Je respecte pour ma part ceux qui pensent que l'élection présidentielle du 12 décembre 2019 ne résoudra pas la crise politique, ayant des amis de toutes les régions du pays. Nous devons apprendre à nous écouter, à nous respecter et favoriser la culture de la tolérance, le débat contradictoire sans violences et privilégier les intérêts supérieurs de l'Algérie qui connait une crise mulitdimensionnelle.Cette modeste contribution se veut une modeste contribution au débat productif, et ce après une réflexion et une profonde analyse de la situation politique, sociale, sécuritaire et économique du pays. C'est que l'Algérie depuis le 22 février ne sera plus jamais comme avant et avant de faire des promesses utopiques, non réalisables, les candidats à l'élection présidentielle doivent réfléchir à deux fois, quitte à se discréditer, comme en témoignent les révoltes sociales dans bon nombre de pays, le monde devant connaitre un profond bouleversement tant géostratégiques que des valeurs morales.
1- L'ANP s'est engagée auprès de l'opinion nationale et internationale pour assurer la sécurité des biens et personnes durant l'élection présidentielle déterminant pour l'avenir du pays et surtout fait le plus important depuis l'indépendance politique, où il n' ya jamais eu d'élections libres mais le président ayant toujours été désigné avec une mie sen scène de fausses élections, de ne favoriser aucun candidat, donc une saine concurrence.
Ce qui implique la véritable indépendance de la commission de surveillance des élections pour une élection transparente. Selon l'avis unanime des observateurs internationaux, excepté certains faits mineurs, l'ANP et les forces de sécurité ont accompagné Al Hirak ce qui explique les manifestations pacifiques sans violences, qui ont fait l'admiration du monde, et ce comme je viens de le souligner dans plusieurs interviews internationaux et nationaux entre le 04 et 17 novembre 2019, contrairement à certains évènements récents dans d'autres pays, où l'armée a tiré à balles réelles sur les manifestants. En espérant un climat apaisé, l'on doit respecter toutes les idées, de ceux qui sont favorables aux élections et de ceux qui ne le sont pas, devant éviter toutes violences par la culture de la tolérance.
En cas de non transparence et de promesses populistes non réalisables pour de véritables réformes, il y a risque d'un fort taux d'abstention qui serait préjudiciable à l'image de l'Algérie. Aussi, les candidats devront présenter leurs programmes, le gouvernement actuellement transitoire, dont la durée de vie ne devrait pas dépasser la fin de l'année 2019 devant se limiter aux affaires courantes, éviter toutes décisions populistes qui engagent l'avenir du pays, qui risquent de ne pas engager le futur président de la république, ou des déclarations hasardeuses qui parasiteraient le débat contradictoire de cette élection, influant négativement sur le taux de participation avec parallèlement, le gel de toutes lois au niveau de l'APN.
2- La population algérienne notamment la jeunesse, dont Al Hirak, dont le mécontentement est la résultante d'une névrose collective datant de plusieurs décennies, ouverte sur le monde aspire à plus de dignité, de liberté et à un véritable Etat de droit loin des promesses utopiques. Les programmes qui engageront l'avenir du pays, devront éviter la langue de bois, des idées générales populistes, mais se fonder sur un plan précis au sein d'une stratégie reposant sur de profondes réformes structurelles, réalistes, datés et quantifiés, comme facteur de développement. La prospérité au XXIème sera fondée sur la bonne gouvernance et le savoir, avec l'ère d'internet et de l'intelligence artificielle qui pénètrent tous les secteurs civils et militaires et modèlent les comportements des générations futures qui ont une autre perception du monde.
L'impasse actuelle trouve son essence dans l'immoralité de certains dirigeants où pour la période récente les entrées de devises ont été de plus de 1.000 milliards de dollars pour une sortie de devises au 30/04/2019 d'environ 925 milliards de dollars avec un faible taux de croissance moyenne annuelle de 2,5-3% avec d'importante de surfacturations, de la corruption socialisée, devant éviter de fausses promesses. Comme ces promesses utopiques de récupération des transferts illicites de capitaux très difficiles s'ils sont sous des prêtes noms, placés dans des paradis fiscaux ou en bons anonymes, et éventuellement pas avant de longues années pour les biens réels, nécessitant de procédures judicaires très longues.
Comme il est utopique de promettre une allocation devises à chaque algérien de 1500 euros par mois devant comparer le comparable, plus de 90% des algériens ayant le passeport contre moins de 30% au Maroc à titre exemple. Si nous prenons 10 millions d'algériens sur 12,5 millions de la population active, ne comptabilisant pas les enfants âgés de moins de 18 ans, qui utiliseraient cette allocation quelque soit la destination, la sortie de devises serait de 15.000.000.000 euros /an, plus de 20% des réserves de change au 31/12/2019.
3- C'est que le blocage réside dans l'incohérence et le manque de vision stratégique des politiques et économiques, par la mauvaise allocation des ressources, de ces nombreux projets non maturés avec des surcouts exorbitants avec peu d'impacts, comme en témoigne le montant dérisoire des exportations hors hydrocarbures et le volume des importations de biens et services. Du fait de l'ancienne culture des dirigeants, de la panne d'idées novatrices, c'est le mythe dépassé des matières premières, du primat de la rente des hydrocarbures, la majorité de l'investissement dans les infrastructures avec souvent des malfaçons, (nécessaires mais qui ne sont qu'un moyen) de ce slogan dépassé, lorsque le bâtiment va tout va, alors que l'investissement porteur au XXIème siècle se trouve dans les institutions démocratiques tenant compte des anthropologues culturelles (bonne gouvernance) et du savoir comme source de la croissance.
Il est indéniable que l'Algérie pour les raisons évoquées précédemment traverse en cette fin d ?année 2019, produit historique des incohérences depuis de longues décennies et pas seulement de la période actuelle une la crise multidimensionnelle à la fois politique, économique, sociale et culturelle. Aussi, pour les candidats, le discrédit serait d'avoir un programme utopique, comme des augmentations de salaires sans productivité et donc la distribution de revenus sans contreparties productives qui conduiraient le pays au suicide collectif. L'on devra tenir compte notre longue histoire millénaire, un pays sans son histoire étant comme un cors sans âmes, mais surtout de préparer l'avenir tenant compte des réalisations depuis l'indépendance politique, évitant cette sinistrose mais également l'autosatisfaction en recensant les insuffisances, le pourquoi de cet important divorce entre les dépenses et les impacts, insuffisances qu'il s ?agira de corriger et ce pour faire face aux nombreux enjeux géostratégiques mondiaux et aux profondes mutations internes de la société algérienne.
Sous réserves d'avoir une vision et une nette volonté politique, loin des aléas de la rente, les réformes tant dans le domaine politique, institutionnel, économique social, culturel (facteur déterminant au XXIème siècle), militaire/sécuritaire et des affaires étrangères nécessaires seront douloureuses, pour s'adapter à un univers en perpétuel mouvement, impliquant une refonte une refonte des relations internationales pour un monde plus juste, où actuellement le primat du financier sur la sphère réelle, détruit les relations de solidarités sociales et où toute nation qui n'avance pas recule, n'existant pas de situation statique. Aussi, il est impératif d'avoir un discours de vérité et rien que la vérité et éviter de voir toujours l'ennemi de l'extérieur, qui n'agit que lorsque le front intérieur est lézardé, discours des années 1970/1980, auxquels la population en croit plus, alors que le mal profond et les solutions sont en Algérie.
4- Ces réformes doivent avoir l'assentiment de la population grâce à un dialogue productif permanent et un sacrifice partagé ?concilier l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale- justice sociale et pas égalitarisme populiste source de démotivation des créateurs de richesses, d'où l'importance de la moralité irréprochable des candidats et de contre pouvoirs politiques et sociaux. Car les défis de l'Algérie de 2020/2030, pour instaurer la démocratie tenant compte de notre authenticité, du fait du retard dans les réformes structurelles, sont nombreux et complexes, nécessitant une mobilisation générale, tenant compte de la diversité des opinions, par la culture de la tolérance, personne n'ayant le monopole de la vérité et du patriotisme, le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir.
Avec une forte pression démographique souvent oubliée, une population au 01 janvier 2019 de plus de 43 millions d'habitants, une population active dépassant 12,5 millions, nécessitant de créer entre 350.000/400.000 emplois /an qui s'ajoute au taux de chômage, s'impose en urgence la réforme des institutions dans un cadre décentralisé pour une société participative et lutter contra la bureaucratie néfaste, du système financier lieu de distribution de la rente, guichets administratifs, du système socio-éducatif non adapté, l'épineux problème du foncier avec ses utilités, et de mettre en place rapidement une loi organique de la transition énergétique, avec l'épuisement inéluctable des énergies fossiles classiques horizon 2030, la forte consommation intérieure et les subventions généralisées source d'injustice sociale.
5- Sans la résolution de la crise politique, d'où l'importance d'avoir rapidement un pouvoir légitime élu, qui devra tenir compte des exigences d'Al Hirak, bien entendu les exigences réalistes, reposant sur de nouveaux réseaux, les anciens réseaux étant hors circuit avec une population parabolée et ouverte sur le monde, aucun investisseur sérieux ne viendra dans un environnement des affaires contraignant, même si l'on établit les meilleures lois du monde, (évitons le juridisme étroit). Venant d'une tournée à l'étranger, lors les différents contacts, j'ai fortement mis en relief, qu'il n'est pas question d'interférences étrangères, que les Algériens doivent forger eux mêmes leur destin, que l'Algérie étant un acteur clef de la stabilité de la région et que toute déstabilisation aurait un impact négatif sur toute la région, comme conséquence de la grave récession économique et sociale.
Pas d'utopie, sans résolution de la crise et un changement de cap de la politique économique, l'on s'oriente inéluctablement vers l'épuisement des réserves de change au plus tard le premier trimestre 2022, les prévisions de 51,6 milliards de dollars dans le PLF2020 fin 2000, risquant de ne pas être tenus, l'incohérence de la PLF2020 risquant de bloquer l'économie, la restriction d'importation ayant des limites, du fait que le taux d'intégration des entreprises publiques/privées ne dépasse pas 15%.
Le tems en économie ne se rattrape jamais, une période de longue transition conduirait inéluctablement l'Algérie ers une impasse : car quelle serait la situation de l'Algérie horizon 2022, si elle retournait au FMI, seulement deux ans pour redresser la barre supposant une mobilisation générale tenant compte des différentes sensibilités. En cas d'aggravation de la crise politique, ni le pouvoir, ni l'opposition, ni Al Hirak ne pourraient parler d'indépendance i politique, économique, sociale, diplomatique et sécuritaire avec d'importants impacts sociaux économiques et géostratégiques négatifs où les grandes décisions seraient dictées par ses créanciers extérieurs.
6- En résumé, l'Algérie a les potentialités pour redresser son économie, sous réserve, d'une nouvelle gouvernance fondée sur la morale et en donnant le primat au savoir, fondement de la richesse des nations, où le poids des relations internationales d'un pays se mesure par rapport aux capacités de sa contribution à la création de la valeur ajoutée locale et mondiale. Loin de toutes interférences étrangères, mais sans chauvinisme tissant un co-développement avec nos partenaires étrangers dans un cadre de respect mutuel, l'Algérie de demain, sera ce que les algériennes et les algériens voudront qu'elle soit. Puisse notre pays connaitre, un Etat de droit, la démocratie, la paix, la sécurité, le développement et être un acteur majeur au niveau des relations internationales dominées non plus par des relations personnalisées mais sur des réseaux à travers la société civile, et ce pour un monde plus juste fondé sur des partenariats gagnant-gagnant et l'épanouissement des énergies créatrices, au sein de la région méditerranéenne et africaine, son espace naturel.
Dr Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités
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Posté Le : 21/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com