sur le temps long (…) pour mieux leur dicter ses choix idéologiques et politiques».Revenant sur l'objectif du groupe, lancé le 10 mai dernier, il a été question de faire réagir et l'Etat et les acteurs du culte musulman, «à sortir de leur immobilisme». Une démarche, selon ses initiateurs, qui a permis, à des dizaines de milliers de musulmans, en France, de s'exprimer et d'entamer un travail de fond pour «repenser la manière dont leur religion pourrait s'organiser, de manière constructive et indépendante». Le texte s'interroge, aussi, sur la capacité de Matignon à «prendre en compte de nouvelles réalités», lui reprochant de «s'ingérer dans la gestion du culte musulman» ce qui est contraire au principe même de la laïcité, explique-t-on encore. Les signataires évoquent un «plan Islam» déjà acté en amont tout en déplorant la soumission des grandes fédérations musulmanes de France qui ont été approchées par le groupe de travail. «Nous avons consacré des efforts majeurs afin de les tenir au courant et de les impliquer dans la démarche, tout au long de la consultation, convaincus que c'était l'occasion pour elles de s'émanciper du contrôle politique des Etats, afin d'?uvrer, au service des musulmans», précise le document. On explique que «cette politique de la main tendue» est stratégique et répond aussi «à un principe éthique de travail en bonne intelligence, dans l'intérêt commun».
Les signataires, tout en ironisant sur une prochaine «consultation des musulmans», initiée par le CFCM, déplorent l'attitude de ces fédérations «convaincues pour la plupart, que le gouvernement les préserverait dans un rôle honorifique au sein du CFCM». Ils leur reprochent de plutôt «subir des humiliations répétées», rappelant «l'absence du président de la République à leur ‘iftar' annuel» ainsi que les incessants rappels à l'ordre républicain et des instructions des ministres. Les initiateurs de la consultation ont annoncé de rendre publiques, dès la rentrée, les premières analyses de l'enquête, tout en disant maintenir une «main tendue», en direction de toutes les structures et associations qui «veulent faire preuve de bonne volonté et agir au service des musulmans, dans un esprit d'indépendance et de co-construction».