Algérie

«Etranger en mon étrange pays»



Le discours autocritique prononcé par Bouteflika,la semaine dernière, devant le «gratin» de la République a plongédans l'interrogation perplexe aussi bien ses détracteurs que ses laudateurs, dansla classe politique et l'opinion publique. Le personnage n'est certes pas à sapremière «sortie» surprenante et déroutante, mais celle qu'il a effectuée danssa dernière intervention était totalement inédite et donc absolument inattendue.Jamais en effet dans notre pays, le chef de l'Etat en exercice, et qui plus estcrédité de l'intention de se porter candidat pour sa propre succession, n'a oséfaire un réquisitoire aussi acerbe et critique sur le bilan de la politiqueéconomique suivie par l'exécutif gouvernemental sous son autorité etconformément à ses orientations.

Pour les détracteurs du chef de l'Etat, son «aveu d'échec»confirmerait toutes les critiques et mises en garde qu'ils n'ont eu de cessed'émettre contre la gouvernance sans visibilité et sans principes directeurs. Cequi les déroute, c'est le pourquoi de cet accès de «franchise et de sincérité»de la part de quelqu'un qui, récemment encore, portait aux nues sescontributions au redressement national. L'un d'eux, M. Ali YahiaAbdennour, président d'honneur de la LADDH, croit en avoirdécrypté la raison en avançant que Bouteflika a ainsifait comprendre «qu'il ne partirait pas sur un échec et restera pour redresserla situation. Comme il dit que l'opposition n'a plus de place puisque lui-mêmeadopte un discours critique». L'interprétation vaut ce qu'elle vaut, mais n'estpas celle que retient le camp des partisans de Bouteflika.Ici, le sentiment dominant est «l'atterrement». Les propos désabusés, à lalimite défaitistes de leur «héros», à quelques mois de l'électionprésidentielle, seraient la confirmation que pour de multiples raisons, ilaurait finalement décidé de «jeter l'éponge» sur un troisième mandat. Dans legiron du FLN, qui a bâti sa stratégie partisane sur le maintien en 2009 de Bouteflika à El-Mouradia, l'interprétationfait cauchemarder et alimente des jugements peu flatteurs à l'encontre de cedernier.

Bouteflika n'a pas eu tort dans son discours de qualifier «d'étrange»notre pays. Sauf que ce n'est pas pour l'exemple cité par lui que l'Algérie sedistingue dans «l'étrangeté». Elle en mérite la distinction parce que sesdirigeants peuvent commettre toutes les fautes, accumuler les échecs, tout enrestant au pouvoir ou le quitter sans avoir à en rendre compte. Ce qui renvoieau méprisant et provocateur «j'assume» qu'un certain secrétaire général de l'UGTA a asséné devant la cour criminelle de Blida.

De l'avenu même de son Président, l'Algérie sous saconduite est entrée dans le mur. Demander des comptes pour cela, exiger que lesresponsables de cette situation ne soient pas absous, serait, paraît-il, faireacte «inamical». La seule «amitié» que l'on agrée est celle qui s'exprime par«le cirage de pompe» et l'extase devant les «miracles» de nosdémiurges, fussent-il causes de catastrophes nationales.


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