Etats-cannibales et Palestine

Décidément le monde arabe (l'oriental) ne cesse de nous étonner par ses contrastes et autres paradoxes. Encore que pour ceux qui y ont séjourné, il n'y a rien d'étonnant à cela. Choc des cultures et des civilisations ' Non. Plutôt un choc des comportements montrant et démontrant la personnalité schizophrénique d'une bonne partie des habitants.Côté cour, celle ouverte à tous vents, on a les Palestiniens de Ghaza et des territoires occupés, qui sont massacrés, en direct, depuis le 13 avril, par l'armée sioniste et les colons. Déjà plus de 220 morts dont bien des enfants (plus de 60) et des femmes (près de 40), ainsi que des personnes âgées. Et, 52.000 déplacés. Même la presse n'est pas épargnée puisque tout un grand immeuble de Ghaza, abritant une télé internationale (islamiste ') qatarie et une agence de presse américaine (une des plus anciennes au monde), a été totalement détruit par des missiles. Les manifestations de soutien à la cause palestinienne et de dénonciation des massacres ' En dehors des réseaux sociaux, très peu dans le monde arabe bien que pas mal dans plusieurs villes occidentales, certaines autorisées, d'autres interdites, comme à Paris.
Côté jardin, fleuri de palmiers et arrosé d'eau de mer dessalée , le pont-digue du roi Fahd, fermé en mars 2020, long de 25 kilomètres au-dessus du golfe Persique (un bijou architectural, il faut le reconnaître, qui a été financé par l'Arabie saoudite), et reliant Manama (Bahrein) au royaume saoudien (Dahran), s'est trouvé dès lundi 17 mai, juste après la fête de l'Aïd El Fitr, saturé en matinée alors que Ryad avait rouvert ses frontières maritimes et aériennes suscitant une ruée de «vacanciers» vers Bahrein. Mais où allait-elle donc toute cette foule d'hommes, jeunes et vieux ' Tout simplement vers les centres commerciaux, les boîtes de nuit et les hôtels de l'archipel. 2, 9 milliards de dollars attendus comme argent frais par l'économie et le tourisme bahreinis. Marchandises importées, très vieux whiskies (le vin est «haram», du moins publiquement si je me souviens d'un de mes anciens séjours) et, bien sûr, poules de luxe à gogo. Discrétion et sécurité assurés. Le grand défoulement, avec des retours (pour ceux qui n'ont pas les moyens de se payer une chambre d'hôtel permettant de dessaouler et de «récupérer») souvent tragiques avec de grands plongeons dans l'Océan. Contrastes et paradoxes dans un monde ancien, en retard intellectuellement (pour la moyenne générale) de plusieurs siècles voulant vivre (ou rêvant de) dans la modernité la plus avancée, parfois la plus crue. Un monde où, à l'inverse de ce que nous constatons en pays maghrébins (Afrique du nord, assez proche, il est vrai, géographiquement de l'Europe), ce sont surtout des personnes d'un âge certain ou/et d'un certain âge, des adultes qui recherchent, en dehors de leurs repaires, familiaux ou tribaux habituels, des lieux retirés et organisés (pour éviter tout dérapage) de plaisirs, de délices et de liberté. Chez nous, ce sont plutôt les jeunes - jusqu'à trente - quarante ans ' - qui font tout pour émigrer vers les jardins de l'«ailleurs». Donc, hélas, ce ne sont plus des «envies» de personnes déjà obsolètes qui migrent de manière passagère, le temps d'un défoulement, mais bel et bien des jeunes compétences et/ou capacités et des énergies encore longtemps et plusieurs fois renouvelables. Le monde arabe aujourd'hui ' Recroquevillé sur lui-même et quasi-totalement insensible aux malheurs des autres! En raison de régimes politiques rentiers devenus insensibles ou incapables de saisir les désirs et les ambitions de leurs peuples, plus particulièrement les jeunes ' En raison de ce qui est inculqué (ou fourni comme exemple) et de ce qui est vécu ' En raison de l'ignorance par la gouvernance que, désormais, le monde est «fini», devenu un «village global», vibrant au rythme de l'internet et du numérique ' De tout un peu, un peu de tout grignoté par les Etats-cannibales (bien plus dangereux que les carnivores) les racistes il y a peu, les sionistes aujourd'hui. Ainsi que tous les autres «istes».