Algérie

Euphorie et crainte



Le pouvoir politique a mobilisé, avec l?argent du contribuable, tous les moyens d?intendance, de logistique et de médiatisation pour la réussite de cette campagne dite d?« explication » du projet de la charte pour la réconciliation nationale qui sera soumis au référendum le 29 septembre. Mais dans cette ambiance euphorique et qui frôle parfois la cacophonie, se cache la crainte de l?échec cuisant : dans les sphères dirigeantes, on s?est investi dans un battage sans précédent, mais derrière la vitrine, il y a une grosse crainte de l?abstention. Rien n?est laissé au hasard, tout a été étudié et mis en place pour frapper les esprits et inciter le plus grand nombre d?Algériens à aller se prononcer devant l?urne tout en leur indiquant la voie à suivre. Ainsi, en mettant pratiquement tout l?Exécutif, à sa tête le chef du gouvernement, au service de cette campagne, le Pouvoir montre qu?il met toutes les chances de son côté pour obtenir une adhésion massive et sans concession à sa démarche. Cette offensive préélectorale sans concurrence et sans discussions de fond nous rappelle curieusement les envolées démagogiques des années de plomb pendant lesquelles les orateurs politiques (ils étaient tous FLN à l?époque) disaient tout ce qu?ils voulaient à une assistance passive, réduite à acquiescer, à applaudir et priée de ne pas oublier son devoir de citoyen. Nos ministres ne font pas exception en battant le pavé avec un zèle rarement égalé. C?est que l?enjeu reste le même dans une Algérie qui s?est certes débarrassée entre-temps de la dictature du parti unique, mais sans parvenir à se doter d?un système véritablement démocratique où le contre-pouvoir s?avère aussi fondamental que le pouvoir lui-même. Celui de maintenir la prédominance outrancière du gouvernant sur le gouverné sans donner la possibilité à ce dernier de livrer le fond de sa pensée. Nous sommes dans le même cas de figure aujourd?hui. Il est donc impératif de dire oui à la charte pour éviter d?être taxé d?opposant à l?unique solution de paix qui reste pour sortir le pays de sa crise. Le discours officiel répercuté par la télé et repris par les membres du gouvernement et tous les partis qui fraient dans la périphérie du Pouvoir n?a pas fait dans la dentelle en mettant les électeurs devant cette alternative. C?est une façon de jouer avec les sentiments d?une majorité qui ne retient des slogans qu?on lui livre que la forme la plus clinquante. Bien sûr que les Algériens dans leur totalité sont pour la paix et la stabilité de leur pays et d?aucuns ne se retiennent pas pour le clamer haut et fort. Mais de quelle paix s?agit-il et surtout à quel prix ?


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