Algérie

Euro, dollar et import-import



Un euro pour presque un dollar et demi. Il y a unearithmétique implacable qui grève les recettes pétrolières de l'Algérie, que leministre de l'Energie semble relativiser plus qu'il n'en faut. La cotationsupérieure du Sahara Blend est une donnée qui ne dépend pas de la fluctuationdu dollar. Au demeurant, cette bonification de 2 ou 3 dollars pour le pétrolealgérien ne compense pas l'ampleur de la dépréciation, à plus forte raisonquand une grande partie des importations est libellée en euros.Cela pose un vrai problème de gestion des réserves dechange qui se déprécient tendanciellement. Des analyses, plutôt conservatrices,estiment que pour retrouver le pouvoir d'achat du pétrole à 40 dollars de 1980,il faudrait que le baril soit vendu aujourd'hui à plus de 100 dollars.A cette baisse, il faudra ajouter la détériorationaccélérée des termes de l'échange. Non seulement les prix des produitsmanufacturés connaissent une hausse constante, quelle que soit la monnaie defacturation, mais on constate aussi que les prix des produits bases, notammentalimentaires, ont crû de manière spectaculaire. La dépréciation du dollar porteun coup supplémentaire au pouvoir d'achat des exportateurs de pétrole.Signe que les choses sont sérieuses, de nombreux pays duGolfe oeuvrent à équilibrer leurs réserves de change en augmentant la partd'euros. Le patronat privé algérien considère que l'appréciation de l'euro estune « calamité » pour l'économie du pays et préconise une orientation vers lazone dollar. Même si les Chinois commencent à être présents, cetteréorientation est plus facile à dire qu'à faire puisque notre commerceextérieur se fait, pour deux tiers au moins, avec les pays de l'Union européenne.De ce point de vue, Chakib Khelil a raison: on ne changepas du jour au lendemain de fournisseur. La diversification des sourcesd'approvisionnement est une réponse possible mais elle n'est pas la panacée. Ily a des raisons structurelles: si le dinar se déprécie fortement par rapport àl'euro, c'est que tout simplement il est accroché au pétrole (98% des recettes)et donc au dollar. Comme on voit mal l'Opep « oser » abandonner la référence àla monnaie américaine, la boucle paraît presque bouclée. Il ne reste qu'àréfléchir sur ce que cette situation aurait dû provoquer « normalement ».La hausse du prix de l'euro - et donc des produits venduspar les Européens - devrait en bonne logique décourager les importations etstimuler la production nationale. Mais cela suppose l'existence préalable d'unepolitique publique volontariste d'incitation à la substitution desimportations. Curieusement, ou « anormalement », on n'entend parler que dediversifier les sources d'importation mais pas de « substitution » del'importation.Les importateurs sont-ils si bien incrustés au pouvoir etdans les esprits au point que même au niveau de la réflexion économique, onn'envisage qu'un changement de la zone d'import ?


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