Algérie

Evaluation de la bonne gouvernance en Algérie



Le Cnes veut se libérer du politique L?Algérie devrait-elle subir comme une fatalité les rapports peu enviables des organismes spécialisés et des institutions internationales et autres ONG sur l?état de l?indice de qualité de la gouvernance ? Pour le Conseil national économique et social (Cnes), ce serait un non-sens. L?Algérie, au même titre que tous les pays du monde, se doit se souscrire aux indicateurs universels permettant de scanner le niveau de la gouvernance dans les domaines de la vie nationale. C?est dans cette veine que le conseil présidé par Mohamed Seghir Babès s?est rapproché de l?institut de la Banque mondiale (BM) pour l?aider à intégrer cette démarche d?investigation dans ses futures évaluations de la gouvernance en Algérie. Pour notre pays, le séminaire organisé hier par les deux institutions constitue en quelque sorte un des premiers pas dans le long chemin qui mène vers ce sacro-saint principe qu?est la bonne gouvernance. On n?en est pas encore là, mais le Cnes ne veut pas rester amateur en la matière. Organisme public le plus progressiste dans ses analyses et rapports sur le développement en Algérie, le conseil tente ainsi de se mettre à niveau de ce qui se fait ailleurs en termes d?évaluation des politiques publiques. « Il faut endogéneiser ces standards internationaux d?évaluation, l?Algérie n?utilise pas ces instruments universels édictés par l?institut de la Banque mondiale. Il va falloir construire un système d?évaluation national rigoureux qui prenne en considération les normes internationales. » M. Babes semble parfaitement emballé par cet idéal de faire de son organisme la locomotive de la transparence, de la rigueur et de l?honnêteté. A-t-il les coudées franches ? « Il y a une réelle volonté politique d?aller de l?avant, et la meilleure preuve, c?est l?organisation de ce séminaire avec la Banque mondiale ! » Mais pour y arriver, le président du Cnes invite la presse, les ONG, les syndicats, les entreprises et les universités à s?investir dans la démarche pour secouer le cocotier. La bonne gouvernance est l?affaire de tous ! déclare-t-il aux journalistes. Quid des rapports accablants de certaines puissantes ONG sur l?Algérie, à l?image de ceux de RSF, Human Rights Watch, Amnesty International et Transparency International ? Réaliste, le président du CNES n?a pas voulu succomber à la tentation de diaboliser ces organisations que le pouvoir s?échine à couvrir de tous les noms d?oiseaux pour les discréditer aux yeux de l?opinion et par là même remettre en cause leurs évaluations. « On ne peut pas cacher le soleil avec un tamis », ironise-t-il, précisant qu?il faut adopter les mêmes instruments d?évaluation de ces ONG pour pouvoir faire nous-mêmes notre autocritique. C?est pourquoi Mohamed Seghir Babes s?est engouffré dans le système des Nations unies à travers le PNUD pour amorcer cette mise à niveau des mécanismes d?évaluation. Il est fier de ce que le dernier rapport du Cnes sur le développement humain en Algérie, pondu en février dernier en collaboration avec le PNUD, ait été bien noté par tous les organismes internationaux. Mohamed Seghir Babes est convaincu que c?est en se rapprochant des standards universels de l?évaluation que la position de l?Algérie pourrait évoluer sur la carte mondiale de la gouvernance. Les limites du dispositif De la bonne gouvernance. Edouard Al Dahdah, l?un des experts de l?institut de la Banque mondiale dépêché hier à Alger pour exposer les indicateurs de la gouvernance, n?a pas manqué de souligner certaines lacunes, voire certaines limites du dispositif d?investigation sur la base duquel est décidé le catalogage des pays en haut ou en bas de l?échelle. « Il n?y a pas forcément de rapport de causalité entre le développement et la bonne gouvernance », a-t-il concédé, affirmant qu?un pays qui dispose de meilleurs revenus n?assure pas nécessairement une meilleure gouvernance. Cela est d?autant plus vrai s?agissant de l?Algérie qui sommeille sur des milliards de dollars pendant que le citoyen cherche désespérément à mettre la main sur un? sachet de lait. C?est à juste titre d?ailleurs que le psychanalyste Nordine Toualbi, auteur de L?ordre et le désordre, a soulevé la question de la légitimité politique. Mme Kharadja, présidente du mécanisme national d?évaluation par les pairs, a, elle, brandi le particularisme des pays en mettant en avant les spécificités culturelles de chacun, pour rejeter les rapports pas toujours positifs des organismes internationaux. « Universalité, c?est souvent occidentalité ! », s?était-elle écriée. L?expert de la BM réplique que les erreurs d?évaluation de son institut sont « des exceptions et non pas des règles ». En bon modérateur, le président du Cnes coupera la poire en deux en appelant doctement « à ne pas disqualifier le système d?évaluation international et de tenter une synthèse avec les spécificités pour arriver à un construire système d?évaluation national ». M. Babes promet en tout cas que les futurs rapports du Cnes sur la bonne gouvernance seront « paramétrés ».


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