Algérie

Euro, chiffres et démocratie'



L'euro, cette monnaie qui nargue notre dinar, a de sérieux soucis à se faire? On l'a vu avec Chypre en 2013, la Grèce en 2015, on le voit actuellement avec l'Italie, qui nous rend visite par l'entremise de son Premier ministre, Guiseppe Conte. Et, s'il a annoncé la couleur de sa visite depuis Tunis, à savoir l'immigration et le business, c'est surtout son projet de budget 2019 que la Commission européenne a retoqué récemment qui est, en réalité, sur toutes les lèvres. Une question explosive pour l'avenir de l'euro se pose.Qui aura le dernier mot, la coalition italienne «populiste-extrême droite» ou les technocrates de l'exécutif européen ' Pour la coalition, la réponse ne fait aucun doute. Elle a reçu un mandat pour mettre en ?uvre ses promesses, et dussent-elles être en contradiction avec les normes communautaires, sa pizza aura toujours le goût local. Pour l'exécutif européen, soutenu par la majorité des gouvernements de la zone euro, le son de cloche est différent. «L'Europe fonctionne selon des règles préétablies. Les nouveaux gouvernements doivent respecter la parole de ceux qui les ont précédés», a martelé Jean-Claude Juncker, son président. De plus, pour accroître la pression sur Rome, le même Juncker a affirmé que «si l'Italie veut un traitement particulier, cela signifierait la fin de l'euro». En fait, c'est un problème démocratique qui sous-tend derrière le pouvoir européen de contrôle des budgets nationaux et la règle des 3% du PIB de déficit budgétaire à ne pas dépasser. Un problème démocratique, car ni la Commission européenne, et encore moins cet «Euro groupe», l'instance où siègent les ministres des Finances de la zone euro, ne sont responsables devant aucun Parlement, qu'il soit européen ou national.
Autrement dit, la volonté du peuple italien se retrouve cadenassée par un pouvoir technocratique qui n'a de comptes à rendre qu'à lui-même. On comprend alors pourquoi ça grogne un peu partout en Europe, et pas que, sur les questions identitaires. Les pouvoirs d'achat, l'emploi, les retraites et le social en général, font le lit, actuellement, des divers mécontentements populaires en Europe. Or, toutes les révolutions démocratiques, leur ressac, leurs remous, leurs tourbillons sont nés de la volonté des peuples de contrôler les impôts et les dépenses publiques. Une conquête que l'UE veut leur confisquer en grande partie. Aussi, le choc qui s'annonce entre la Commission européenne et Rome se joue donc sur la question démocratique et non sur celle des chiffres. Que la Commission affirme que la nouvelle majorité est tenue par les engagements du précédent gouvernement confirme bien que, pour elle, les droits démocratiques des citoyens sont du pipeau en zone euro. Curieux pour une Europe qui se targue d'être, avant tout, démocrate. Mais apparemment, dès qu'il s'agit de blé, de monnaie unique, pas de place à la sérénade démocratique. Les chiffres sont plus importants.
En se focalisant sur un chiffre, celui du déficit budgétaire, elle prend le risque d'un rejet de l'euro par les Italiens, et la majorité des populations européennes qui, contrairement à ce qu'elle croit, sont attachés à leurs droits démocratiques. Pour nous et l'Italie, ça baigne dans l'huile depuis 2003 et le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération. Une coopération bilatérale d'un intérêt crucial et commun au niveau méditerranéen avant tout. L'intérêt européen, lui, ça dépendra d'une bonne pizza napolitaine, et d'un euro qui ne cesse de jouer au yoyo?


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