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Europe Suisse



Europe Suisse
Avec le vote suisse sur «l'immigration choisie» appliquée également aux Européens, les dirigeants de l'Union européenne (UE) découvrent, subitement, l'injustice de la politique de tri des flux migratoires. Ils viennent de répliquer avec une première sanction.Les réactions officielles des responsables européens au résultat de la votation (référendum populaire) suisse sur la question migratoire s'apparentent à un vrai «bal des hypocrites». A Bruxelles comme à Berlin, Paris ou Londres, les plus hauts responsables politiques dénoncent avec force le vote des citoyens suisses qui donne liberté à leur gouvernement fédéral d'opter pour une «immigration choisie», alors que l'UE a adopté ce même principe «d'immigration choisie» depuis 2009 qui conditionne et limite (donc choisit) le droit aux travail de citoyens des pays de l'Est européen, pourtant membres de l'UE. L'Union européenne a, en effet, adopté le principe dit de la «Carte bleue» en 2009 qui consiste à limiter l'arrivée de migrants de pays-tiers et de pays de l'Est européens, pourtant membres de l'Union, aux seules personnes qualifiées et dont le pays d'accueil a besoin pour son économie. En réalité, le vote suisse (à 50, 03) n'est pas plus immoral et outrageant que la loi sur «l'immigration choisie» de l'UE. Pourquoi alors un tôlé des responsables européens ' Parce que les Suisses souhaitent appliquer le principe de «l'immigration choisie» à tous, y compris donc aux Européens. Ce sont des pays comme la France, l'Allemagne et l'Italie, c'est à dire les pays frontaliers de la Suisse qui seront touchés en priorité par la future loi suisse. Ils sont des centaines de milliers (1,5 million en tout) implantés et travaillant en Suisse. Le pays souhaite, dorénavant, faire le tri, sélectionner et choisir les nouveaux prétendants à un travail en Suisse. Ce que fait et applique, exactement, l'UE au travers de sa loi de 2009 pour les pays-tiers. C'est ce qui explique aussi que la levée de boucliers contre la Suisse est menée, précisément, par la France, l'Allemagne et l'Italie, soit les voisins immédiats de la Confédération Helvétique. L'exemple de la France illustre à souhait l'hypocrisie européenne. Et pour cause ! Faut-il rappeler que c'est ce pays, la France, qui a lancé dès 2007 l'offensive au sein des Institutions européennes (Parlement, Conseil et Commission) pour forcer l'Europe à adopter le principe de «l'immigration choisie» ' C'est l'ex-président français, Nicolas Sarkozy, qui avait mis à l'orde du jour le concept «d'immigration choisie» lorsqu'il était ministre de l'Intérieur sous le mandat de Jacques Chirac, et en a fait son thème de campagne électorale en 2007. Mais il n'est pas le seul puisque la politique du choix migratoire était dans le glossaire du droit français au travers de la loi du 26 novembre 2003. Elle fut complétée par la loi de juillet 2006. Arrivé au pouvoir en mai 2007, Nicolas Sarkozy a poussé immédiatement l'UE dans sa logique. Cette dernière a suivi sans trop d'opposition, brisant les derniers «tabous» qui la gênaient. En vérité, une majorité d'Etats membres s'abrite derrière les différents votes et directives des Institutions européennes (Commission et Parlement) pour varier leurs politiques migratoires en fonction de l'état de leurs opinions publiques. Le débat sur la question migratoire est sensible, vif et souvent utilisé à des fins électorales. Du coup, la confusion régne dans l'interprétation des lois et directives européennes par les Etats membres. Pour forcer le trait sur le vote suisse, les responsables politiques européens et les médias s'accrochent désespérément à la sémantique et au vocabulaire suisse : «immigration de masse», insiste-t-on. Quelle honte que d'employer de tels termes pour parler d'êtres humains ! C'est que dans le vocabulaire suisse, cela ne signifie rien d'autre que «maitrise du flux migratoire», avec en sus, son application aux citoyens européens. Le reste des pays européens et leurs dirigeants politiques, de gauche comme de droite, emploient les termes savants et polis comme «maitrise de l'immigration» pour ne pas dire «immigration de masse», avec la différence de l'application du tri aux seuls migrants de pays -tiers, non européens et quelques variantes pour les citoyens des pays de l'Est européen. Autrement dit, l'UE s'arroge le droit de faire le tri à ses frontières, vider les pays-tiers du peu de compétences qu'ils possèdent avec des mesures incitatives, mais refuse qu'un pays non membre de l'UE, un pays-tiers rappelons-le, la Suisse, puisse faire de même. L'UE menace la Suisse de «sanctions» en lui limitant l'accès et les facilités d'échanges économiques contenues dans une centaine d'accords bilatéraux. La première salve contre la Suisse vient d'être tirée : la Commission européenne a annoncé, lundi dernier, la suspension de l'accord de coopération scientifique et éducative avec la Suisse. C'est à dire la suspension des crédits affectés à la recherche euro-suisse dans le domaine universitaire et l'exclusion des étudiants suisses du programme européen «Erasmus» (finacement de séjours d'étudiants dans un autre pays européen que le leur). Cette politique imposée, l'Europe l'applique depuis 2008-09 aux Africains au travers des fameux accords de partenariat économique (APE). Ces APE «forcent» les pays africains à libéraliser et à ouvrir totalement leurs marchés pour accueillir la production européenne, sans contrepartie, ne serait-ce qu'une facilitation des visas touristiques pour les Africains. Pire, les Européens en rajoutent une couche en «débauchant» les compétences africaines dont ils ont besoin. Au final, les Européens copient les USA et le Canada par exemple, qui, eux, affirment clairement et sans hypocrisie ou complexe, leur préférence d'une «immigration choisie» depuis des décennies. La «Carte bleue» européenne n'est rien d'autre que l'équivalent de la «Green card» ou carte verte des USA. La différence est que les Américains et les Canadiens l'assument, alors que l'Europe le cache. Si la décision suisse est condamnable sur le principe parce qu'elle «trahit» un accord signé avec l'UE, elle n'est pas si différente de l'attitude, au fond, de l'UE vis-à-vis de certains pays de l'Est européen. Quant aux pays-tiers, la politique migratoire de l'UE est injuste, discriminatoire et aussi immorale que celle que vient d'adopter la Suisse. L'Union européenne vient de découvrir l'effet d'une gifle politique qu'elle use souvent en direction de pays plus faibles et auxquels elle impose des politiques de coopération injuste.




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