Le poste de
président de la République (ou de Chef de l'Etat) est le plus haut poste de la
hiérarchie des décideurs. Dans tous les pays du monde, du plus démocratique au
plus autocratique.
Y arriver n'est
pas une mince affaire, et il faut passer par des épreuves connues des seuls
initiés des affaires du «pouvoir profond». Aux Etats-Unis d'Amérique par
exemple, que l'on soit noir, blanc ou rouge ou jaune, nul ne peut émerger s'il
n'émarge (lui et ses promoteurs ou protecteurs) sur les registres (multiples,
au moins deux, le démocrate et le républicain) des cercles… du «complexe
militaro-industriel». En France, sur les registres (multiples, au moins deux,
le socialiste et le libéral) des cercles... du «complexe médiatico-financier».
En Algérie, sur le registre (unique…et c'est une tradition bien ancrée depuis 62 ) de la «famille révolutionnaire»… élargie, depuis les
années 90, au complexe… osons le mot, «politico-affairiste».
Dans certains pays en développement terriblement bananiers, sur le registre des
copains de caserne ou des camarades d'école ou de lycée, quand ce ne sont pas
les fils, les frères, les gendres ou les cousins de la tribu… Encore que cela
ne paie plus !
Mais,
heureusement, il y a le reste des postes présidentiels.
D'abord, le poste
de Pdg. Président-directeur général ! Très convoité
et ce pour plusieurs raisons : Au niveau du contenant, il charrie avec lui tout
un lot d'avantages et de phantasmes. D'abord, Président… comme le Président, et
ce n'est pas peu, puis Directeur, ce qui vous donne le droit de commander (les
gens et les biens…et chez le traiteur du coin) sans partage, et surtout,
surtout, G.é.n.é.r.a.l. Ni major, ni de corps
d'armée, mais tout de même Général.
Au niveau du
contenu, c'est du «trois en un» garanti pur délice, surtout si vous êtes à la
tête d'une entreprise économique ou commerciale publique qui a des ressources
et qui n'est visitée par les contrôleurs de la tutelle que tous les 36 du mois.
Ensuite, le poste
de simple président. Tout y passe. Djib bark ! Organisation, comité, association, club, parti
politique, tout est bon.
Depuis un peu
plus d'une dizaine d'années, c'est une course effrénée au poste de Président.
Pas Secrétaire général. P.r.é.s.i.d.e.n.t ! On ne
sait pas exactement pourquoi tout le remue-ménage. Certains observateurs
assurent que c'est parce que PRESIDENT cela sonne bien et que, devant le
naufrage des entreprises publiques économiques et industrielles dont il ne
reste plus rien à «plumer», entraînant du même coup la dévalorisation du titre
de DG, on se rabat sur un titre désormais très coté au «top» des postes d'(ir-) responsabilité, presqu'intouchable.
D'autres avancent
l'existence d' un virus issu de «l'air du temps»… le
tintamarre médiatico-politique qui accompagne et suit
les multiples élections ayant, en quelque sorte, contaminé les gens. La «présidentialite» aigüe ! Une
incurable maladie.
Depuis près de
dix ans donc, on se bat comme des chiffonniers pour le poste de Président… même
si cela n'est fait que d'«emmerdes», de coup bas et d' «enfants dans le dos».
Les luttes les
plus sanglantes ont commencé d'abord au niveau des APC et, étonnant, pas au
niveau des APW. Problèmes de terrain (s) plus fertile (s) ?
Ensuite, elles se
sont propagées pour toucher les associations et autres Ong,
tout particulièrement celles dites nationales, les gens ambitieux boudant
généralement les associations de proximité où, après avoir démarré à douze, on
se retrouve au bout de quelques mois seul à gérer, tout en étant critiqué.
Il n'y a pas une
association nationale ou organisation qui n'ait eu ses «redresseurs» voulant
chasser le président en poste.
Enfin, et c'est
le «must» des postes présidentiels, il y a la course pour les postes de
Présidents d'un club, sportif… si possible au sein duquel le football est roi.
Mais, depuis peu,
avec l'annonce des élections législatives (et la ré- ouverture du champ
politique), la nouvelle loi électorale, l'augmentation des postes de députés…et
l'augmentation des salaires et primes y afférentes, c'est au tour des partis
politiques.
Contentons-nous
du sport, le champ le plus labouré ! On a vu (et on) voit donc de tout dans le
starting-block : des anciens joueurs, des soit- disant anciens joueurs, des
anciens ministres, des «fils de famille» escrocs, des escrocs à la recherche
d'une famille, des limonadiers, des marchands de voitures, des généraux et des
colonels à la retraite, des vendeurs d'eau, des entrepreneurs, des
syndicalistes, des médecins, des charlatans, des transporteurs,… des émigrés,
des «double-nationalité», des fonctionnaires en
poste, des promoteurs immobiliers, des fonctionnaires retraités, des vieux, des
tout jeunes, des businessmen, des syndicalistes, des banquiers, des hommes
d'affaires, des affairistes, des ex- députés,... tous porteurs d'espoirs (ceci
dit pour les supporteurs et pour le comptable du club)… mais tous dévorés par
l'ambition… de réussir à transformer un club (ou, demain, un parti politique),
peut-être minable, en Champion ou en détenteur de la Coupe d'Algérie…et, pourquoi
pas de la Coupe
des clubs champions (arabes c'est mieux et c'est bien vu, africains, ça l'est
un peu moins, mais c'est à prendre). Du même coup, on est à la Une des journaux, au JT de 20
heures… et… et, pourquoi pas, grâce à la foule, admirative des succès
enregistrés, et que vous «contrôlez bien», pour ne pas dire «manipulez» quand
il le faut, surtout en phase de succès, on peut se permettre bien des caprices
: menacer de partir, démissionner, revenir sur sa décision, menacer de
boycotter, exiger, fustiger les instances nationales, insulter les arbitres,
virer les entraîneurs au moindre pépin, bloquer la circulation, saisir les
instances internationales, devenir député ou sénateur (pour l'immunité pour ce
qui concerne les «voyous» infiltrés ou exfiltrés)… on peut se rapprocher des
«grands décideurs» …et, sublime conquête, du «grand Sachem». Les retombées sont
alors multiples car vous faites partie, désormais, de la nouvelle classe (???)
des personnes influentes dans ce pays. Si ce n'est pas votre fortune et vos
affaires locales qui s'en trouveront grandement améliorées, ce sera,
certainement, peut-être, si vous avez un dos bien souple et une amulette d'on
ne sait quel «zaouia», une carrière politique qui
vous ouvrira les bras : député, sénateur au minimum… et, pourquoi pas, ministre,
ambassadeur, représentant au sein d'une organisation internationale… Ce qui est
sûr, et c'est ça le plus important, vous serez de toutes les mondanités, de
toutes les fêtes… et, surtout, couvert par une immunité certaine, de tous les
«coups». Les grands et les petits. Les tordus et les bas. En attendant la
prochaine «réforme» ou le prochain «redressement»… ou les prochaines élections.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Belkacem AHCENE DJABALLAH
Source : www.lequotidien-oran.com