Étude des caractéristiques dendrométriques et productivité du chêne-liège de la forêt de Hafir (région de Tlemcen, Algérie occidentale

Introduction
Le chêne-liège est une essence forestière typiquement méditerranéenne très importante sur le plan écologique et socio-économique. C’est l’un des seuls arbres au monde à supporter l’enlèvement périodique de l’écorce qui protège son tronc. Cette écorce aux propriétés technologiques originales constitue le liège, matière première recherchée par l’industrie (bouchons, parquet, isolation thermique et phonique) et l’artisanat. C’est une ressource naturelle renouvelable sous réserve du respect des règles de subériculture (Lombardini 2002). En Algérie, le chêne-liège est essentiellement cantonné dans le nord du pays où il couvre 440 000 ha depuis l’Oranais jusqu’à l’extrême nord-est du pays. Entre 2001 et 2011, les 230 000 ha de suberaies ont produit en moyenne 7 000 t/ an alors que pour la période 1964-1975, la production moyenne annuelle était de 15 000 tonnes/ an (statistiques de la DGF 2011). La diminution de la production des forêts de chêne-liège en Algérie et dans le bassin méditerranéen en général est signalée par plusieurs auteurs, qui l’attribuent aux incendies, au surpâturage et aux aléas climatiques (Yessad 2000 ; Aafi et al. 2005 ; Silva & Catry 2006). La forêt de Hafir est constituée essentiellement d’un peuplement de chêne-liège en mélange avec d’autres essences forestières, notamment le chêne vert (Quercus rotundifolia

Lam.) et le chêne zéen (Quercus faginea

subsp. Tlemcenensis A. DC.), avec quelques plantations de pin d’Alep (Pinus halepensis

Mill.) et de cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica

Manetti). Cette forêt montagnarde représente, par sa position écologique, un élément essentiel dans l’équilibre physique, biologique, climatique et socio-économique de la région de Tlemcen. Elle est considérée comme étant un milieu de production subéreuse et fourragère, mais aussi un espace de détente pour les visiteurs de la forêt. Ce rôle multifonctionnel de la forêt de Hafir est déterminant et cette dernière mérite d’être inventoriée et préservée. En effet, la connaissance des caractéristiques dendrométriques des peuplements forestiers constitue une base fondamentale de la sylviculture et de l’aménagement forestier, ainsi que de l’exploitation des produits forestiers. L’évaluation de la production subéreuse est indispensable dans l’appréciation de l’état actuel des peuplements de chêne-liège de la zone d’étude. L’inventaire des suberaies naturelles de la wilaya de Tlemcen a été peu abordé, à l’exception de quelques études descriptives du patrimoine forestier consacrées au massif Hafir-Zariffet, monts de Tlemcen (Boudy 1955 ; Berrichi 1993). Plus récemment, Letreuch-Belarouci (2002) a étudié le processus de dégradation de la suberaie du parc national de Tlemcen et son impact sur la diversité floristique. L’objectif de cette étude est donc d’estimer la production subéreuse de la forêt de Hafir, en identifiant les différentes caractéristiques dendrométriques pertinentes. Les conditions stationnelles des placettes d’échantillonnage semblent jouer un rôle déterminant dans cette production. C’est pourquoi nous nous sommes attachés à caractériser les principaux facteurs environnementaux de ces placettes.