Algérie

Etudiants, le fer de lance



Pour leur courage et leur implication sans faille dans le mouvement populaire, nos étudiants entreront dans l'histoire : ils ont saisi l'importance du moment que traverse le pays qui est le passage d'un ordre ancien inique et oppresseur vers un ordre nouveau prometteur et clément, juste et fécond. Rien ne les arrêtera, surtout pas la répression qui ne fera qu'exacerber leur détermination.Ils savent que leur futur est en train de se construire et qu'ils ne sont pas seuls : la population bat le pavé tous les vendredis depuis le 22 février, avec force, sans relâche, toujours avec pacifisme. Du hirak, les étudiants puisent toute leur énergie et leur raison d'être, c'est une rencontre historique inédite et phénoménale entre le peuple et son élite intellectuelle. Elle se déroule sous nos yeux et ceux du monde entier admiratif.
Cette osmose est le meilleur rempart contre toutes les velléités de retour en arrière et contre les man?uvres visant à vider de sa substance cet élan révolutionnaire. S'il y a une erreur stratégique commise par les décideurs actuels, l'armée principalement, c'est de n'avoir pas saisi cela ou de l'avoir sous-estimé. Les étudiants ont pourtant une longue tradition de lutte, les lycéens qui ont rejoint les moudjahidine au maquis et les diplômés qui ont choisi de servir l'Algérie combattante, tournant le dos à l'Algérie coloniale.
Contre les régimes oppresseurs en place depuis l'indépendance, ils n'ont jamais baissé les bras. Organisés au sein de l'UNEA (Union nationale des étudiants algériens), ils ont dit non au régime Boumediène, à ses déviations et excès, puis ont fourni l'essentiel de la sève combattante du mouvement amazigh sous Chadli Bendjedid. L'université de Tizi Ouzou a été un bastion dans la lutte pour l'identité berbère.
Les étudiants se sont pleinement engagés dans le soulèvement d'Octobre 1988, en dépit de la féroce répression qui s'est abattue sur eux. Dans la lutte contre le terrorisme des années 1990, ils ont traqué sans relâche les islamistes dans les campus universitaires et les facultés ainsi que les organisations estudiantines qui leur servaient de couverture. Le verrouillage des facultés durant les deux décennies Bouteflika n'a pas empêché l'apparition de luttes sporadiques et cela partout dans le pays.
Aujourd'hui que la chape de plomb de l'ancien régime a disparu, le monde étudiant renoue massivement avec la contestation, se gardant de céder aux provocations et aux actions répressives, tout en s'érigeant en force de proposition. Car s'il faut contester l'ordre ancien et les velléités de le reconduire, il s'agit également de poser les jalons politiques et autres de l'avenir du pays. Les universités sont devenues des laboratoires d'idées, d'analyses et de propositions (feuilles de route).
Les étudiants sont dans leur rôle d'intellectuels avec le soutien et l'engagement de leurs enseignants dont l'apport est indéniable dans le processus révolutionnaire en cours dans le pays. Dès le début, les enseignants universitaires s'y sont impliqués par leur participation physique et directe au hirak, mais aussi par la réflexion théorique sur ce moment historique marquant dans le pays. Aucune force ne pourra endiguer ce flux tumultueux qui sort des universités, car il s'inscrit dans l'histoire en mouvement de la nouvelle Algérie. Aux décideurs d'en tenir compte.


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