Algérie

Être «Président» !



Le poste de président de la République (ou de chef de l'Etat) est le plus haut poste de la hiérarchie des décideurs. Dans (presque) tous les pays du monde, du plus démocratique au plus autocratique.Y arriver n'est pas une mince affaire, et il faut passer par des épreuves connues des seuls initiés des affaires du «pouvoir profond». Aux Etats-Unis d'Amérique par exemple, que l'on soit noir, blanc ou rouge ou jaune, nul ne peut émerger s'il n'émarge (lui et ses promoteurs ou protecteurs) sur les registres (multiples, au moins deux, le démocrate et le républicain) des cercles du «complexe militaro-industriel». En France, sur les registres (multiples, au moins deux, le socialiste (écolo y compris) et le libéral) des cercles du «complexe médiatico-financier ». En Algérie, sur le registre (unique et c'est une tradition bien ancrée depuis 62 ) de la «famille révolutionnaire» élargie, depuis les années 90 et 2000, jusqu'au Hirak et fin 2019 au complexe, osons le mot, «politico-affairiste». Dans certains pays en développement terriblement bananiers, sur le registre des copains de caserne ou des camarades d'école ou de lycée, quand ce ne sont pas les épouses, les fils, les frères, les gendres ou les cousins de la tribu. Encore que cela ne paie plus, les réseaux sociaux et les fake news» faisant des ravages en jouant, à tort ou à raison, le rôle de garde-fous»!
Mais, heureusement, il y a le reste des postes présidentiels.
D'abord , le poste de Pdg, Président-directeur général ! Très convoité et ce pour plusieurs raisons : au niveau du contenant, il charrie avec lui tout un lot d'avantages et de fantasmes. D'abord, Président comme le Président, et ce n'est pas peu, puis Directeur, ce qui vous donne le droit de commander et d'orienter (les gens et les biens et le traiteur du coin) sans partage et surtout, surtout, Président Directeur… G.é.n.é.r.a.l. Ni major, ni de corps d'armée, ni d'armée, mais tout de même Général. Un autre fantasme !
Au niveau du contenu, c'est du «trois en un» garanti pur délice, surtout si vous êtes à la tête d'une entreprise économique ou commerciale publique qui a des ressources et qui n'est visitée par les contrôleurs de la tutelle que tous les 36 du mois.
Ensuite, le poste de simple président. Tout y passe. Djib bark ! Organisation, comité, association, club, parti politique, tout est bon.
On a donc assisté, ces dernières décennies, à une course effrénée au poste de Président. Pas Secrétaire général. P.r.é.s.i.d.e.n.t ! On ne sait pas exactement pourquoi tout le remue-ména(in)ge (s). Certains observateurs assurent que c'est parce que PRESIDENT cela sonne bien et que, devant le naufrage des entreprises publiques économiques et industrielles dont il ne reste plus rien à «plumer», entraînant du même coup la dévalorisation du titre de Dg, on se rabat sur un titre désormais très coté au «top» des postes d'(ir-)responsabilité, presque intouchable.
D'autres avancent l'existence d'un virus issu de «l'air du temps», le tintamarre médiatico-politique qui accompagne et suit les multiples élections ayant, en quelque sorte, contaminé les gens. La «présidentialité» aigüe ! Une incurable maladie.
Les luttes les plus sanglantes ont commencé d'abord au niveau des APC et, étonnant, pas au niveau des APW. Problèmes de terrain (s) plus fertile (s) '
Ensuite, elles se sont propagées pour toucher les associations et autres Ong, tout particulièrement celles dites nationales, les gens ambitieux boudant généralement les associations de proximité où, après avoir démarré à douze, on se retrouve au bout de quelques mois seul à gérer, tout en étant critiqué.
Il n'y a pas une association nationale ou organisation qui n'ait eu ses «redresseurs» voulant chasser le président en poste.
Enfin, et c'est le «must» des postes présidentiels, il y a la course pour les postes de Président d'un club, sportif si possible au sein duquel le football est roi.
Les partis politiques ne sont pas absents de la scène.
Partout, on se bat donc comme des chiffonniers pour le poste de Président, même si cela n'est fait que d'«emm… », de coups bas et d'«enfants dans le dos».
Le sport ' Le champ le plus labouré ! On a vu (et on ) voit donc de tout dans le starting-block : des anciens joueurs, des soi-disant anciens joueurs, des anciens ministres, des «fils de famille» escrocs, des escrocs à la recherche d'une famille, des limonadiers, des marchands de voitures, des généraux et des colonels à la retraite, des vendeurs d'eau, des entrepreneurs, des syndicalistes, des médecins, des charlatans, des transporteurs, des émigrés, des «double-nationalité», des fonctionnaires en poste, des promoteurs immobiliers, des fonctionnaires retraités, des vieux, des tout jeunes, des businessmen, des syndicalistes, des banquiers, des hommes d'affaires, des affairistes, des ex-députés, tous porteurs d'espoirs (ceci dit pour les supporteurs et pour le comptable du club), mais tous dévorés par l'ambition de réussir à transformer un club (ou, demain, un parti politique), peut-être minable, en Champion ou en détenteur de la Coupe d'Algérie et, pourquoi pas de la Coupe des clubs champions (arabes c'est mieux et ça rapporte. Africains, ça l'est un peu moins, mais c'est à prendre). Du même coup, on est à la Une des journaux, au Jt de 20 heures et… et, pourquoi pas, grâce à la foule , admirative des succès enregistrés, et que vous «contrôlez bien», pour ne pas dire «manipulez» quand il le faut, surtout en phase de succès, on peut se permettre bien des caprices : menacer de partir, démissionner, revenir sur sa décision, menacer de boycotter, exiger, fustiger les instances nationales, insulter les arbitres, virer les entraîneurs au moindre pépin, bloquer la circulation, saisir les instances internationales, devenir député ou sénateur (pour l'immunité pour ce qui concerne les «voyous» infiltrés ou exfiltrés), on peut se rapprocher des «grands décideurs» et, sublime conquête, du «grand Sachem». Les retombées sont alors multiples car vous faites partie, désormais, de la nouvelle classe (''') des personnes influentes dans ce pays. Si ce n'est pas votre fortune et vos affaires locales qui s'en trouveront grandement améliorées, ce sera, certainement, peut-être, si vous avez un dos bien souple et une amulette d'on ne sait quelle «zaouïa», une carrière politique qui vous ouvrira les bras : député, sénateur au minimum et, pourquoi pas, ministre, ambassadeur, représentant au sein d'une organisation internationale. Ce qui est sûr, et c'est ça le plus important, vous serez de toutes les mondanités, de toutes les fêtes et, surtout, couvert par une immunité certaine, de tous les «coups». Les grands et les petits. Les tordus et les bas. En attendant la prochaine «réforme » ou le prochain «redressement», ou les prochaines élections. Et, en espérant éviter on ne sait quel procès !


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