La banque centrale américaine a laissé ses taux inchangés mercredi au cours de la dernière réunion monétaire présidée par Janet Yellen mais a lancé un (petit) avertissement sur l'inflation qui laisse présager de futurs tours de vis.Le communiqué de la Fed change un peu de ton par rapport à décembre, quand elle avait décidé d'augmenter ses taux d'un quart de point. L'institut monétaire dit désormais s'attendre à ce que l'inflation "remonte cette année pour se stabiliser à moyen terme autour de la cible de 2%".
Une phrase qui va renforcer le sentiment des marchés qu'une hausse des taux d'intérêt au jour le jour, actuellement entre 1,25 et 1,50%, se prépare pour la prochaine réunion monétaire de mars, qui se fera sous la houlette de Jerome Powell, le successeur de la première présidente de la plus influente banque centrale du monde. Les acteurs financiers vont aussi se demander si la cadence de renchérissement du coût du crédit ne va pas s'accélérer avec quatre prochaines hausses pour 2018 au lieu des trois relèvements d'un quart de point de pourcentage prévus jusqu'ici.
La Fed a d'ailleurs remarqué que "les mesures de compensation de l'inflation basées sur le marché ont augmenté ces derniers mois" même si elles "restent basses". L'inflation mesurée par l'indice PCE en décembre était de 1,7% sur un an.
Le Comité monétaire (FOMC) note aussi que l'activité économique a progressé à "un rythme solide", et souligne les "robustes" gains d'emplois de même que les dépenses des ménages et investissements des entreprises.
Le communiqué ne mentionne pas explicitement l'impact du stimulus fiscal adopté par l'administration Trump ni l'optimisme des marchés boursiers qui ont affiché record sur record ces derniers mois.
"Les responsables monétaires paraissent un peu plus optimistes que dans leurs précédents communiqués", a relevé Omer Esiner, économiste pour Commonwealth Foreign Exchange. "Ils ont mentionné que l'inflation allait remonter cette année et de façon notable, ont abandonné la mention que l'inflation allait demeurer sous la cible des 2% à court terme", a-t-il ajouté.
Transition
Les membres du Comité ont voté à l'unanimité pour le maintien des taux lors de cette dernière réunion dirigée par Janet Yellen, 71 ans, qui se retire samedi après quatre ans à la tête de la puissante banque centrale.
La première femme à avoir jamais dirigé la Fed une démocrate qui a passé une grande partie de sa carrière à la banque centrale et avait été nommée par Barack Obama est remplacée par Jerome Powell, un avocat d'affaires et ancien banquier de 64 ans, choisi par Donald Trump. M. Powell n'est pas inconnu des marchés financiers puisqu'il a été gouverneur de la Fed pendant cinq ans et a toujours suivi la politique monétaire prônée par Mme Yellen. Il sera officiellement intronisé demain.
Le gouvernement publie vendredi les chiffres de l'emploi pour décembre. Les prévisions tablent sur un taux de chômage stable à 4,1%, son plus bas niveau depuis 17 ans, et 180.000 créations d'emplois, un chiffre encore soutenu. L'enquête mensuelle de la firme ADP a montré mercredi de solides embauches pour janvier à 234.000, supérieures aux attentes des analystes.
Après une expansion de 2,3% en 2017, l'économie des Etats-Unis devrait afficher une croissance de 2,6% en 2018, selon les prévisions médianes des économistes. Mais le président Donald Trump assure que l'activité peut avancer plus rapidement, bien au-dessus de 3%, grâce aux déréglementations et aux réductions d'impôts sur les sociétés et les revenus même si celles-ci vont coûter près de 1.500 milliards de dollars au budget sur 10 ans.
Selon le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, la réforme de la fiscalité, très favorable aux entreprises dont le taux d'imposition passe de 35% à 21%, vise notamment "à doper la croissance des salaires", a-t-il dit devant une commission du Congrès mardi. Quelque 250 sociétés ont, à la suite de ces mesures, accordé des primes ou augmentations de salaires et trois millions de salariés en ont bénéficié, selon lui.
Tests de résistance bancaires
La Banque centrale américaine (Fed) a publié jeudi les scénarios de ses prochains tests de résistance bancaires auxquels devront se soumettre 38 établissements contre 34 en 2017. UBS et Credit Suisse sont concernés.
Sur les 38 banques soumises aux tests généraux, 20, dont les opérations sont jugées moins complexes, ne passeront que les tests "quantitatifs", à l'instar d'American Express ou la filiale américaine du groupe français BNP Paribas. Le but de ces exercices annuels, mis en place par la loi Dodd-Frank après la crise financière de 2008, vise à déterminer si ces groupes, présentant des risques systémiques en cas de crise, disposent de suffisamment de liquidités.
"Ces tests de résistance permettent de s'assurer que les banques seront en mesure de prêter de l'argent aux ménages et aux entreprises en cas de sévère récession en s'assurant qu'ils disposent d'un capital suffisant pour absorber les pertes", rappelle la Fed dans un communiqué.
Parmi les banques qui devront intégrer dans leurs projections l'éventualité d'un choc mondial des marchés financiers, figurent Bank of America, Citigroup, Morgan Stanley ou encore Wells Fargo. Sept filiales américaines de banques étrangères doivent aussi franchir l'examen: Barclays, BNP Paribas, CIT, Credit Suisse, Deutsche Bank, RBC et UBS.
En outre, 8 banques ayant des activités de courtage devront passer la deuxième phase de tests dont Bank of America, Citigroup, The Goldman Sachs, et Morgan Stanley.
La Fed a concocté trois scénarios économiques: une situation qualifiée de "très négative", une situation "négative" et une conjoncture dite de "référence".
Pour 2018, le scénario relatif à la situation "très négative" est plus sévère que l'année passée. Il est caractérisé par une importante récession mondiale au cours de laquelle le taux de chômage américain va bondir d'au-moins 6 points de pourcentage pour s'établir à 10% accompagné de turbulences sur le marché obligataire.
Chaque scénario se basera par ailleurs sur 28 paramètres tels que le Produit intérieur brut, le taux de chômage ou les taux d'intérêt.
Les banques ont jusqu'au 5 avril pour soumettre leurs plans de distribution de capital. Et la Fed annoncera les résultats d'ici le 30 juin.
En 2017, la banque centrale américaine avait accordé, pour la première fois depuis la mise en place de ces tests annuels, un satisfecit général aux plans de distribution de liquidités des grandes banques.
Le nouveau président de la Fed Jerome Powell, qui doit prendre ses fonctions demain en remplacement de Janet Yellen, a assuré qu'il n'y avait plus de banque "trop importante pour faire faillite" après les efforts de la loi Dodd-Frank qui a imposé des normes de capitaux, de liquidités et des tests de résistance.
Il s'était aussi dit prêt à "ajuster" cette réglementation financière alors que l'administration Trump a fait de l'élagage de la loi Dodd-Frank un de ses chevaux de bataille.
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Posté Le : 04/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mustapha S
Source : www.lemaghrebdz.com