Algérie

Evocation



Evocation
La scène se déroule au début de l'année 1956 au quartier Chatonney de la ville de Biskra. Après l'élimination de deux sinistres supplétifs de l'armée française, opérations commandités par les activistes du FLN, la répression fait rage contre tous les suspects sans distinction d'âge ou de sexe.Un important convoi militaire dirigé par des officiers est en branle sur la Route de Touggourt, actuelle Avenue Hakim Saadane, vers la maison de la famille Hali.Les soldats encerclent les lieux. Ils viennent chercher Salem Essawar (le photographe). Ils y trouvent Abdessamih, son frère ainé, des femmes et des enfants qui sont jetés dehors sans ménagement. La maison est minutieusement fouillée et des armes sont retrouvées. En représailles, des artificiers dynamitent la maison. Trois jours plus tard, il ne reste plus qu'un amas de terre du foyer des Hali.Abdessamih est interné dans un camp. Salem et Ahmed, le plus jeune des 3 frères ont rejoint les maquis pour ne pas être pris. Les recherches se poursuivent pour retrouver Salem Essawar. Mais qui était-il pour avoir provoqué un tel déploiement de force et de haine contre les siens de la part des militaires français 'Héros malgré luiIl fut pris presque involontairement par le devoir national et fera preuve tout au long de sa vie d'un admirable sens du courage et de l'abnégation, raconte-t-on. Né en 1927 à Biskra, il démontre un talent inné pour le dessin et les arts plastiques, ce qui l'amena à l'école des beaux-arts de Tunis où il apprend la photographie.A 20 ans, il revient à Biskra et y ouvre une boutique de photographie sous les arcades du prestigieux Royal Hôtel (actuel site abritant la Grande Poste, un commissariat et la direction d'Algérie Telecom). Il est alors le premier photographe «arabe» de Biskra. Salem Hali devient très vite Salem Essawar. Après le déclenchement de la guerre de libération nationale, des nationalistes le sollicitent pour fabriquer des faux papiers d'identité pour des frères entrés en clandestinité. Sa boutique devient un lieu de rencontre des Larbi Ben M-Hidi, Barkat, Boufaraoui, Khobzi, kheirredine, khrechi et bien d'autres .Il recrute lui-même plusieurs jeunes qu'il sensibilise à la cause nationale. Dans sa maison de Chatonnay, il entrepose des médicaments, des vêtements et des armes pour les maquisards. «Après la mort de Loucif, un tortionnaire qui informait la «Main rouge», Salem a été dénoncé et les militaires ne l'ayant pas retrouvé car il avait été averti qu'on le recherchait, ont décidé de détruire notre maison. Notre famille a été disloquée, nous nous sommes retrouvés qu'après l'indépendance du pays.», raconte son frère Abdessamih. En 1962, Salem a été démobilisé sur sa demande de l'ANP.Il rouvrit une boutique de photographie et il reconstruisit la maison dynamitée en 1956. Salem Essawar y vit toujours entouré des siens. Dans les cercles d'anciens de Biskra l'on se désole que de tels personnages «ayant des choses à dire sur le véritable passé de cette ville» soient oubliés et que des faits historiques dont ils furent les acteurs se perdent dans les méandres de la mémoire.




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