Le chauffeur de taxi musulman, Ahmed Sharif, 43 ans, qui a été agressé à
coups de couteau, mardi dernier, en plein cÅ“ur de Manhattan, a livré un
témoignage poignant devant Michael Bloomberg, le maire de New York qui lui a
rendu visite, hier après-midi, devant l'hôtel de ville. Ahmed Sharif qui vient
de sortir de l'hôpital s'est dit encore sous le choc. «J'ai encore la vision du
couteau quand je ferme les yeux», a-t-il affirmé. La victime affirme avoir été
attaquée en raison de sa religion. «Bien sûr que j'ai été attaqué à cause de ma
religion», a-t-il dit. «Il (l'agresseur) m'a attaqué après avoir appris que
j'étais musulman.» Arborant une importante cicatrice au bras droit et d'autres,
plus discrètes, au visage, au cou et à la main, Ahmed Sharif a expliqué que
Michael Enright, un étudiant de 21 ans, l'avait agressé après lui avoir demandé
s'il était musulman. «Il a fait des blagues sur le Ramadhan et tout ça», a
raconté M. Sharif. Encore ébranlé, le chauffeur de taxi n'a pris la parole que
pendant quelques instants, entouré d'une soixantaine d'autres chauffeurs et de
représentants d'associations de défense des musulmans. L'agression est survenue
vers 18h mardi soir sur la 3e Avenue, dans le centre de l'île de Manhattan.
Après avoir posé quelques questions au chauffeur originaire du Bangladesh, le
jeune étudiant en arts visuels a sorti un couteau et asséné sa victime à
plusieurs reprises à travers la lucarne percée dans la cloison qui sépare les
passagers du chauffeur dans les taxis new-yorkais. Et la victime de témoigner:
«Au début, quand ce jeune client était entré dans la voiture, il était gentil.
Il m'a interrogé: «comment allez-vous? Et j'ai répondu: «je vais bien merci».
Et je l'ai interrogé à mon tour: «Et vous, comment allez vous ?» Il m'a
répondu: «Je vais bien». Puis, soudain, il m'a interrogé : «D'où êtes-vous ?»
J'ai répondu: «Du Bengladesh» Puis, il m'a demandé si je suis musulman? Je lui
ai répondu: «Oui. Je suis musulman». Puis, il m'a dit Salam Alikoum. Je lui ai
répondu «Alaikoum Esalam». Il m'a dit : «Vous êtes en plein mois de Ramadhan.
Qu'est-ce que vous faites ?» Je lui ai dit que «je fais tout ce qu'il y a de
bien». «Puis, il a commencé à offenser le mois sacré du Ramadhan. Il été
agressif et il a commencé à crier et à proférer des insultes avec beaucoup de
haine parce que je suis musulman. Puis, il m'a asséné des coups de couteaux sur
mon bras… le couteau a été profondément ancré jusqu'à l'os», témoigne encore
Ahmed Sharif qui a eu la présence d'esprit de s'arrêter en voyant un policier.
Selon la police, Michael Enright
était en état d'ébriété et incohérent au moment de son arrestation, au point où
on l'a conduit dans un hôpital psychiatrique pour évaluation. Selon la presse
new-yorkaise, l'étudiant avait fait récemment un séjour de cinq semaines en
Afghanistan, où il avait intégré un peloton militaire américain dans le cadre
d'un projet de documentaire. Questionné pour savoir si le projet de centre
communautaire musulman et de mosquée à proximité de Ground Zero peut avoir un
rapport avec l'agression, le chauffeur de taxi a eu cette réponse: «Nous
n'avons pas parlé de la mosquée». La victime est père de quatre enfants, qui
vit dans Queens.
Bhairavi Desai, représentant de
l'Alliance des chauffeurs de taxi - qui compte près de 50% de musulmans dans
ses rangs -, croit que les manchettes quasi quotidiennes et les rumeurs qui
circulent sur le sujet ont créé un climat de peur et de haine dont est
stigmatisée la communauté musulmane. Aliya Latif, du Conseil des relations
américano-islamiques (CAIRE), a pour sa part déclaré que plusieurs incidents à
caractère raciste avaient eu lieu dans les derniers jours. Mercredi, un homme a
proféré des insultes dans une mosquée de Queens avant d'uriner sur des tapis de
prière.
Le maire de New York, qui a
fortement critiqué l'agression, a refusé de spéculer sur le rôle qu'auraient pu
jouer les discussions entourant le projet de mosquée. «Je n'étais pas dans le
taxi», a dit le maire Bloomberg. L'agresseur, Michael Enright, a comparu hier à
la Cour de New York. Il fait face à des accusations de tentative de meurtre et
de crime haineux à la suite de son attaque sur le chauffeur de taxi Ahmed
Sharif. Plus tôt dans la journée, Jason Martin, l'avocat de l'assaillant,
accusé de crime haineux, a déclaré que «l'attaque n'avait aucune connotation raciste».
De son côté, le maire de New York Michael Bloomberg a rencontré la victime
accompagnée de ses 4 enfants à qui il a remis des cadeaux: des teeshirts
portant l'écriteau «j'aime New York» ainsi que des crayons. Le maire a déclaré
avoir assuré le chauffeur de taxi qui exerce cette profession depuis 10 ans,
«que l'appartenance à telle ou telle religion ou ethnie ne saurait faire de
différence dans notre ville». «Je me sens très triste», affirme ce maire qui
soutient fermement le projet de la mosquée à Ground Zero. Plusieurs
associations antiracisme ont dénoncé cette agression. Des responsables
gouvernementaux dont le gouverneur de New York n'ont pas écarté d'éventuelles
autres agressions contre les musulmans à cause du projet de mosquée à Ground
Zero. La ville de New York compte quelque 800 000 musulmans, soit près de 10%
de la population.
Le projet de mosquée près de
Ground Zero suscite un climat haineux dont est victime la communauté musulmane
aux Etats-Unis.
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Posté Le : 29/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amine L
Source : www.lequotidien-oran.com